Tiens, encore un pays pas très lointain où la joie de vivre palpite au rythme du système pileux. L’Égypte avec ses barbus, à peine moins fréquentables que les nôtres, refait parler d’elle par la grâce de Mohammad Morsi, un Frère musu bon teint, qui, non content de s’être goinfré des pouvoirs exécutif et législatif, vient d’engloutir le judiciaire dans la foulée. Tous les pays du voisinage, des monarchies arriérées aux raclures totalitaires, vous le diront : chez les chefs arabes, la dictature c’est culturel...
D’ailleurs, le bonhomme en a déjà la panoplie complète : moustache dans le prolongement de la toison faciale, lunettes noires... et depuis sa percée diplomatique à Gaza, on lui a appris à froncer les sourcils et tirer la gueule en public. Le métier commence à rentrer...
Faut dire qu’ils étaient nombreux les neuneus qui pensaient vraiment que l’arrivée de ce rigolo, venu glisser sa touffe dans le printemps arabe, allait déboucher sur une alternance bucolique baignant dans un gazouillis démocratique. Juges et magistrats ont bien tenté de parlementer avec « Si-Morsi », peine perdue. Le dialogue du sourd-muet unijambiste et de l’aveugle cul-de-jatte...
Résultat, les seuls vrais dindons de la guignolade sont les cobayes de cette expérience révolutionnaire in vivo qui battent aujourd’hui le pavé de la place Tahrir, pendant que leur patron fait des relations publiques internationales, vautré sous les lambris de son torchis de luxe.
Déjà que du temps de Hosni Moubarak et de ses deux gamins, le bled pataugeait dans le clafoutis de boudin. Le bouffon calcifié avait été zappé corps et biens, idem ses anciens sous-fifres, pour l’essentiel des vieux bidasses compagnons de caserne, qui avaient en vain essayé de reprendre la trique. Depuis, le printemps arabe a été cocufié et rien de vraiment ragoûtant ne filtre de sous les pyramides.
Sauf que Morsi et ses compagnons du moulin à prières sont aujourd’hui bien seuls. À tout moment un nouveau gougnafier peut bien percer à travers la béchamel, et là il y a fort à parier que la horde des pique-assiettes délaisseront le premier quinquin pour s’agglutiner autour du second. Attention ! Au Proche-Orient, les mouches peuvent changer d’âne à tout instant.
gabynasr@lorientlejour.com
Quand on en Parle Trop, on l'est.....
11 h 27, le 01 décembre 2012