Hekmat Kassir, mon héros...

Le 22 juillet 1920 est une date qui pourrait passer pour la date d'indépendance d'un pays. Pour beaucoup, c'est une date comme les autres, mais pour la famille Kassir, le 22 juillet était toujours la plus grande fête familiale.
Des quatre coins du monde, on essayait d'être là pour ton grand jour. Ton sourire illuminait ton beau visage parce qu'en nous regardant tous réunis, tu nous répétais : « Vous êtes ma plus grande fortune. »
Le jour de ton anniversaire était toujours l'occasion pour toi de nous parler de ta chère maman qui t'a quitté trop tôt, de ton père qui a vécu 106 ans et de ses années qui sont passées si gracieusement sur toi.
Du jeune garçon qui s'appliquait à faire ses devoirs sous la lanterne de l'éclairage public de Tyr à l'homme d'affaires accompli que tu es devenu, tu en avais fait du chemin.
Mais ce qui fascinait le plus en toi, Jeddo, c'est l'homme. Tu touchais les cœurs parce que tout simplement tu incarnais cette belle phrase de Terence :
« Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger. »
C'est ton plus beau legs : ta noblesse, ton élégance et ta générosité ont fait de toi un citoyen du monde toujours prêt à servir le profondément humain. Avec toi, tout était possible et ta force de caractère forgea ton destin.
Pour ton 96e et dernier anniversaire, je t'annonçais que j'étais enceinte de ma fille Aya, et un de mes rêves les plus chers était de la voir dans tes bras. La vie en a voulu autrement et tu nous as quittés le 17 novembre 2016.
Depuis, il ne se passe pas un jour où je ne pense pas à toi ; même ton absence est riche de sens.
Comme d'habitude, le 22 juillet ne pouvait pas passer inaperçu et j'ai voulu rendre hommage à ta mémoire, qui restera à jamais vivante dans nos cœurs.
Tu avais toujours ce petit air fier quand tu me présentais à tes amis, d'un ton ému :
« Ma petite-fille, avocate. »
Aujourd'hui, je suis une petite fille à qui son grand-père manque terriblement et qui a juste envie de dire :
« Hekmat Kassir, Mon héros. »
Jeddo, merci.