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"Bisous de papi Ratko" : quand Mladic donne une interview en direct

Ratko Mladic. AFP / POOL / Peter Dejong

"Bisous de papi Ratko": les Serbes ont entendu vendredi Ratko Mladic, dans une interview en direct à une télévision, donnée depuis sa prison un an après sa condamnation à perpétuité pour crimes contre l'humanité en Bosnie.

Depuis ce verdict du tribunal pénal international de la Haye pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) en novembre 2017, c'est la première fois que le grand public serbe entend cette voix: c'est celle d'un septuagénaire que son entourage dit malade, faible et tremblante, mais aussi une voix enjouée et badine.

Sur le plateau, l'humeur est joviale quand le fils de Ratko Mladic, Darko, appelle son père depuis son téléphone portable mis en haut-parleur, et lui demande de s'adresser "à l'opinion". Est présent, joyeux, un autre condamné pour crimes contre l'humanité, l'ultranationaliste Vojislav Seselj, héraut non repenti d'une Grande Serbie.

"Bisous de papi Ratko", répond celui qui a été condamné à la perpétuité pour des crimes de guerre et contre l'humanité commis lors de la guerre intercommunautaire en Bosnie (1992-95, 100.000 morts). Il a fait appel.

"Dites à Voja (Seselj) de venir me voir pour jouer aux échecs. La dernière fois je l'ai battu 7 à 1", plaisante Mladic, détenu à Scheveningen (Pays-Bas). "Tu exagères un peu", s'amuse en retour le tribun Seselj lors de ce "talk show" sur la chaîne privée Happy.

Mladic lui conseille ensuite de maigrir. "C'est ma réserve pour ma prochaine grève de la faim", rétorque Seselj provoquant les rires.


"Merci général!"
"Merci général!", conclut après environ trois minutes d'échanges l'animateur Milomir Maric, avant que Mladic ne délivre ses seuls messages politiques pour dire son soutien à la Russie et à son parti communiste, ainsi que son mépris de l'OTAN.

Le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MPTI), chargé d'achever les travaux du TPIY qui a clos son activité fin 2017, a dans un communiqué indiqué que Mladic n'avait pas obtenu d'accord pour cette communication, comme le règlement l'y oblige. En conséquence, ses communications des 30 prochains jours seront notamment soumises à surveillance renforcée, a ajouté l'organisme.

Ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, celui qui a été surnommé le "Boucher des Balkans", a été condamné notamment pour le massacre de Srebrenica, pire tuerie sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale, considérée comme un génocide par la justice internationale.

Plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques musulmans qui fuyaient cette enclave de l'est de la Bosnie devant les troupes de Mladic, y avaient été massacrés en quelques jours de juillet 1995.


"Un massacre", pas un génocide
Mais pour de nombreux Serbes, de Bosnie comme de Serbie, Mladic est un héros, qui a défendu son peuple. Il est possible d'acheter des T-shirts à son effigie à Belgrade et les auteurs d'un livre d'hommage "Le général Mladic: dernier combat", y sont actuellement en campagne de promotion.

Les autorités serbes ont livré Ratko Mladic à la justice internationale, mais contestent que le massacre de Srebrenica soit un génocide.

Cette doctrine a été rappelée cette semaine par la Première ministre Ana Brnabic dans une interview à la Deutsche Welle. Srebrenica était "un crime terrible, un massacre", "mais je ne pense pas que c'était un génocide", a-t-elle dit. "Un génocide, c'est quand vous tuez la population entière, les femmes et les enfants, et ce n'était pas le cas", a argumenté Ana Brnabic.

Les bosniaques musulmans "ont l'habitude que l'on verse du sel sur (leurs) plaies", a commenté pour la chaîne N1 Bakir Izetbegovic, patron du principal parti bosniaque de Bosnie (SDA, nationaliste) à propos de cette déclaration d'Ana Brnabic.

"Bisous de papi Ratko": les Serbes ont entendu vendredi Ratko Mladic, dans une interview en direct à une télévision, donnée depuis sa prison un an après sa condamnation à perpétuité pour crimes contre l'humanité en Bosnie. Depuis ce verdict du tribunal pénal international de la Haye pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) en novembre 2017, c'est la première fois que le grand public serbe...