Rechercher
Rechercher

Liban

Nouhad Machnouk aux manifestants : Insultez qui vous voulez mais ne nuisez pas à la sécurité

Le ministre de l’Intérieur, hier, au cours de sa conférence de presse. Photo Dalati et Nohra

Dans ce qui ressemble fort à une tentative de calmer la rue à la veille de la manifestation prévue aujourd'hui à 18h, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk est revenu hier, dans une conférence de presse, sur les incidents qui ont eu lieu samedi et dimanche derniers à la place Riad el-Solh pendant les manifestations organisées par le collectif « Vous puez ! ».
Tout en rendant hommage aux FSI, le ministre de l'Intérieur a reconnu qu'il y a eu des abus dans l'utilisation de la force, assurant que l'enquête se poursuit sur ce plan. Il a surtout assuré que le ministère de l'Intérieur s'engage à protéger toutes les manifestations, mais s'opposera aux attaques des biens privés et publics.
Nouhad Machnouk a rappelé que le droit à manifester et la liberté d'expression sont consacrés par la Constitution, et le ministère de l'Intérieur s'engage à les protéger, quelle que soit la violence des attaques, parfois personnelles, lancées par les manifestants. Par contre, M. Machnouk a rappelé qu'il avait déjà affirmé qu'il n'acceptera aucune violation de l'enceinte du Parlement ou du Grand Sérail, car il s'agit d'institutions publiques qui ne peuvent pas être attaquées, même sous le couvert de la liberté d'expression...
Nouhad Machnouk a affirmé que les Forces de sécurité intérieure (FSI) « ont fait leur devoir de façon responsable et sérieuse en dépit des critiques dont elles ont fait l'objet. Le nombre d'agents blessés dépasse la centaine ». Il a toutefois admis que « la force a été utilisée de façon excessive à l'encontre des manifestants samedi soir ». Deux enquêtes sont en cours, a expliqué le ministre, la première administrative et la seconde judiciaire. Il a promis d'annoncer de premiers résultats la semaine prochaine et il a reconnu que les communications étaient mauvaises, voire nulles, entre les officiers et les agents sur le terrain, suite à un accord conclu en 2008 avec une société du nom de Tatra, qui n'a jamais modernisé les réseaux. Le ministre de l'Intérieur a notamment indiqué que « trois groupes ont tiré lors des manifestations : la police de la Chambre, l'unité de l'armée chargée de protéger le Parlement et les Forces de sécurité intérieure ».
M. Machnouk a insisté sur le fait qu'il n'est pas issu d'un régime sécuritaire. Au contraire, il a été lui-même victime de la persécution du régime sécuritaire syro-libanais (pendant la période de tutelle). « C'est pourquoi, a-t-il dit, je ne souhaite pas faire partie d'un régime sécuritaire, et donc je préfère appliquer le principe du questionnement. D'ailleurs, il y a eu deux grosses crises depuis que je suis à la tête de ce ministère, celle de la prison de Roumieh et celle du décès de deux pompiers à cause de la négligence. Dans les deux cas, j'ai ordonné des enquêtes et j'ai pris les mesures qu'il fallait pour mettre un terme à l'impunité au sein des forces de l'ordre. » M. Machnouk a ajouté que, depuis dimanche, aucune balle réelle n'a été tirée, ni en l'air ni sur les manifestants. Seules des balles en caoutchouc ont été tirées.
M. Machnouk a par ailleurs révélé que cinq personnes sont encore hospitalisées, depuis les incidents du week-end dernier, trois civils (des familles Jabre, Sbeity et Kassir) et deux militaires. Concernant le jeune homme de la famille Kassir, qui avait été grièvement blessé dimanche et qui est toujours dans un état stationnaire à l'Hôpital américain de Beyrouth, M. Machnouk a indiqué qu'il n'a pas été touché par une balle ni par une bombe lacrymogène.
Le ministre a précisé que sept personnes sont toujours en état d'arrestation : « Trois jeunes, accusés de se droguer, un Soudanais et un Syrien, dont on ne sait pas vraiment ce qu'ils faisaient sur les lieux, et deux jeunes qui lançaient des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre. »
M. Machnouk a précisé qu'il y a « deux genres de manifestants ». Le premier regroupe ceux qui participent à des « mouvements revendicatifs » et le second est celui des « infiltrés ». Il a accusé dans ce cadre « des membres de groupes politiques d'avoir infiltré les manifestations ». « Ils ont réussi à pousser les agents à recourir à la force, a-t-il déclaré. Ces infiltrés arrivent à une heure précise, en nombre précis et à bord de motocyclettes pour accomplir la mission dont ils sont chargés, qui est celle d'attaquer les forces de l'ordre pour les pousser à réagir violemment. »
« Les forces de l'ordre ne sont pas des démons. En les diabolisant, on cherche à déstabiliser le Liban », a ensuite déclaré M. Machnouk.
Concernant la manifestation d'aujourd'hui, à la place des Martyrs, à 18 heures, M. Machnouk s'est engagé « à protéger tout citoyen qui exprime son avis de manière pacifique ». Il a toutefois critiqué le fait que le collectif « Vous puez ! » n'ait présenté aucune demande pour obtenir une autorisation de manifester du ministère, comme l'exige la loi. « Ce n'est pas grave, nous continuerons à agir de manière responsable », a-t-il assuré, appelant les manifestants à « exprimer l'avis qu'ils veulent et insulter qui ils veulent mais sans nuire à la sécurité ». Il a toutefois mis en garde contre « un groupe rancunier qui va participer » à la manifestation. « Il y a des slogans confessionnels rancuniers que nous avons interdits pour préserver la paix civile », a-t-il ajouté.
Concernant la gestion de la crise des déchets par le gouvernement, M. Machnouk a informé les journalistes qu'il a suspendu sa participation à la commission ministérielle ad hoc chargée de gérer la crise. Il a toutefois assuré qu'il continuera à « aider en tant que volontaire ». Il a également indiqué que les Nations unies vont nommer des experts qui aideront à la mise en œuvre d'un plan pour le traitement des déchets. Il a noté que ces experts ne seront pas à la charge du gouvernement.
M. Machnouk a en outre évoqué le cas du Akkar, indiquant qu' il y a « un manque de confiance et un rejet de toute proposition sans même l'examiner ». « Cela est compréhensible vu la situation actuelle, a-t-il poursuivi. Les 100 millions de dollars qui ont été prévus pour le Akkar sont un droit pour cette région, et si les habitants acceptent et considèrent qu'il y a un intérêt à accueillir les déchets de Beyrouth, nous les en remercierons. » M. Machnouk a ensuite défendu le gouvernement actuel qui cherche à traiter les dossiers, même s'il ne réussit pas toujours. Au sujet des déchets, il y a un grave problème qui se résume au fait qu'une grande partie des Libanais voient les déchets sous l'angle régional ou confessionnel. « Jusqu'à présent, personne ne veut mettre au point un plan global commun pour résoudre cette crise », a déclaré le ministre de l'Intérieur.

Dans ce qui ressemble fort à une tentative de calmer la rue à la veille de la manifestation prévue aujourd'hui à 18h, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk est revenu hier, dans une conférence de presse, sur les incidents qui ont eu lieu samedi et dimanche derniers à la place Riad el-Solh pendant les manifestations organisées par le collectif « Vous puez ! ».Tout en rendant...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut