Washington exhorte Ankara à respecter la liberté d'expression après le référendum

Les Etats-Unis ont exhorté lundi les dirigeants turcs à respecter l'opposition et la liberté d'expression, au lendemain d'un référendum qui renforce les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan mais s'est déroulé dans des conditions inéquitables selon les observateurs internationaux.

Washington n'a pas remis en cause les résultats de cette consultation, mais a pris note des inquiétudes exprimées par les observateurs de l'OSCE et appelé le gouvernement turc à respecter les droits de tous les citoyens "quel que soit leur vote".
"Les démocraties sont d'autant plus fortes qu'elles respectent les points de vue différents, notamment sur les sujets difficiles", a déclaré Mark Toner, porte-parole du département d'Etat.
"Les Etats-Unis continuent de soutenir le développement de la démocratie en Turquie, pour laquelle les engagements en faveur de l'Etat de droit et d'une presse libre et plurielle restent essentiels", a-t-il ajouté dans un email à des journalistes.

Les opposants à Erdogan craignent que le résultat de la consultation ne conduise le président turc vers un pouvoir personnel, tandis que les tensions s'intensifient après le référendum, remporté de justesse à 51,4% des suffrages par le président, en dépit de la répression des médias d'opposition pendant la campagne.

La campagne pour le référendum, marquée par une large domination du camp du "oui" dans l'espace public et les médias, pour la plupart acquis au président Erdogan, s'est déroulée dans des conditions inéquitables, a estimé lundi une mission commune d'observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe.
"Le référendum s'est déroulé sur un terrain inégal et les deux camps en campagne n'ont pas bénéficié des mêmes opportunités", a déclaré Cezar Florin Preda, de la mission d'observation. "Des modifications tardives dans la procédure de comptage (des voix) ont supprimé un important garde-fou", a-t-il ajouté, faisant allusion à la décision des autorités d'accepter les bulletins non estampillés du sceau officiel. Le principal parti turc d'opposition CHP (social-démocrate) a demandé lundi l'annulation du référendum.

Washington a pris note des "irrégularités observées le jour du vote et du terrain inégal de la campagne électorale difficile, qui s'est déroulée sous l'état d'urgence", selon Mark Toner.
Les Etats-Unis attendent le rapport complet de la mission d'observation, qui pourrait n'être publié dans plusieurs semaines.