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Tunisie: des victimes de la répression en 1984 des "émeutes du pain" témoignent

Plusieurs Tunisiens arrêtés pendant les "émeutes du pain" en 1984, sous le régime du père de l'indépendance Habib Bourguiba, ont livré jeudi leur témoignage sur les tortures et mauvais traitements qu'ils ont subis.

Ces auditions publiques ont été organisées par l'Instance Vérité et Dignité (IVD), chargée de recenser les violations des droits humains de 1955 à 2013.

En décembre 1983, les autorités tunisiennes décident de supprimer la subvention des produits céréaliers. Conséquence: le prix du pain, de la semoule et des pâtes s'envole, provoquant aussitôt des émeutes qui atteignent leur apogée le 3 janvier 1984.
L'état d'urgence est instauré. Le bilan officiel est de plusieurs dizaines de morts, mais il pourrait être plus élevé selon des ONG.

Face à la contestation, le président Bourguiba finit par annuler les hausses de prix, mais la répression se poursuit.

Hichem Hosni, cheminot de 20 ans à l'époque, raconte qu'il rentrait du travail lorsqu'il a été arrêté dans la rue par des policiers qui l'ont blessé de plusieurs balles, dont l'une au ventre.
Hospitalisé et opéré, il rentre chez lui, mais son répit est de courte durée. Alors qu'il est alité, "comme dans un cauchemar", il est emmené un soir au ministère de l'Intérieur.
"Ils m'ont frappé" malgré les cicatrices de l'opération, "rouvrant les blessures" et laissant ses intestins à nu, dit M. Hosni en essuyant ses larmes, dans un témoignage entrecoupé de silences.
Condamné par contumace à 20 ans de prison, il obtient un non-lieu en appel.

Brahim Ouri, transporteur de marchandises de 23 ans à l'époque, rentrait lui aussi du travail lorsqu'il a croisé une manifestation et "crié avec les gens" pour demander l'annulation des hausses de prix.
"La police nous a encerclés et j'ai été arrêté. Ils m'ont frappé, m'ont accusé de vouloir renverser le régime", dit M. Ouri, qui raconte avoir été torturé et brûlé avec un bâton chauffé à blanc.
"Ces gens-là, je leur pardonne mais à une condition (...): qu'ils s'excusent et qu'ils disent pourquoi ils ont fait ça", ajoute-t-il.

Créée pour faire la lumière sur les multiples violations des droits de l'Homme des dernières décennies, l'IVD a aussi pour mission de réhabiliter les victimes et de leur octroyer réparation.
L'instance dispose de très larges pouvoirs et a --en principe-- un accès total aux archives publiques. Les crimes dont elle peut être saisie vont de l'homicide volontaire à la torture, en passant par le viol et la violation de la liberté d'expression.

Plusieurs Tunisiens arrêtés pendant les "émeutes du pain" en 1984, sous le régime du père de l'indépendance Habib Bourguiba, ont livré jeudi leur témoignage sur les tortures et mauvais traitements qu'ils ont subis.
Ces auditions publiques ont été organisées par l'Instance Vérité et Dignité (IVD), chargée de recenser les violations des droits humains de 1955 à 2013.
En décembre...