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Liban - L’éclairage

En dépit de tout, consensus général sur la nécessité de préserver la stabilité politique

En dépit de la profondeur du gouffre qui les sépare, les parties politiques sont attachées à deux constantes : la préservation de la stabilité et de la sécurité du pays et le maintien, voire la redynamisation du cabinet pour gérer les affaires du pays. Cela, Michel Aoun l'a reconnu hier explicitement dans sa conférence de presse, lorsqu'il a appelé ses partisans à manifester la semaine prochaine pour recouvrer... « leurs slogans volés », après le refus des meneurs de la société civile de permettre aux aounistes de rejoindre leurs rangs au centre-ville.

Sur le terrain, certains des organisateurs du mouvement de rue ont imputé à la classe politique la responsabilité des violences perpétrées par certains voyous infiltrés dans leurs rangs, la semaine dernière, estimant que l'objectif de ces derniers était de torpiller la dynamique de revendications. D'autres ont estimé que le but était de provoquer la chute du cabinet. Mais des milieux politiques du 8 Mars proches du Hezbollah se sont hâtés de rejeter ces accusations, estimant que le parti chiite campe sur ses positions et ne veut pas que le gouvernement Salam tombe. Le Hezbollah soutient qu'il est en faveur de la stabilité et de la sécurité au plan intérieur, et qu'il cherche même à les consolider à travers son dialogue avec le courant du Futur et l'attachement aux plans sécuritaires. Au contraire, le parti chiite souligne qu'il souhaite redynamiser le gouvernement et faire en sorte que le Courant patriotique libre obtienne gain de cause dans sa quête d'un « partenariat national réel » qui lui assurerait « le recouvrement des droits des chrétiens ». Il affirme par ailleurs qu'il continue de soutenir la candidature du général Aoun à la présidence de la République et qu'il se tiendra toujours du côté de ce que le chef sortant du CPL désire. Selon ces sources, le parti ne veut pas que Michel Aoun soit brisé, dans la mesure où cela signifierait que c'est le Hezbollah lui-même qui est pris pour cible et qu'un rempart essentiel lui a été ôté. Mais le parti chiite ne veut pas non plus d'une chute du cabinet, puisque cela reviendrait à une plongée dans le vide total, ce que le parti pro-iranien affirme ne pas souhaiter, contrairement aux rumeurs relatives à une éventuelle Constituante.

 

(Lire aussi : Une foule bigarrée et vivace attendue aujourd'hui à la place des Martyrs)



Le Hezbollah reconnaît, dans ce cadre, qu'il est pris entre deux tendances : d'une part, les dernières positions du président de la Chambre, Nabih Berry, concernant le Conseil des ministres, et, de l'autre, celles du général Aoun. Aussi cherche-t-il à réconcilier MM. Berry et Aoun, puisqu'il tient à ses deux alliés, notamment au « tandem doré » qu'il forme avec Amal, et cherche à éviter tout conflit avec eux. Le Hezbollah est ainsi prêt à tout pour ménager le général Aoun : boycotter avec lui les séances du Conseil des ministres, et même descendre dans la rue avec lui si cela est nécessaire, en dépit du fait que le parti chiite prétend qu'il n'est pas favorable à des mouvements de rue à l'heure actuelle pour éviter tout clash intérieur et tout dérapage éventuel vers un affrontement sectaire. Ces sources proches du Hezbollah soulignent ainsi que le parti chiite est très attaché actuellement au maintien du calme au niveau de la rue islamique, d'où sa volonté de démentir toute participation aux actes de vandalisme qui ont eu lieu dans le centre-ville. « Pourquoi mentirions-nous sur ce point, alors que nous reconnaissons ouvertement notre engagement militaire en Syrie, soulignent ces sources, tandis que d'autres parties impliquées dans le conflit syrien refusent de le reconnaître. »

Naturellement, ces justificatifs sont loin de convaincre les milieux du 14 Mars. Une source responsable du 14 Mars affirme ainsi que ce qui se produit actuellement au Liban est le résultat d'un bras de fer âpre au plan régional entre Téhéran et Riyad, comme au Yémen, en Irak et en Syrie. L'axe iranien est en train de perdre du terrain sur les différentes arènes politiques où il mène bataille, mais il continue d'exploiter le Liban, la dernière carte de pression qu'il a encore pleinement entre ses mains, et la seule arène où il peut encore étaler sa musculature. C'est pourquoi le Hezbollah a infiltré le mouvement de la société civile, qui était centré sur des revendications sociales. Si bien qu'un ancien ministre, qui était impliqué dans ce mouvement, en a annoncé son retrait.

Selon un ministre, tout le monde a pris conscience du danger de la rue, surtout après les actes de vandalisme qui ont accompagné les premières manifestations et la peur d'un glissement vers le chaos à l'ombre du conflit politique local et de l'âpreté de l'affrontement qui se déroule à l'échelle régionale. Sans oublier les retombées de cette situation sur le plan économique. Soucieuses de sauver ce qui peut encore l'être, les instances économiques entendent mener une dynamique auprès des responsables politiques pour empêcher l'effondrement généralisé et préserver les institutions publiques et privées qui se trouvent dans la capitale et dans sa zone commerciale. Beyrouth et ses biens publics et privés devraient en effet être une ligne rouge, comme cela avait été le cas en 1975, et demeurer un espace de dialogue et de vivre-ensemble, loin du vandalisme.

 

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commentaires (5)

LORSQUE LES CLOWNS JOUENT LES POLITICIENS...

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 32, le 29 août 2015

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Commentaires (5)

  • LORSQUE LES CLOWNS JOUENT LES POLITICIENS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 32, le 29 août 2015

  • Et reconstruit grâce à la SEULE "Solidere" ! Faut pas le "masquer" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 34, le 29 août 2015

  • Le Hezbollah ne veut pas que Michel Aoun soit brisé. (sic). Afin qu'on ne brise son beau-père, le gendre lui a déclaré : Je m'agenouille devant toi. (An-Nahar du 29/8) Cet acte de soumission à genoux, aveugle, complète et absolue n'existe qu'en Corée du Nord chez Kim Jong-un.

    Un Libanais

    12 h 52, le 29 août 2015

  • "...En dépit de tout, consensus général sur la nécessité de préserver la stabilité politique..." traduisez en language politique libanais, ainsi que le dernier chaptitre de cet article: tout ce beau monde de la classe politique IRRESPONSABLE-INCAPABLE ET CRIMINELLE ne veut qu'une chose: garder tous ses privilèges et avantages actuels ! Et nous, le petit peuple...on peut continuer à patauger dans le gouffre de boue qu'ils nous laissent pour vivre notre quotidien !!! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 00, le 29 août 2015

  • "Beyrouth et ses biens publics et privés devraient en effet être une ligne rouge, comme cela avait été le cas en 1975, et demeurer un espace de dialogue et de vivre-ensemble, loin du vandalisme." ! Comme en 75 ? Wâlâoû yâ Philippe ! Et tout ce centre de Beyrouth qui avait été saccagé et détruit ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 28, le 29 août 2015

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