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Culture - RENCONTRE

Un « Barbier de Séville » chaplinesque...

Ce soir, un des plus grands opéras bouffes – partition Rossini –, sans décors mais avec costumes des années 1930-1940, devant l'autel de l'église Saint-Joseph.

Du bel canto, des coups de théâtre, des personnages savoureux, des intermittences du cœur en notes de musique et en vocables de la bella Italia. Sous le livret (un peu ici raccourci) de Cesare Sterbini, inspiré de la pièce de Beaumarchais, et sous la fluide pétulance de la partition de Rossini, divin mélodiste et orchestrateur, interprètes et public vont s'en donner à cœur joie. Pour un moment pétillant comme un feu d'artifice, avec des chanteurs étrangers et libanais, tous déjà rompus à la tâche. Avant les vocalises, les envolées lyriques ou festives, la parole est donnée aux membres du groupe qui porte allègrement les couleurs du génie de Pesaro.

Aire de cirque pour un air d'opéra...
« C'est une histoire d'identité que cette œuvre de Rossini », affirme Roberto Catalano, metteur en scène. Le jeune homme, cheveux coupés courts et en tee-shirt et jeans moulants explique : « Car le figaro est un transformiste qui permet à chaque personnage de devenir ce qu'il est et d'éclore à la liberté. Ce n'est pas une mise en scène conventionnelle, mais une mise en espace avec quelques objets symboliques et certains accessoires. Pour le petit espace alloué, en appelant au secours imaginaire et imagination, il s'agit d'un squelette d'un ancien cirque délimité par un collier de lampes... »

Pour la costumière Ilaria Ariemme, lunettes sur le nez et cheveux noirs en bataille comme la secrétaire dans Spirou, les robes et les pantalons de la pièce ne sont pas d'époque. « Mais, souligne-t-elle, tout est inspiré par les films muets de Buster Keaton et Charlie Chaplin. Surtout avec l'espace de cirque. Pas de couleurs vives, mais des habits un peu noir et blanc, empoussiérés, comme si on les avait trouvés dans un grenier de grand-mère... Des chiffons poétiques et partis pour une vie nouvelle... »

Le ténor Daniele Zanfardino, qui campe le comte d'Almaviva, une des clefs majeures de l'action constamment bondissante, avoue son penchant pour « cet homme très tendre et amoureux ». Et sa préférence, dans cette partition si riche en arias et duos, c'est de chanter la sérénade sous le balcon car cela lui procure une sensation napolitaine lui qui est originaire justement de Naples...

Pour la mezzo-soprane Asude Karayavuz, qui glisse dans le personnage de Rosine, les propos sont naturellement féministes. « Le personnage de Rosine, commente-t-elle, est une réalité de notre temps. La violence exercée sur les femmes. Mais la gentillesse, l'aspect positif, va triompher. Son amour lui sauve la vie... » « Non, je ne me reconnais pas en ce personnage, confie-t-elle encore avec le sourire, car je n'ai pas la même vie. Si j'aime le costume que je porte ici? Bien sûr, j'en suis ravie surtout avec cette plume que j'ai dans la tête dans une coiffure très Charleston... »

Le dernier mot revient au maestro Toufic Maatouk, qui assume la direction orchestrale et chorale de cette production. « Pourquoi Le Barbier de Séville ? Tout simplement parce que c'est l'opéra le plus génial de Rossini. Ensuite, en 2016, c'était le bicentenaire du père de Cendrillon et on n'a rien fait en cette direction pour marquer la date. Alors c'est l'occasion de rendre hommage à une œuvre de cette envergure. Peut-être que c'est une redite mais, musicalement, c'est un travail de génie. Tout y est admirablement clair. Surtout la première finale ainsi que l'écriture du quintette du deuxième acte. Une œuvre difficile pour les chanteurs, les musiciens, le chef... C'est un travail plein de rire, agréable, joyeux, à la fois simple et complexe. »

 

*À l'église Saint-Joseph des pères jésuites à 20h30 précises. Sous l'égide conjointe du Conservatoire national supérieur de musique et de l'Université antonine avec la collaboration de l'Institut culturel italien.

 

Fiche technique et distribution
L'Orchestre philharmonique libanais et la chorale de l'Université antonine sous la direction de Toufic Maatouk.
Mise en place : Roberto Catalano
Costumes : Ilaria Ariemme
Daniele Zanfardino (le comte Almaviva)
Shady Torbey (Bartolo)
Asude Karayavuz (Rosina)
Francesco Vultaggio (figaro, barbier)
Luca Dall'Anico (Basilio, maître de musique)
Mira Akiki (Berta, femme de chambre)
Cesar Naassy (Fiorello, domestique du comte Almaviva et officier).

Du bel canto, des coups de théâtre, des personnages savoureux, des intermittences du cœur en notes de musique et en vocables de la bella Italia. Sous le livret (un peu ici raccourci) de Cesare Sterbini, inspiré de la pièce de Beaumarchais, et sous la fluide pétulance de la partition de Rossini, divin mélodiste et orchestrateur, interprètes et public vont s'en donner à cœur joie. Pour un...

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