Dix ans après le conflit qui les a opposées en Ossétie du sud, la Géorgie a accusé mercredi la Russie de "nettoyage ethnique" dans cette entité rebelle de son territoire, lors d'une audience devant la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg.
La juridiction du Conseil de l'Europe avait conclu à la recevabilité de la plainte de Tbilissi contre Moscou, après une première audience en 2011, sans se prononcer sur le fond de l'affaire confiée à la grande chambre.
"L'idée selon laquelle les forces russes sont intervenues pour maintenir la paix est un mythe évident", a affirmé Ben Emmerson, conseiller du gouvernement géorgien. Le juriste britannique a accusé Moscou d'avoir, par des bombardements de civils et des destructions, "mené une campagne concertée pour rendre inhabitables les villages géorgiens", sous couvert d'un soutien aux indépendantistes ossètes attaqués en août 2008 par l'armée de Tbilissi. "Dans les Balkans, on appelait cela du nettoyage ethnique", a-t-il dit en référence aux guerres qui ont ensanglanté l'ex-Yougoslavie après la fin de la période communiste.
La Géorgie accuse la Russie de nombreuses violations de la convention européenne des droits de l'homme, dont le droit à la vie, l'interdiction de la torture, le droit au respect de la vie privée et familiale et le droit de propriété. Moscou conteste, estimant n'avoir mené qu'une opération humanitaire, en dépit des 35.000 hommes envoyés sur place. "Le contrôle ne découle pas d'une règle mathématique fondée sur le nombre de soldats", a soutenu Mikhail Galpérine, ministre adjoint de la justice de Russie.
Quant aux allégations de tortures et autres violations du droit de la guerre, elles ne sont étayées que par des "faux témoins" et des éléments de preuve fabriqués de toutes pièces, notamment avec l'aide des Américains, a estimé Michael Swainston, conseiller du gouvernement russe. "La Géorgie a frappé ses propres villages avec des munitions à fragmentation achetées en Israël", a-t-il affirmé en retournant une accusation de Tbilissi.
En préambule, Ben Emmerson avait rappelé l'histoire tourmentée de la Géorgie dont la Russie n'aurait, selon lui, " jamais accepté" l'indépendance, proclamée en 1991, à la fin de l'URSS.
"En 1922, l'Ossétie du sud a été intégrée au territoire géorgien par Joseph Staline (géorgien lui-même) et personne n'a demandé aux Ossètes s'ils voulaient devenir Géorgiens", a expliqué de son côté Mikhail Galpérine.
La Cour rendra son arrêt d'ici plusieurs mois.
La juridiction du Conseil de l'Europe avait conclu à la recevabilité de la plainte de Tbilissi contre Moscou, après une première...
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