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Culture - À l’Affiche

« L’âme américaine est dure, solitaire et stoïque : c’est une tueuse »

C'est par une citation sans appel de l'écrivain britannique David Herbert Lawrence que s'ouvre le film « Hostiles ». Le ton est donné.

Christian Bale, acteur caméléon.

En 1892, il n'était guère choquant, voire tout à fait normal, pour un capitaine de l'armée américaine de vouer une haine féroce aux Indiens d'Amérique. La guerre qui opposait les deux camps, relancée par les Indiens en 1875, tirait à sa fin. L'armée américaine ayant subi de lourdes pertes – notamment dans le Montana où 285 hommes du détachement de cavalerie s'étaient fait massacrer par les indigènes près de la rivière Little Bighorn –, là voici qui extermine à son tour femmes et enfants indiens (abandonnés sans guerriers) en toute impunité. Le général Custer, commandant de l'opération, sera surnommé « le tueur d'Indiens ».

Hostiles, réalisé par Scott Cooper, relate l'histoire d'un légendaire capitaine de l'armée, Joseph Blocker (incarné par Christian Bale) reconnu par les siens comme étant un héros, à la discipline militaire incontestable mais aussi un oppresseur impitoyable des peuples amérindiens. Avant qu'il puisse percevoir sa pension, Blocker se doit d'accomplir une dernière mission extrêmement désagréable, celle d'escorter Yellow Hawk (Wes Studi), un chef cheyenne mourant et retenu avec sa famille depuis sept ans, vers ses terres tribales.

Blocker le tient personnellement responsable de la mort de ses amis et a du mal à exécuter les ordres de son commandant. Il tente d'abord de résister à cette décision du gouvernement, qu'il considère comme une trahison intolérable, et finit par accepter à contrecœur. Commence alors un voyage pénible et périlleux de Fort Berringer, un avant-poste isolé de l'armée au Nouveau-Mexique, aux prairies du Montana.

 

Film-conte
Sur son chemin, Blocker prendra sous son aile Rosalee Quaid (Rosamund Pike), seule survivante d'une famille sauvagement assassinée par la redoutable tribu des comanches. Ensemble, ils devront faire preuve de solidarité, unir leurs forces pour survivre à l'environnement et aux tribus comanches, et surmonter les périls de ce voyage initiatique.

Outre sa grandeur épique, servie par les scènes panoramiques magnifiquement composées par le chef opérateur Masanobu Takayanagi, les merveilleux paysages de crépuscules et d'aubes que le convoi traverse, Hostiles est un film d'abord sur la violence. Une violence visuelle dès la première scène du film, celle d'un bébé en train d'être abattu ainsi que ses sœurs et leur père. Violence du rapport de force du pionnier blanc et de l'Amérindien dans le Nouveau Monde qui les oppose l'un contre l'autre ainsi que celle des scènes de massacres perpétrés par les deux camps ennemis... Et une violence psychique, quand Rosalee Quaid s'acharne sur la terre pour enterrer sa famille, et quand Joseph Blocker perd son meilleur soldat et ami, et crie en silence sa douleur qui résonne dans les prairies du Montana. Mais les comanches ne sont pas les seuls méchants et Hostiles introduit ainsi de mauvais hommes blancs, dont une bande rapace de trappeurs et un soldat disgracié (Ben Foster) pour son massacre indiscriminé des indigènes. Un film comme un conte qui aborde aussi le thème du pardon, de la responsabilité qui incombe à chacun, de l'éthique et de l'éveil de la conscience.

 

Métamorphoses
Originaire du pays de Galles, Christian Bale a fait ses débuts d'acteur à l'âge de dix ans au théâtre. C'est Steven Spielberg qui lui offre un rôle principal dans L'empire du Soleil. Sa carrière lancée, il s'illustre dans quelques films à costumes comme Henry V, Les quatre filles du docteur March ou Portrait de femme de Jane Campion. Mais la particularité de cet acteur qui n'a jamais fréquenté l'Actors Studio reste de pousser son corps au-delà des limites, en alternant les régimes sévères ou le body building pour les besoins d'un rôle. Pour incarner le capitaine Corelli, il perd du poids, pour le reprendre rapidement et s'acharner sur les exercices physiques pour le film du Règne du feu. Mais sa prestation la plus impressionnante vient de sa perte de 28 kilos pour jouer l'ouvrier usé et insomniaque de The Machinist. Un acteur prêt à tout pour s'immerger dans son personnage. Malmenant son corps et changeant systématiquement de physique, Christian Bale n'hésite pas à mettre son corps à l'épreuve pour s'approprier les rôles et servir son métier et son public.

En 1892, il n'était guère choquant, voire tout à fait normal, pour un capitaine de l'armée américaine de vouer une haine féroce aux Indiens d'Amérique. La guerre qui opposait les deux camps, relancée par les Indiens en 1875, tirait à sa fin. L'armée américaine ayant subi de lourdes pertes – notamment dans le Montana où 285 hommes du détachement de cavalerie s'étaient fait...

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