Afghanistan: la pauvreté en forte augmentation depuis le départ des forces internationales

La pauvreté a fortement augmenté en Afghanistan depuis le départ en 2014 des troupes de la coalition internationale sous bannière de l'Otan, plus de la moitié de la population vivant désormais sous le seuil de pauvreté, d'après les conclusions d'une enquête nationale.

Quelque 55% des Afghans ne disposaient pas en 2016-2017 d'un dollar par jour, une somme leur permettant de couvrir leurs besoins en nourriture, vêtements, logement ou éducation, selon les résultats de ce sondage sur les conditions de vie en Afghanistan. L'enquête a été réalisée par le Bureau afghan des statistiques auprès de 21.000 ménages.
En 2011-2012, ce ratio était de 38%. Il atteignait même 34% en 2007-2008.
"Ce haut niveau de pauvreté est dû aux effets combinés d'une stagnation économique, de pressions démographiques croissantes, et d'une détérioration de la situation sécuritaire dans le contexte d'un pays pauvre", marqué par des décennies de conflit et d'instabilité, analyse le représentant en Afghanistan de la Banque mondiale, Shubham Chaudhuri, dans un blog pour cette institution.
Avec le retrait des troupes internationales, démarré en 2012, associé au déclin de l'aide, tant sécuritaire que civile, l'Afghanistan a ainsi vu sa croissance passer de 9,4% entre 2003 et 2012 à 2,1% entre 2013 et 2016.

Dans un tel contexte, la forte démographie afghane, dont la population croît de 3% chaque année, conduit à partager les ressources entre davantage de personnes: le PIB par habitant a ainsi baissé de 100 dollars depuis 2012, pour atteindre 562 dollars en 2016, selon la Banque mondiale.
Plus d'un million d'Afghans vivant dans les Etats limitrophes sont en outre rentrés au pays, où le conflit a forcé des centaines de milliers de personnes à quitter leurs maisons et leurs terres. L'insécurité alimentaire touche désormais 45% de la population, contre 30% en 2011-2012, selon le sondage.
"Ces résultats, même frappants, ne constituent pas une raison de désespérer mais un appel à l'action", affirme Shubham Chaudhuri.
Dans un communiqué, la délégation de l'Union européenne en Afghanistan a de son côté fait état d'un "tableau contrasté", avec "des progrès dans certains secteurs", comme l'éducation, la santé, ou encore l'eau et l'assainissement, mais aussi "des détériorations, en particulier le bien-être économique et la sécurité alimentaire".
A son pic, la coalition internationale a compté plus de 130.000 soldats étrangers en Afghanistan, aux trois quarts Américains, sous bannière de l'Otan. Leur retrait, qui s'est achevé en 2014, a coïncidé avec une résurgence de l'insécurité et une augmentation des victimes civiles.
Alors que la présence américaine est remontée à 15.000 soldats, l'aide internationale s'est fortement réduite.