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Lifestyle - La Mode

Les carrés-carnets d’inspiration de Karine Assaf

Née à Montréal, élevée à Beyrouth, basée à Londres, Karine Assaf, ingénieure environnementale, a été rattrapée par sa vocation artistique. C'est ainsi que voit le jour une magnifique série de carrés de soie proposée en ce moment à l'expo de Faqra.

Karine Assaf se donne pour mission de créer l’accessoire ultime, modulable à souhait. Photo DR

Il y a toujours quelque chose de frustrant à brider en soi l'artiste qui trépigne pour se lancer dans des voies plus sûres ou perçues comme plus « utiles ». Karine Assaf dessine avec talent depuis l'âge de cinq ans. Ingénieure de formation, elle a même fait un crochet par le conseil de gestion avant que sa créativité n'explose et domine tout le reste. C'était en 2016, alors qu'elle travaillait, dans le cadre de ses études à Cambridge, sur un projet d'upcycling portant sur les moyens de reconversion des déchets organiques. Elle documente ce moment fondateur avec humour, à travers une bande dessinée, quoi d'autre, le dessin étant son moyen d'expression privilégié.

« Reconvertir » est une obsession pour la jeune femme formée à la réduction du gaspillage des ressources. Lors d'un voyage au Japon à l'occasion du mariage d'une amie, elle est fascinée par la tenue de la mariée, véritable geisha d'un raffinement absolu. À son retour à Beyrouth, inspirée par cette expérience et voulant s'essayer à la peinture sur soie, elle reconvertit de vieux morceaux de bois en toiles tandis que pourrissent sur sa table de travail des fraises dont le jus présente une couleur d'un beau rouge saturé. Elle y plonge son pinceau...Quelques semaines plus tard, à Cambridge, elle développe sa découverte et s'attelle à transformer en pigments tous les déchets organiques qui lui tombent sous la main. Il en résulte une exposition de peintures que les visiteurs s'arrachent. « Qui sait, peut-être qu'artiste + ingénieur = magicien ? » dit un cartouche nuage, en haut de page. La réponse est une évidence. La créatrice qui n'a pas oublié son expérience de consultante décide de faire de l'art portable. Elle se rend en Italie à la recherche de contacts avec les meilleurs producteurs et artisans et lance une première collection de carrés de soie à base de pigments organiques, produits selon des critères éthiques et respectueux de l'environnement. Même les emballages sont certifiés sans produits chimiques.

Art-à-porter
Ceintures, foulards, foulards-colliers, carrés qui s'accrochent au collier pour former un haut, bracelets de soie, Karine Assaf développe des modules taillés dans les plus belles textures et s'attelle à imaginer de petites séries décoratives inspirées de ses voyages de routarde et du monde contemporain. L'art moderne japonais et les techniques des maîtres de la Renaissance tels que de Vinci et Botticelli sous-tendent tous ses travaux. Elle se donne pour mission de créer l'accessoire ultime, modulable à souhait (reconversion oblige) et adaptable à toutes les tendances. Chaque création, réalisée dans les plus belles matières, est une œuvre d'art unique qui raconte une histoire, comporte un sens et offre une palette magnifiquement contrastée.

Villes, culture, mythologie
Cette année-là, la créatrice se lance dans un long voyage avec un simple sac à dos. D'autres suivront, à travers 27 villes du monde. Cette odyssée personnelle lui souffle l'idée d'illustrer ses créations de dessins qui racontent la culture, la mythologie et les sociétés des lieux visités. Chaque carré est appelé à devenir un souvenir de voyage ou un déplacement virtuel dans une ville rêvée. Le carnet de voyage se transforme en « carré de voyage ». Les carrés de soie de Karine Assaf, telles les pages d'un journal, comportent un titre, un lieu et une date et sont scellés par une signature à l'encre noire accompagnée de trois oiseaux. La première série, « Geisha », évoque l'inspiration fondatrice. Suivront « Anglia », la série londonienne ; « Da Vinci », la série florentine ; « Haussmann », la série parisienne qui interroge l'intimité des fenêtres ; « Flamingo », imaginée au retour de San Diego mais qui évoque le mythe du phénix à travers les flamants roses de Tanzanie ; « Romanov », qui s'inspire de Saint-Petersbourg et des fabuleux œufs de Fabergé qu'offrait le tsar Alexandre III à sa femme Maria à l'occasion de Pâques ; « Europa », qui évoque le mythe d'Europe à la suite d'un séjour aux Cèdres ; « Liberty », une ode à New York et à la liberté ; « Boreal », qui raconte un road trip à travers le Québec... Les coloris sont profonds, savoureux. Issus de fruits, de légumes et d'épices, ils rendent ces nœuds raffinés encore plus attachants.

Il y a toujours quelque chose de frustrant à brider en soi l'artiste qui trépigne pour se lancer dans des voies plus sûres ou perçues comme plus « utiles ». Karine Assaf dessine avec talent depuis l'âge de cinq ans. Ingénieure de formation, elle a même fait un crochet par le conseil de gestion avant que sa créativité n'explose et domine tout le reste. C'était en 2016, alors qu'elle...

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