Rechercher
Rechercher

Culture - Quatorze jours, huit envies

Faim et soif de culture ? Suivez les guides...

par Edgar DAVIDIAN, Olivier GASNIER DUPARC, Maya GHANDOUR HERT, Gilles KHOURY et Zéna ZALZAL

Parce que, souvent, on a envie de sortir, mais pas forcément d’aller au restaurant, et parce que la nourriture intellectuelle est aussi importante que celle des bedons, voici huit rendez-vous testés, approuvés ou qui titillent notre curiosité. Ces deux semaines surgit une furieuse envie de lire un livre en chansons, d’admirer la beauté cristallisée par l’œil de Twombly, d’assister à des noces de sang, de plonger en images dans les stations balnéaires de la côte nord de Beyrouth... Bref, de s’immerger dans un bain de culture.


Théâtre

Blood Wedding/Hammana


Avec les beaux jours, arrivent les mariages en villégiature. La dernière invitation en date concerne toutefois une cérémonie trempée dans l’hémoglobine. L’adaptation en arabe et la mise en scène de Blood Wedding (Noces de sang), de Federico García Lorca, par Sahar Assaf, sur une production de Robert Myers et une musique d’Oussama al-Khatib, se déroule comme une promenade sur le site de la Maison de l’artiste à Hammana. Les spectateurs suivent un itinéraire à la rencontre des acteurs, allant même parfois chez l’habitant. Un travail incandescent, un souffle d’amour et de liberté – soutenu par l’initiative théâtrale de l’AUB – qui récolte un grand succès auprès du public. Ce week-end, séances à 15h et à 19h.


Photo

Cy Twombly/musée Sursock


On le connaît pour ses peintures et ses sculptures, pour son trait abstrait et sa sensibilité exacerbée, mais on connaît peut-être moins les photographies de Cy Twombly prises pendant des années à l’abri des regards, lui qui était si discret. Pour la première fois au Liban, une exposition lui est consacrée, au musée Sursock. À travers une trentaine de polaroïds pris entre 1985 et 2005, on redécouvre les éléments constitutifs d’une identité si particulière forgée par ses deux rives, la Virginie et l’Italie, nourrie par la lecture des anciens, Homère, Virgile ou encore Goethe, et qui, de façon unique, décèle la finesse d’un paysage, le sublime d’un détail architectural et la douceur d’une nature morte. Jusqu’au 7 mai 2018.


Design

Hala Matta & Paola Sakr/Joy Mardini Gallery


Qui dit week-end urbain (le dernier sans doute avant l’ouverture officielle de la grande saison de la plage/montagne) dit virée galeries d’art et de design. À Gemmayzé, où il s’en trouve quelques-unes, passage obligé par la Joy Mardini Design Gallery qui présente jusqu’au 5 mai un Dialogue entre les œuvres d’une céramiste d’art, Hala Matta, et d’une jeune designer, Paola Sakr. Leurs pièces (tables, luminaires, miroirs, cloisons...) aux styles, aux formes et aux matériaux diamétralement opposés s’harmonisent étonnement! Entre la fantaisie solaire de la première et la créativité épurée et un rien brutaliste de la seconde, vous pourrez trancher net et choisir votre camp ou, au contraire, apprécier les deux et participer au dialogue...


Expo

Karine Wehbé/BAR Space Project


Plonger dans les stations balnéaires de la côte nord de Beyrouth, avec Karine Wehbé, artiste et designer graphiste qui, à travers une série de photographies retravaillées et une carte audio, égrène une sorte de chronique nostalgique de ces lieux de vacances. Intitulée Capturing The Ephemeral, cette exposition s’inscrit dans un projet à long terme de Wehbé axé sur les architectures et transformations du littoral nord libanais. À travers ces images, ce sont des histoires personnelles et de groupe qui sont racontées. Des histoires liées à ces complexes construits à partir des années 60-70 autour de l’idée du luxe. Et qui se transforment au fil du temps en théâtre d’événements intimes et historiques formant, rétrospectivement, une projection historico-sociale semi-fictive de la mémoire collective. Jusqu’au 11 mai, à l’espace BAR Project (rue Youssef el-Hayeck, Gemmayzé).


DVD

La mort de Staline/Armando Iannucci


La mort de Staline d’Armando Iannucci, comédie dramatique franco-britannique, est déjà sortie en vidéo, malgré son interdiction en terre russe. Satire mordante, elle met en scène le chaos survenu le lendemain du décès du dictateur à 74 ans, suite à une hémorragie cérébrale, en cette nuit du 2 mars 1953. Toute l’équipe ministérielle est en déroute et chacun veut prendre le pouvoir bien entendu, sur un tempo de peur, d’hystérie, de frénésie, de cachotteries, d’accaparement. Beria, Khrouchtchev, Malenko intriguent et se font du coude. Tous les personnages, inspirés de faits réels, sont caricaturés. Certes, au charbon noir mais il y a du vrai… Les coulisses de la politique russe revisitées avec un humour corrosif et sans gant. Les acteurs (Steve Buscemi, Simon Russel…) sont excellents.


CD

Clara Luciani/Sainte Victoire


Révélée par le concours In Rocks Lab 2016, Clara Luciani fait partie de cette jeune garde de la scène musicale française qui, à la manière de son tonique single La Grenade, dégoupille à coup sûr la chanson française pour lui redonner ses lettres de noblesse. La belle à l’allure un rien yé-yé a déjà dévoilé un bouquet de titres à la fois sensuels et torturés, explosifs et envoûtants, tous extraits de son album Sainte Victoire qui vient de sortir. Portées par la voix grave et enveloppante de Clara Luciani, ces chansons, particulièrement la bouleversante Monstre d’amour, permettent de dire, dès à présent, que l’opus mérite bien son titre. Il marque aussi une belle victoire sur le reste du paysage lyophilisé qu’est la variété Made in France.


Livre

Meet Me In The Bathroom/Lizzy Goodman


Alors que la french touch s’accompagne d’un raz de marée de la musique électronique partout dans le monde, les USA en général et New York en particulier restent peu touchés. Le combo guitare basse/batterie fait partie de l’ADN ricain. Et pendant que le maire Giuliani démarre son nettoyage de la big apple, une résistance se met en place, de manière disparate a priori et un mouvement naît. Lizzy Goodman était partie prenante de cette vague, elle a donc eu accès aux meilleurs et a choisi de construire son récit de manière chronologique, uniquement avec des interviews. C’est vivant, informatif, divertissant. Meet Me In The Bathroom est le récit en ciseau de la chute de NY et de l’avènement de la dernière vague rock’n’roll, racontés au travers des témoignages des acteurs principaux, musiciens, journalistes, ingénieurs du son, propriétaires de clubs, promoteurs. Nous vivons en direct la création du label DFA et de LCD Soundsystem, le couronnement des Strokes, la gentrification de Brooklyn, les amours des uns, les déchéances des autres... En bref, du rock’n’roll.


Série

Future Man/Hulu


La chaîne Hulu a été mise sous les feux des projecteurs avec le succès de The Handmaid’s Tale. Depuis, on jette un regard curieux sur ses programmes et on tombe sur des bijoux. Comme ce Future Man, série en 13 épisodes de 30 minutes, basée sur un concept simplissime et qui prend un plaisir partagé à se dérouler. Josh Futturman, le héros, est agent de nettoyage dans un laboratoire pharmaceutique. C’est un loser qui vit toujours chez ses parents et passe son temps libre à jouer à un jeu de guerre que personne n’a jamais fini. Et il le finit. Il est alors recruté par les héros du jeu, venus du futur et qui lui expliquent que le jeu est en fait un outil de recrutement pour trouver le héros qui sauvera la résistance. Lui. Le loser patenté. S’ensuivent des voyages dans le temps, les 80’s et les 90’s, des références pop, cinéma, aucun sérieux, beaucoup de rigolades, de l’absurde, des délires, et un sentiment de légèreté bienvenu, ainsi qu’un hommage quasi religieux à James Cameron.

Parce que, souvent, on a envie de sortir, mais pas forcément d’aller au restaurant, et parce que la nourriture intellectuelle est aussi importante que celle des bedons, voici huit rendez-vous testés, approuvés ou qui titillent notre curiosité. Ces deux semaines surgit une furieuse envie de lire un livre en chansons, d’admirer la beauté cristallisée par l’œil de Twombly, d’assister...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut