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Liban - Social

Les fonctionnaires des hôpitaux publics suspendent leur grève

D’ici à deux semaines environ, la nouvelle échelle des salaires et l’horaire des 35 heures devraient être appliqués aux salariés des hôpitaux publics. Ces promesses du ministre de la Santé verront-elles le jour ?

Devant le ministère de la Santé, les fonctionnaires des hôpitaux publics crient leur colère. Photo ANI

Les hôpitaux publics reprennent aujourd’hui leur activité normale, après une journée de sit-in hier devant le ministère de la Santé et une grève partielle de leurs employés, précédée de deux jours d’arrêt de travail quasi général, jeudi et vendredi derniers. Et pour cause : malgré la publication de la loi dans le Journal officiel le 21 août 2017, ils n’ont toujours pas bénéficié de la loi 46 sur l’échelle des salaires, qui s’applique aux enseignants et aux fonctionnaires. C’est ce qu’a annoncé à L’Orient-Le Jour l’un des membres fondateurs du comité syndical des employés des hôpitaux gouvernementaux au Liban, Khalil Kahine.

Des hôpitaux paralysés
La décision de suspendre la grève a été prise hier en fin d’après-midi, suite à une réunion entre les représentants syndicaux des employés des hôpitaux publics des différentes régions et le ministre de la Santé, Ghassan Hasbani. Avec la promesse ferme du ministre de tutelle des hôpitaux gouvernementaux d’élaborer un projet de décret d’application nécessaire au déblocage de la situation, avec son collègue du ministère des Finances, Ali Hassan Khalil. Étape préalable à la présentation du dossier au Premier ministre, pour son approbation par le gouvernement. Et pour confirmer cette promesse, une seconde réunion regroupera aujourd’hui au ministère de la Santé les deux ministres et les directions administratives et financières des différents établissements hospitaliers publics.
Ces trois jours de sit-in ont quasiment paralysé le secteur public de la santé dans l’ensemble du pays, à Beyrouth, Baabda, Saïda, Tripoli... Si les cas urgents de consultations, d’hospitalisations ou d’interventions chirurgicales étaient admis, nombre de patients ont été déboutés et priés de revenir après la grève, explique la directrice de l’hôpital de la Quarantaine, Karine Sakr. « Nous avons reporté certaines interventions, comme des chirurgies plastiques ou des “cas froids”, de même que les examens non urgents, mais nous n’avons pas retardé la main-d’œuvre étrangère qui ne disposait que d’un court délai pour présenter les tests médicaux nécessaires à l’obtention d’un permis de travail », ajoute-t-elle, observant que la grève a représenté pour les hôpitaux un important manque à gagner. « Il faut savoir qu’une infirmière (ou un infirmier) perçoit dans notre établissement le modique salaire de base d’un million trois cent mille livres par mois, plus 8 000 LL de frais de déplacement par journée de travail, pour 40 heures de travail par semaine. Elle ne touche pas de treizième mois, précise la directrice. Quant à l’employée au service d’admission, son salaire de base est de 700 000 LL par mois, pour 44 heures de travail par semaine. »

L’article 17 de la loi 46
À l’hôpital gouvernemental de Saïda, même situation, révèle la chargée de communication, Rayan Kalo. « Hier, la grève a été partielle. Nous avons plutôt organisé un sit-in, tout en prenant en charge les urgences et les cas chauds. Contrairement à jeudi et vendredi passés où la grève était quasi totale », souligne-t-elle, faisant part d’une reprise normale du travail aujourd’hui.
Le mouvement de protestation n’était pas uniquement lié au retard dans l’application de la loi intéressant les fonctionnaires des hôpitaux publics. Certains ont voulu faire croire à ces travailleurs qu’ils n’étaient pas touchés par la loi 46, à l’instar des employés d’EDL, d’Ogero, de l’Office des eaux, du port de Beyrouth ou de la CNSS. Et que seuls étaient bénéficiaires de la grille des salaires les fonctionnaires des administrations publiques, telles que les ministères et les écoles publiques. « Or l’article 17 de la loi 46 est clair à ce sujet. Les fonctionnaires des hôpitaux et autres institutions publiques sont concernés, que ces secteurs soient ou non soumis au code du travail, insiste Khalil Kahine, qui se dit fort du soutien de la CGTL. Simplement, il faut juste mettre en place un mécanisme d’application. » Autrement dit, ajuster les salaires des fonctionnaires des hôpitaux publics sur base de la loi et réduire les horaires réglementaires de travail à 35 heures par semaine.
Mais les choses ne sont pas aussi simples que sur le papier, estime la directrice de l’hôpital de la Quarantaine. « Il est vrai que le ministère de la Santé est notre ministère de tutelle. Mais nous fonctionnons sur base d’une gestion libre. Nos salaires sont financés par les recettes de l’établissement », affirme-t-elle. Et comme il est hors de question d’augmenter les tarifs de l’hôpital, c’est ailleurs qu’il faudra trouver le financement des augmentations de salaires prévues par la nouvelle législation. « Auprès notamment du ministère de la Santé », espère Mme Sakr.
Les fonctionnaires des hôpitaux publics ont certes suspendu leur mouvement de protestation. Mais ils sont aujourd’hui dans l’attente. Et donnent aux autorités une à deux semaines pour clôturer le dossier. « Il ne leur faut pas plus pour mettre en place les mécanismes d’application et nous accorder nos droits », conclut M. Kahine. Autrement, la menace d’une grève ouverte n’est pas à exclure.

Les hôpitaux publics reprennent aujourd’hui leur activité normale, après une journée de sit-in hier devant le ministère de la Santé et une grève partielle de leurs employés, précédée de deux jours d’arrêt de travail quasi général, jeudi et vendredi derniers. Et pour cause : malgré la publication de la loi dans le Journal officiel le 21 août 2017, ils n’ont toujours pas...

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