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Liban - Polémique

L’International College empoisonne-t-il son voisinage ?

Récompensé par un « Green Award » pour ses ambitions écologiques, l’IC de Ras Beyrouth est aujourd’hui accusé de pollution par ses voisins et par la municipalité, mais se défend.

Les machineries de l’International College, vues depuis le toit de la résidence occupée par Walid Musallam. Photo Clément Di Roma

« C’est impressionnant de voir à quel point l’IC se désintéresse de nous. Ces fumées nous empoisonnent chaque jour. » Sur le toit de sa résidence Park View à Bliss, Walid Musallam pointe furieusement du doigt l’enchevêtrement de machines qui s’étalent sur un bâtiment de l’International College. On entend le bruit du conduit d’aération, et les fumées blanches se sont installées dans le quartier depuis plusieurs années. Mais récemment, « les machines se sont sûrement dégradées et le bruit est devenu plus fort ». Malgré leur détermination et leurs moyens, les résidents des alentours ont eu de grandes difficultés à mobiliser la justice et la municipalité, et à établir un dialogue avec l’institution.

Le nouveau campus, développé en 2012 et dont la construction se poursuit encore, a centralisé ses générateurs et son air climatisé dans un seul bâtiment. Les évacuations situées sur le toit de l’école primaire, baptisée Talal & Maha Shair en l’honneur de deux donateurs, ne sont qu’à quelques mètres des fenêtres de deux résidences de haut standing.
Le projet du campus avait pourtant été récompensé, en 2012, avec la Leed Gold Certification, un prix d’urbanisme écologique pour un respect des normes exemplaires. L’IC est ainsi devenu le premier établissement éducatif à recevoir cette récompense au Moyen-Orient. Une ironie qui n’enchante guère le voisinage aisé, à la recherche d’un quotidien sans nuisances.

Des normes complexes
Walid Musallam est syndic de son immeuble et a fait toute son éducation secondaire à l’IC. Mais aujourd’hui, il ne porte plus la même affection au lieu. « C’est inadmissible. C’est comme si vous gardiez votre maison propre en jetant vos déchets n’importe où chez vos voisins », s’indigne-t-il. Après des mois à tenter de contacter l’institution, son long combat pourrait enfin aboutir à l’arrêt des machineries grâce à une première plainte déposée auprès du tribunal.

Depuis la fenêtre de son appartement, situé au onzième étage, Walid explique que son fils vivait avant dans la pièce, « mais il a dû déménager puisqu’il ne pouvait rien faire à cause du bruit permanent ». Étalant ses documents légaux sur sa table basse, il explique que les limites sonores seraient acceptables si la zone autour du campus était commerciale ou routière. Mais pour lui, son domicile se trouve dans un quartier purement résidentiel. « Ils savent très bien qu’ils ont tort, mais ils se cachent, dit-il. Ça vous donne une idée de qui sont ces gens. »

À Beyrouth, la législation n’est pourtant pas appliquée dans tous les quartiers. Les fumées des générateurs côtoient des niveaux de pollution sonores très élevés. Pourtant, il existe bel et bien une limite de décibels imposée par la loi dans les zones commerciales et routières, qui doit être plus faible dans les zones résidentielles. Cependant, déterminer le taux de pollution d’un quartier et engager des actions légales requiert l’avis de plusieurs experts, avant même que les plaignants ne puissent saisir la justice. Une procédure longue et coûteuse, que beaucoup de Beyrouthins préfèrent éviter.

« Nous sommes confiants »
Le président du conseil municipal de Beyrouth, Jamal Itani, précise à L’Orient-Le Jour que l’IC a déjà été averti deux fois de la nécessité d’effectuer des changements. « Nous avons envoyé des experts sur place qui ont déterminé qu’un des bâtiments ne respectait pas les limites de pollution sonore », confirme-t-il. Il affirme que les fumées d’évacuation des générateurs constituent un « danger pour la santé ».

Après un premier avertissement ignoré par l’institution, la ville a envoyé un second courrier, « qui sera le dernier », selon M. Itani. La municipalité pourrait non seulement adresser une importante amende à l’IC en cas de non-respect des régulations, mais « aussi les forcer à arrêter complètement leur machinerie, ce qui mènerait à la fermeture temporaire du campus », ajoute-t-il.

Richard Bampfylde, chargé de communication de l’IC, déclare pour sa part à L’OLJ : « Nous avons obéi aux lois locales et sommes confiants que nos installations sont dans les normes. » L’institution affirme « attendre un rapport qui sera remis au juge des référés par le représentant qu’il a envoyé ». L’IC regrette les désagréments que certains voisins subissent, mais dément l’affirmation de Jamal Itani selon laquelle ces fumées seraient toxiques, sans pour autant en préciser la nature. « Aucune particule nocive ne s’échappe du toit, nous utilisons un minimum de générateurs pour alimenter le campus et voulons investir et installer de nouveaux systèmes de filtration high-tech dès que possible », affirme Richard Bampfylde.

En 2013, l’IC avait engagé la société de contrôle Acousystem Liban, « qui a déterminé le bruit (se dégageant du toit) à 59,4 décibels la journée et 48,9 décibels la nuit, ce qui est conforme aux réglementations », réaffirme l’établissement. Le rapport du représentant indépendant devrait être remis au juge dans quelques semaines et déterminer le sort des machines sur le toit de l’IC. Un cas qui marquera probablement la jurisprudence sur les niveaux de pollution autorisés à Beyrouth.

« C’est impressionnant de voir à quel point l’IC se désintéresse de nous. Ces fumées nous empoisonnent chaque jour. » Sur le toit de sa résidence Park View à Bliss, Walid Musallam pointe furieusement du doigt l’enchevêtrement de machines qui s’étalent sur un bâtiment de l’International College. On entend le bruit du conduit d’aération, et les fumées blanches se...

commentaires (2)

Loin des "awards" et des plaintes de voisins de l"IC, qui ont paye des sommes faramineuses pour habiter dans des tours super luxueuses, examinons froidement et sagement la situation. Est ce que l"IC , ou tout autres immeubles au Liban aurait pense installer des generateurs, si l'etat respectait ses obligations de donne a toute zone, toute region , a tout citoyen de l'electricite 24/24 ? Qu'attend l'etat pour le faire ? Des propositions des plus grands fournisseur au monde de station de generation d'electricite ont ete faites a l'etat avec plan de financement. Point de reponse de l'etat ! Pourquoi ? Nous connaissons tous la reponse .

Charles Camel-Toueg

11 h 13, le 04 juillet 2018

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Commentaires (2)

  • Loin des "awards" et des plaintes de voisins de l"IC, qui ont paye des sommes faramineuses pour habiter dans des tours super luxueuses, examinons froidement et sagement la situation. Est ce que l"IC , ou tout autres immeubles au Liban aurait pense installer des generateurs, si l'etat respectait ses obligations de donne a toute zone, toute region , a tout citoyen de l'electricite 24/24 ? Qu'attend l'etat pour le faire ? Des propositions des plus grands fournisseur au monde de station de generation d'electricite ont ete faites a l'etat avec plan de financement. Point de reponse de l'etat ! Pourquoi ? Nous connaissons tous la reponse .

    Charles Camel-Toueg

    11 h 13, le 04 juillet 2018

  • n'en deplaise a tous ceux- credules, naifs ou autre- qui croient en ces divers "awards" et autres nobilisation remises par une multitude d'organisation de par le monde. pr ex, celui-ci accorde DEJA avant la fin des traveaux , avant meme le debut de ces traveaux, accorde juste sur les plans etablis..... pour fiabilite il n' y a pas mieux.

    Gaby SIOUFI

    10 h 05, le 02 juillet 2018

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