Bou Faour : la présidence a placé le Liban "devant le danger de la sédition"

L'ancien ministre Wael Bou Faour, membre du Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt, a lancé jeudi une violente diatribe contre le président de la République, Michel Aoun, estimant que son mandat présidentiel avait alimenté les tensions confessionnelles et replacé le pays "devant le danger de la sédition".

Comparant les discours prononcés mardi par le chef de l'Etat devant le Parlement européen et la diaspora libanaise à Strasbourg, M. Bou Faour a souligné que le premier "lui avait fait monter les larmes aux yeux", notamment en raison des prises de position du président Aoun "concernant la démocratie, les droits de l'homme, la diversité culturelle et le vivre-ensemble". "Nous commencions à croire ce que nous entendions, jusqu'à ce que soit prononcé un autre discours, devant la diaspora libanaise, qui était empreint de divisions et de menaces", a-t-il ajouté. 

L'ancien ministre a accusé "certains", sans les nommer, de vouloir "régler leurs comptes avec l'accord de Taëf" (qui avait mis fin à la guerre civile libanaise, 1975-1990), estimant que "le conflit actuel s'articule autour de la préservation de l'accord de Taëf ou son inhumation, comme le souhaitent certains". "Ce mandat présidentiel a alimenté les tensions confessionnelles entre les Libanais, et a fait revenir le Liban qui progressait sur le chemin de la paix civile des années en arrière, plaçant le pays devant de grands dangers de sédition", a encore dit M. Faour. "Il nous semble que nous ne sommes qu'au début du chemin obscur et que le mandat nous promet encore plus de divisions et de haine", a-t-il estimé. 

Ces attaques interviennent dans un contexte de tensions grandissantes entre le Courant patriotique libre, fondé par le chef de l'Etat, et le PSP. La querelle était montée d'un cran vendredi, lorsque le ministre sortant de l'Education, Marwan Hamadé (PSP), a démis de son poste de directrice du département des examens officiels une haute fonctionnaire proche des aounistes. Ces derniers avaient en représailles, limogé deux responsables proches du PSP, le président de la réserve naturelle du Chouf, Nizar Hani, et un fonctionnaire de l'Electricité du Liban Raja el-Ali, dépendants respectivement des ministères de l'Environnement et de l'Energie, contrôlés par des ministres aounistes. 

Une manifestation de solidarité avec M. Hani a dans ce contexte eu lieu jeudi soir devant l'entrée de la réserve naturelle à Maasser el-Chouf, les personnes rassemblées réclamant de tenir la politique loin des questions relatives à la gestion des réserves naturelles.