Depuis que le conflit en Syrie a éclaté en 2011, l'ONG réclame en vain au régime de Bachar al-Assad l'autorisation de travailler dans les régions contrôlées par les forces gouvernementales. Elle est en revanche active dans celles tenues par les forces rebelles.
Dans un communiqué diffusé mercredi, MSF a lancé un appel public pour la première fois aux autorités syriennes. "Nos actions reposent seulement sur les besoins des patients, pas sur la politique", a indiqué Meinie Nicolai, directrice générale de MSF.
"Si nous y étions autorisés, nous pourrions commencer notre travail en seulement quelques jours et jouer un rôle hautement bénéfique aux côtés d'autres professionnels de santé syriens et internationaux", a-t-elle ajouté.
L'organisation indique avoir présenté une demande en ce sens au ministère des Affaires étrangères en avril mais n'a pas reçu de réponse. "Les besoins médicaux sont plus élevés que jamais en Syrie", souligne MSF.
Après avoir perdu de nombreux territoires au début de la guerre, le régime a repris à partir de 2016, grâce au soutien crucial de l'allié russe, une grande partie du pays.
A la faveur d'un pilonnage dévastateur et d'accords d'évacuation, le régime est notamment parvenu en avril à reprendre pied dans la Ghouta orientale qui était le dernier bastion des insurgés aux portes de la capitale. "Le niveau de traumatisme, tant mental que physique, causé par l'offensive (...) dépasse mon entendement", a déclaré Mme Nicolai.
Les structures soutenues par MSF ont comptabilisé plus de 5.600 patients blessés durant les deux premières semaines de l'offensive, selon le communiqué. "Le nombre de personnes touchées et la gravité des besoins sont le signe qu'une réponse médicale est nécessaire de toute urgence pour ces patients, quelles que soient les forces qui contrôlent le territoire".
Avant l'offensive du régime, les zones rebelles de la Ghouta orientale étaient déjà le théâtre d'une grave crise humanitaire, subissant pénuries de nourriture et de médicaments en raison du siège imposé par les forces gouvernementales depuis 2013.
Le gouvernement a imposé des sièges aux rebelles dans de nombreux secteurs du pays comme tactique militaire, rendant extrêmement difficile l'accès de l'aide humanitaire aux civils qui y vivaient. Mais une fois la zone reprise aux rebelles et le siège fini, le gouvernement n'a pas pour autant amélioré l'accès de cette aide, a déploré vendredi le coordinateur de l'ONU pour l'aide humanitaire en Syrie, Panos Moumtzis.
L'ONU a demandé un accès aux dizaines de milliers d'habitants vivant encore dans la Ghouta, mais le régime lui a dit que le secteur n'était toujours pas sûr, a-t-il dit à des journalistes.
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