Elle fait feu de tout bois, Pauline Avédissian, pour réaliser ses mosaïques. Aucun objet jeté n’échappe à ses tentatives de rhabillage en tesselles colorées. Pas plus une sculpture d’éléphant récupérée d’une poubelle que des tuyaux en plastique trouvés sur un chantier ou encore des troncs d’arbre coupés dans son jardin. Grâce à ses bons soins, le pachyderme abandonné n’a plus grise mine, les tuyaux mutent en facétieux totems et les bûches, parées d’émaux aux motifs et couleurs bucoliques, se transforment en tabourets d’extérieur.
Cela fait maintenant une dizaine d’années que cette ex-épouse au foyer s’est mise à la mosaïque. Au départ, elle s’était inscrite à un atelier de formation à cet art pour oublier ses déboires de femme en instance de divorce. Rapidement, ce qui n’était qu’un dérivatif à sa peine se mue en passion. « Au cours des heures passées à élaborer des fresques en mosaïques, j’oubliais tout. J’étais plongée dans mon travail, dans le bonheur d’assembler les couleurs, de jouer avec leurs gradations pour obtenir des reflets et des tonalités variés… Et même le découpage des tesselles de verre, qui demande du muscle, ne me rebutait pas. Alors que je m’étais auparavant initiée à l’illustration, au design graphique et à la céramique sans grand enthousiasme, j’ai tout de suite adhéré au travail de la mosaïque », confie l’artiste. Laquelle, de formations en expérimentations, a peaufiné sa technique et développé son talent – de plus en plus rare de nos jours – à enjoliver les petites choses du quotidien. Son quotidien à elle, comme celui des personnes qui introduisent chez eux ses œuvres, qu’il s’agisse de fresque murale, de sculpture ou de pièces de mobilier. Car si elle puise souvent son inspiration dans les motifs fleuris et végétaux, cette écologiste dans l’âme se délecte surtout de pouvoir redonner vie et couleurs à toutes sortes d’objets récupérés. « C’est d’ailleurs les pièces de rebut qui, en m’offrant des supports différents, stimulent le plus mon imagination et mon envie de créer », indique celle qui ne se borne plus à recouvrir des plateaux de tables de jardin de mosaïque, mais préfère s’adonner à la sculpture-mosaïque ou encore à la reproduction de toiles picturales en fresques murales. À l’instar d’une magnifique réplique en tesselles irisées et en relief d’une tapisserie – intitulée Fayoum – de l’artiste égyptien Ali Sélim. Une pièce qui sort la mosaïque des traditionnelles copies de l’antique ou encore des motifs bucoliques pour apporter au regard quelque chose de dynamique et d’inattendu. Une œuvre maîtresse dans le parcours de cette désormais top chef de la marteline et du tranchet. Et qui, après avoir enseigné cette matière à l’Université pour tous (UPT), transmet son savoir-faire aux élèves du Lycée français ainsi qu’en cours privé.
Pour mémoire
La plus grande mosaïque recyclée au monde au Waterfront City
commentaires (3)
C'est une belle découverte d'une artiste coloriste qui n'a pas peur des couleurs et crée des visions qui donnent de la joie à tous ceux qui passent à côté de ses mosaïques. Je vous envoie mes félicitations de Montréal et j'aimerai un jour vous voir travailler de près. Mirella une estampière
MIRAPRA
18 h 22, le 07 septembre 2018