Arrestations en Turquie : huit personnes relâchées

La police turque a relâché samedi huit universitaires et figures de la société civile arrêtés la veille dans le cadre d'une vague d'interpellations qui ont suscité la préoccupation de l'Union européenne et des Etats-Unis.
Les procureurs turcs avaient émis 20 mandats d'arrêt et quatorze des personnes visées ont été arrêtées. Huit ont été libérées samedi après avoir été entendues par la police, tandis que six étaient toujours interrogées, a écrit l'agence de presse DHA. DHA n'a pas précisé l'identité des personnes relâchées.

Parmi elles figure une professeure de mathématiques de la prestigieuse Université du Bosphore, Betül Tanbayp, a souligné la Société européenne de Mathématiques qui l'a récemment élue vice-présidente.
Turgut Tarhanli, un professeur de droit et spécialiste des droits de l'homme à l'université privée Bilgi, fait également partie des personnes libérées, selon la chaîne de télévision NTV.

Les personnes arrêtées sont liées à une ONG présidée par l'homme d'affaires Osman Kavala qui est détenu sans procès depuis un an dans le cadre d'une enquête très controversée pour des liens présumés avec le putsch manqué de juillet 2016. M. Kavala est le président de la fondation Culture Anatolie, qui oeuvre à surmonter les différences au sein de la société turque à travers la culture et les arts.

Tous les suspects, y compris les personnes libérées samedi, sont toujours accusées d'avoir "créé du chaos et du désordre" et "cherché à renverser le gouvernement" au cours des manifestations antigouvernementales de 2013 qui avaient été déclenchées par un mouvement de protestation contre des projets immobiliers au parc Gezi dans le centre d'Istanbul.

Les arrestations ont suscité une vague de critiques en Europe ainsi qu'aux Etats-Unis.
La porte-parole du département d'Etat américain Heather Nauert a souligné que les Etats-Unis étaient "très préoccupés" par ces arrestations et qu'ils appelaient les autorités turques à libérer toutes les personnes interpellées.
L'Union européenne a jugé ces arrestations "alarmantes", estimant dans un communiqué que de telles mesures "vont à l'encontre de l'engagement déclaré du gouvernement turc en matière des droits de l'Homme et des libertés fondamentales".

Parmi les personnes arrêtées figurent des responsables de la fondation Culture Anatolie, dont son vice-président Yigit Ekmekci, un membre de la direction Ali Hakan Altinay, Asena Gunal, une figure de la scène culturelle et artistique stambouliote, et les consultants Meltem Aslan et Cigdem Mater.

M. Kavala, qui est souvent comparé par les médias turcs pro-gouvernementaux au milliardaire américain George Soros, a été arrêté le 18 octobre 2017. Accusé d'avoir tenté de renverser l'ordre constitutionnel, il a été placé en détention préventive en novembre 2017 et n'a toujours pas été officiellement mis en accusation.