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Culture

La schizophrénie poétique de Samah el-Hakim...

Le graphiste célèbre la diversité linguistique libanaise en écrivant en lettres arabes des vers initialement en langue française.

Celui qui a pour habitude de privilégier la spontanéité – comme dans son exposition Fattouch en 2015 – se contraint pour la première fois à la discipline inhérente au choix d’un thème unique. Pour son premier travail lié à la langue française, Samah el-Hakim se veut le révélateur d’une « schizophrénie positive ». Le spectateur lit en effet de la poésie francophone, écrite par des poètes libanais, qui se mue en de l’arabe à l’aide de la translittération. Cela consiste à copier des phrases françaises en lettres arabes équivalentes. L’artiste souhaite ainsi montrer une culture libanaise en mutation permanente. Regrettant un monde où prime « la non-assimilation et le trop plein d’informations », il aimerait amener le public à se concentrer, le temps d’un instant.
Il faudra en effet quelques minutes au lecteur averti pour déchiffrer le code utilisé par le graphiste. Dans sa quête des perles poétiques qu’il inclut dans ses affiches, Samah el-Hakim peut compter sur le soutien avisé de sa mère, Samar, poète. Elle le guide en lui proposant une sélection d’œuvres, celles de Nadia Tuéni par exemple, desquelles il retire les vers qui le touchent particulièrement. La plupart des poèmes sont liés au Liban. « Je souhaitais que l’exposition soit une réflexion de ma manière de voir mon pays », explique le graphiste.
À travers sa prose visuelle, Samah el-Hakim entend ainsi créer des images ; il veut « dessiner les lettres et non pas juste les écrire ». Son imagination donne alors naissance à 20 affiches esthétiquement riches et variées. Aux vers s’ajoutent en outre les visuels. Ils ne sont pas forcément une traduction exacte de l’idée exprimée dans le poème, affirme l’artiste : « Je ne copie pas les poètes, j’interprète un vers que j’ai aimé, à ma propre façon. »
« La langue et la façon dont les mots peuvent créer des visions abstraites dans l’esprit des gens me fascinent », explique-t-il. Alors qu’il a poursuivi des études scolaires en français, il a délaissé la langue si chère à sa mère, préférant la « facilité » de l’anglais dès ses études supérieures, à son plus grand regret. « J’ai la sensation de revenir à ma langue maternelle à travers ce projet, s’enthousiasme-t-il – ce français qui invite, selon lui, à plus de poésie, de romantisme, de sensibilité. Cette langue a le pouvoir de créer des images que l’anglais n’a pas. »

Galerie de l’Institut français
Rue de Damas, jusqu’au 27 avril.

Celui qui a pour habitude de privilégier la spontanéité – comme dans son exposition Fattouch en 2015 – se contraint pour la première fois à la discipline inhérente au choix d’un thème unique. Pour son premier travail lié à la langue française, Samah el-Hakim se veut le révélateur d’une « schizophrénie positive ». Le spectateur lit en effet de la poésie...

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