Joueuses de rugby libanaises cherchent sponsor !

Au Liban, peu pratiqué par les hommes et encore moins par les femmes, le rugby n’est pas un sport répandu. Pourtant, il y a quatre ans, la première équipe féminine non officielle de rugby se formait à Beyrouth. Cette année, les joueuses ambitionnent de participer au tournoi de Dubai Sevens, qui se déroule chaque premier week-end de décembre aux Émirats arabes unis. Ce projet est le fruit de leur détermination.

Au-delà des stéréotypes

« Mon frère jouait au rugby à l’école et j’en étais très jalouse », affirme Zina, entourée de ses trois amies et partenaires de jeu. « Mon frère y jouait aussi », interrompt Douha, qui précise qu’à l’époque, il n’existait pas encore de club féminin. Dépasser les clichés associés au rugby, majoritairement considéré comme un sport réservé aux hommes, n’a pas été une mince affaire. Mais, animées par la volonté de jouer, un groupe de jeunes femmes passionnées par le ballon ovale se rassembla sur le terrain en décembre 2014. L’initiative leur revient : « Après la formation de notre groupe indépendant, nous avons fait circuler une pétition pour devenir membres de la Ligue de l’Université américaine de Beyrouth », raconte Zina, actuelle capitaine du club Blue Stars. L’enjeu ? Pouvoir se développer dans un cadre institutionnel, bénéficier des infrastructures de l’université et agrandir l’équipe.

À leurs débuts, les joueuses étaient effectivement trop peu nombreuses pour disputer des matches et se contentaient des périodes d’entraînement. Mais depuis cette année, deux clubs se rencontrent dans le cadre de matches amicaux et pratiquent le rugby à VII : Blue Stars et le nouveau-né, Aconites. « Nos familles étaient inquiètes pour nous au début, mais désormais, ils sont nos meilleurs supporters ! » s’exclame Sarah. « Personnellement, je voulais rejoindre un sport d’équipe. J’ai choisi le rugby car c’est un sport complet, sur le plan physique comme mental, et parce qu’il rassemble », s’enthousiasme Nayla, qui dit aimer côtoyer des sportives de tous horizons.

Grâce au bouche-à-oreille et à l’engouement partagé des joueuses, le rugby attire chaque année de nouvelles recrues. Pour autant, au-delà de la communauté des joueurs, peu sont ceux qui connaissent l’existence d’équipes féminines. En avril dernier, les Libanaises jouaient contre le Qatar et la Syrie. Au regret des participantes, aucune photographie officielle n’a été prise au cours des matches, les laissant quelque peu dans l’oubli.

Gagner en visibilité

C’est justement afin de ne pas être oubliées que les jeunes femmes se mobilisent. Leur futur projet ? Candidater au tournoi Dubai Sevens et trouver des sponsors pour se faire financer. L’événement, d’ampleur internationale, a en effet un coût : chaque participante doit pouvoir débourser 800 dollars lors de l’inscription. Mais d’après les joueuses, le jeu en vaut la chandelle. Le tournoi représente un bon moyen de pratiquer le sport en tant qu’amatrices contre de nouvelles adversaires, de s’inspirer de la technique des joueuses professionnelles et de gagner en visibilité sur la scène sportive féminine.

En attendant, les Libanaises se réjouissent de voir certaines écoles proposer le rugby à un public féminin. Parfois fatiguées par les contraintes administratives et la nécessité de lutter pour que leurs équipes perdurent et puissent jouer dans de bonnes conditions, elles ne se laissent toutefois pas décourager. En ce mois de septembre, l’entraînement a ainsi repris de plus belle.