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Moyen Orient et Monde - Frontières

Réouverture des passages de Quneitra et de Nassib dans le Sud syrien

Le poste de Boukamal entre la Syrie et l’Irak sera à son tour praticable prochainement.

Le drapeau syrien flotte sur le poste-frontière de Quneitra. Louai Beshara/AFP

Quneitra, seul point de passage entre la Syrie et la partie du Golan occupée par Israël, a rouvert hier après quatre ans de fermeture, nouveau signe de reprise en main par le régime de Bachar el-Assad du territoire syrien. Résultat d’un accord annoncé vendredi entre les Nations unies, Israël et la Syrie, deux véhicules blancs de l’ONU ont franchi la barrière qui a été ouverte devant eux du côté israélien du point de passage de Quneitra.

La réouverture du passage est un nouveau signe d’une consolidation du contrôle du territoire par le régime de Damas, soutenu par la Russie, l’Iran et le Hezbollah dans la guerre en Syrie déclenchée en 2011. Elle a été rendue possible après la reprise aux insurgés par les forces gouvernementales syriennes, appuyées par la Russie, de la quasi-totalité de la province syrienne de Quneitra.

Israël, officiellement en état de guerre avec la Syrie, occupe depuis 1967 la majeure partie du plateau du Golan, qu’il a annexée en 1981. Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.

En 2014, la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (Fnuod), qui a notamment pour mandat de veiller au respect du cessez-le-feu entre Israël et la Syrie, avait dû abandonner ses positions quand des groupes rebelles et des jihadistes de l’ex-branche syrienne d’el-Qaëda s’étaient emparés du secteur, kidnappant brièvement 45 membres fidjiens de la force. La Fnuod a repris ses patrouilles en août.

Dans un premier temps, le point de passage, par lequel les druzes syriens vivant du côté israélien du Golan transitaient par le passé pour aller étudier ou se marier en Syrie et pour vendre leurs pommes, servira seulement aux opérations des Casques bleus de l’ONU, a indiqué l’armée israélienne.

« Ces derniers mois, l’État d’Israël a coopéré avec les États-Unis et l’ONU afin de rouvrir le point de passage », a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué, ajoutant qu’Israël était « attaché à la mission de la Fnuod et aspir(ait) à maintenir la stabilité dans la région ».

Retour à la normale

Pour Eyal Zisser, directeur du département d’études du Moyen-Orient à l’Université de Tel-Aviv, la réouverture du point de passage fait partie du « retour à la normale » en Syrie, où le régime a réussi à reprendre plus de la moitié du territoire. « La frontière entre Israël et la Syrie était très calme avant le début de la guerre civile en Syrie et le retour à la normale est très pratique pour Israël », estime-t-il. « L’armée syrienne a repris ses responsabilités sur son côté de la frontière et du point de passage, elle communique avec les Israéliens. Israël est de son côté, les Syriens du leur, il n’y a pas de Daech (l’organisation jihadiste État islamique), pas d’Iraniens ni de Hezbollah, il y a une adresse claire de l’autre côté. C’est tout ce qu’Israël souhaite », poursuit l’expert.

Nazih Ibrahim, 65 ans, un druze syrien vivant du côté du Golan occupé par Israël, fait partie de ceux qui attendaient avec impatience la réouverture du point de passage. « C’est un filet de sécurité », dit-il, en assistant à la cérémonie d’ouverture. « Nous sommes syriens et le resterons » ajoute-t-il, expliquant que le frère de sa femme vit en Syrie, ainsi que d’autres relations familiales.

Les hostilités entre Israël et la Syrie en 1967 et 1973 ont fait fuir des dizaines de milliers de Syriens. Seuls restent aujourd’hui sur le plateau du Golan quelque 18 000 druzes apatrides, qui ont perdu leur nationalité syrienne et refusé la carte d’identité israélienne.

Irak et Jordanie

Parallèlement, la Syrie et l’Irak ont annoncé hier la réouverture prochaine d’un important poste-frontière qui constituait avant la guerre l’une des artères stratégiques pour le transfert, notamment de marchandises, entre les deux pays.

Cette annonce faite par les chefs des diplomaties syrienne Walid Mouallem et irakienne Ibrahim Jaafari est intervenue le jour même de la réouverture d’un poste-frontière-clé entre la Syrie et la Jordanie et d’un point de passage entre la Syrie et la partie occupée par Israël du Golan.

Fermé depuis juillet 2012, le poste de Boukamal, dans la province syrienne de Deir ez-Zor (Est), appelé al-Qaïm du côté irakien, est contrôlé par le régime syrien qui en a chassé l’EI fin 2017. Il constituait avant le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011 l’une des artères stratégiques pour le passage de marchandises, de touristes et de la main-d’œuvre. Conquis par les rebelles au début du conflit, le poste frontalier était tombé ensuite sous le contrôle du Front al-Nosra, ex-branche syrienne d’el-Qaëda, puis aux mains de l’EI en 2014.

« Dans l’intérêt des peuples syrien et irakien, nous allons rouvrir le poste-frontière de Boukamal le plus tôt possible », a indiqué M. Mouallem, à l’occasion d’une visite à Damas de son homologue irakien qui a parlé d’une réouverture « imminente ». M. Jaafari a estimé qu’il n’y avait pas de raison de retarder cette réouverture.

La Syrie partage deux autres postes-frontières, avec l’Irak : celui d’al-Yaaroubiyé (Rabia côté irakien), dans la province de Hassaké, contrôlé par les combattants kurdes, et celui d’al-Tanaf (al-Walid en Irak), au sud de Deir ez-Zor, tenu par la coalition internationale antijihadistes dirigée par les États-Unis et des rebelles syriens qui lui sont alliés.

En outre, le principal point de passage entre la Syrie et la Jordanie, autrefois vital pour le transit de marchandises au Moyen-Orient, a rouvert hier après trois ans de fermeture (voir par ailleurs). Les grilles en métal noir de ce poste-frontière, appelé Nassib du côté syrien et Jaber du côté jordanien, ont été ouvertes à 8h00 locales pour laisser entrer en Syrie plusieurs voitures avec des plaques d’immatriculation jordaniennes.

Avant le début du conflit en Syrie, en 2011, des centaines de camions transitaient quotidiennement via la zone franche de ce poste-frontière, assurant le commerce transfrontalier mais aussi la connexion entre le royaume hachémite et l’Europe, via la Turquie. La réouverture du passage frontalier a été annoncée dimanche. En juillet dernier, le régime syrien, aidé de son allié russe, a repris la région bordant la frontière jordanienne, contrôlée alors par des groupes rebelles.

Le régime syrien contrôle aujourd’hui environ la moitié des 19 postes-frontières officiels avec le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie.

Source : AFP

Quneitra, seul point de passage entre la Syrie et la partie du Golan occupée par Israël, a rouvert hier après quatre ans de fermeture, nouveau signe de reprise en main par le régime de Bachar el-Assad du territoire syrien. Résultat d’un accord annoncé vendredi entre les Nations unies, Israël et la Syrie, deux véhicules blancs de l’ONU ont franchi la barrière qui a été ouverte...

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