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Économie - Liban - Portraits croisés

Ces jeunes Libanais qui ont tapé dans l’œil de « Forbes »

Laura-Maria Baz, 26 ans, et Rami Rahal, 29 ans, font partie du classement Forbes des jeunes de moins de 30 ans les plus prometteurs de leur secteur.

Le magazine américain a retenu trois investisseurs libanais dans son classement des jeunes de moins de 30 ans les plus prometteurs de leur secteur. Distingué parmi les talents américains, Rami Rahal a été rejoint quelques semaines plus tard par Oussama Ammar et Laura-Maria Baz dans le palmarès européen de « Forbes ».

 

Laura-Maria Baz a de l'énergie à revendre


À 26 ans, Laura-Maria Baz a déjà pris du galon dans le monde ultracompétitif de la finance internationale. Basée à Londres, elle gère avec son équipe d'une petite dizaine de personnes un portefeuille de plusieurs milliards de dollars pour le fonds d'investissement en private equity de Vitol, géant mondial de trading pétrolier.
« Nous réinvestissons le capital de Vitol dans des actifs matériels et nous les gérons quotidiennement. Par exemple, nous possédons une centrale électrique en Angleterre, deux raffineries en Suisse et en Allemagne, et avons racheté toutes les stations essence et équipements logistiques de Shell en Afrique et en Australie », énumère Laura-Maria Baz. Avec un chiffre d'affaire de 270 milliards de dollars en 2014, soit l'équivalent du PIB de la Finlande, le groupe pétrolier est connu pour ses opérations risquées en zones sensibles, tel que l'approvisionnement en carburant des rebelles pendant la révolution libyenne.

Ambitieuse et bosseuse, la jeune femme n'est pas du genre à se laisser intimider par la responsabilité de gérer des milliards de dollars au jour le jour. C'est même la raison qui l'a poussée à quitter son poste précédent fin 2014 dans l'entreprise financière américaine Citigroup, où elle était analyste en fusions et acquisitions spécialisée dans les hydrocarbures. « Je voulais avancer plus vite, et je sais que cela implique plus de risques et de responsabilités. Mais je vérifie deux à trois fois tout ce que je fais. Je sais que, dans ce milieu, si on n'assure pas, c'est la porte », lance-t-elle.

Le monde de la finance, elle baigne dedans depuis son enfance à Beyrouth. « Lorsque j'étais encore à la fac, mon père (Freddie Baz, directeur stratégique du groupe Bank Audi, NDLR), m'a emmenée à New York pour visiter les grandes banques », explique-t-elle.
Elle quitte Beyrouth pour Paris à l'été 2006 pour passer son bac, qu'elle décroche avec 18,55 de moyenne, ce qui lui ouvre les portes de l'Université d'Oxford au Royaume-Uni pour une licence en mathématiques. Après un master en finances à l'Imperial College Business School, Laura-Maria Baz est embauchée à Citigroup. La jeune analyste enchaîne les voyages et les nuits blanches, travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. « C'était très fatigant mais impressionnant. Je voyageais seule en Russie, en Corée, en Chine, au Kazakhstan, et je rencontrais des PDG, des directeurs financiers, des membres haut placés du gouvernement. ». Elle travaille sur quelques grosses transactions, comme l'acquisition par le groupe pétrolier China National Offshore Oil Corporation de la compagnie canadienne Nexen pour 15,1 milliards de dollars en 2013.

Aujourd'hui, Laura-Maria Baz assure être « très heureuse » à Vitol, bien que son embauche ait coïncidé avec la dégringolade des prix du pétrole au niveau mondial. « Ce sont des conditions difficiles mais ça reste très intéressant. Nous avons toujours investi dans des actifs de logistique et de distribution qui ne sont pas directement exposés au prix du baril », précise-t-elle.

Son intérêt professionnel pour le Moyen-Orient ou sa patrie reste, lui, relativement limité. « Au Liban, j'avais travaillé avec Citigroup sur les appels d'offres pour les gisements offshore, mais rien n'en est venu. Dans le secteur de l'énergie, le pays a encore un long chemin à faire...»

 


Rami Rahal a des nuages plein les poches


À seulement 29 ans, Rami Rahal a réalisé son rêvé américain à New York, où il a cofondé Blue Cloud Ventures, une entreprise de capital risque spécialisée dans les logiciels fonctionnant sur le Cloud (informatique en nuage) et réussi à lever 67 millions de dollars en à peine quatre ans.
C'est pendant ses études d'ingénierie mécanique à l'Université américaine de Beyrouth que ce jeune originaire de Baabda découvre sa vocation. « J'ai effectué un stage en finance chez Merrill Lynch et me suis rendu compte que je voulais m'orienter vers ce domaine », résume-t-il.
Mais, comme beaucoup de jeunes prometteurs, il se heurte vite à un manque de débouchés au Liban – « le choix est vite fait entre être ingénieur ou consultant » û et part à New York pour suivre un master spécialisé en management et ingénierie financière à Columbia. « Là-bas, j'ai été témoin de toute cette effervescence autour des entrepreneurs et cela m'a tout de suite impressionné.»

Dans cet écosystème où il fait le grand plongeon, ce sont les investisseurs de capital-risque qui le fascinent : « Toutes les grandes compagnies technologiques comme Apple ou Google ont, à un moment ou à un autre, été financées par des investisseurs en capital-risque. » Rami Rahal crée donc un club d'entrepreneuriat au département de son université afin d'essayer d'attirer des investisseurs.
Puis à 25 ans et après seulement 6 mois chez Madison Park Group, une petite banque d'investissement spécialisée dans le financement des compagnies technologiques au stade avancé, il convainc Mir Arif, le propriétaire de la banque, de s'associer pour créer une compagnie de capital risque, Blue Cloud Ventures.
À deux, ils mobilisent leur réseau pour lever les 12 millions de dollars nécessaires au lancement de leur premier fonds. Ils investissent alors dans 10 compagnies en phase de croissance ou phase avancée avec des tickets d'environ 1 million par entreprise contre un petit pourcentage du capital – entre 0,5 et 5 % –, et dégagent un taux de rendement interne de 39 % du fonds.

Car plutôt que d'adopter la stratégie de « spray and pray » en investissant des petits montants dans une centaine de jeunes pousses en espérer gagner le gros lot avec l'une d'entre elles, Rami Rahal préfère investir dans des compagnies au stade de croissance ou à un stade avancé. « Cette stratégie est bien moins risquée car les entreprises sont déjà stables, ce qui permet un retour sur investissement de 20 à 30 % par an, des retours qui sont d'ailleurs plus rapides – de 1 à 4 ans contre 6 à 10 ans pour de jeunes start-up », explique-t-il.
« Un fonds de 12 millions est considéré comme une paille sur un marché où le plus petit d'entre eux est de 500 millions, donc nous nous positionnons comme des co-investisseurs plutôt que de chercher à rivaliser directement avec les plus grands », tempère-t-il pourtant.
Puis, début 2014, Blue Cloud Venture lance son deuxième fond et récolte plus de 55 millions de dollars. La stratégie reste la même, mais cette fois-ci avec des tickets plus élevés – de 2 à 7 millions de dollars contre des participations oscillant entre 2 et 10 % du capital.

S'il reste discret sur ses projets, Rami Rahal ne semble pas rassasié pour autant et vise déjà à monter un nouveau fond, cette fois institutionnel, qui pourrait atteindre les 200 millions de dollars en 2017.

 

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