Brésil : Haddad prêt à aller "à l'infirmerie" pour débattre avec Bolsonaro

Le candidat de gauche à la présidentielle au Brésil, Fernando Haddad, s'est dit prêt mercredi à "aller à l'infirmerie" pour un débat avec son rival d'extrême droite Jair Bolsonaro, qu'il accuse d'esquiver toute confrontation depuis qu'il a été victime d'un attentat.
"J'irai à l'infirmerie de son choix, pas de problème. Les Brésiliens ont besoin de connaître la vérité. S'il y a de fausses informations, nous allons nous en occuper en adultes (...) et sans faire d'enfantillages sur internet", a déclaré Haddad.

Le candidat du Parti des travailleurs (PT) réagissait, au cours d'une conférence de presse pour les médias étrangers à Sao Paulo, à l'annonce de l'annulation du premier débat initialement prévu pour jeudi, en raison de l'absence de l'ex-capitaine de l'armée.

Bolsonaro a été poignardé en campagne le 6 septembre puis hospitalisé durant trois semaines.
Il avait invoqué des raisons médicales pour ne pas être présent la semaine dernière à l'ultime débat entre les candidats avant le 1er tour du 7 octobre. Tout en donnant une interview sur une chaîne concurrente, depuis son domicile.

Jair Bolsonaro est le grand favori du 2e tour après avoir obtenu 46% des voix contre 29% à Haddad, le poulain de l'ex-président incarcéré pour corruption Lula.

"Dans un débat tu ne peux pas te défiler, il faut faire front", a poursuivi Haddad. Les actions lâches sur les réseaux sociaux ne sont pas possibles dans un face-à-face", a-t-il lancé, une allusion à l'avalanche de fausses informations lancées par le camp de Bolsonaro sur les réseaux sociaux.

Le candidat y a des millions d'abonnés et a exclusivement fait sa campagne depuis l'attentat sur Facebook, Twitter, WhatsApp et Instagram. Il y est plus à l'aise qu'au cours de débats où sa mauvaise élocution et son tempérament sanguin ne jouent pas en sa faveur.

Fernando Haddad a reconnu que la tâche allait être difficile pour refaire son retard au 2e tour du 28 octobre, dans une élection plus polarisée que jamais. "Nous sommes face à un défi énorme parce que tout l'+establishment+ brésilien soutient la candidature de l'extrême droite", a-t-il dit, tandis que les tractations vont bon train entre partis en vue d'alliances de 2e tour.
"Si nous réussissons à fédérer les partis progressistes, nous enverrons un message important pour le pays, qui court aujourd'hui beaucoup de risques, et nous ne pouvons pas laisser passer l'occasion de dire +ça suffit+ à l'escalade de la violence", a conclu Haddad, se disant confiant de pouvoir sceller de nouvelles alliances cette semaine.