Rechercher
Rechercher

Politique - Décryptage

Pourquoi le Hezbollah reste méfiant à l’égard des propositions occidentales


Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, avait fait le travail préliminaire, et le document préparé par la France a suivi. En principe, ce document devrait être plus acceptable pour le Hezbollah que toutes les propositions précédentes puisqu’il n’évoque pas le retrait des forces de l’unité al-Radwane de la zone frontalière, se contentant de parler d’un redéploiement de ces forces en concomitance avec l’augmentation des effectifs de l’armée libanaise dans cette même zone. En fait, cette idée n’est pas vraiment nouvelle puisqu’elle aurait déjà été évoquée par l’émissaire présidentiel américain, Amos Hochstein, lors de son dernier entretien à Beyrouth avec le président de la Chambre, Nabih Berry, au début du mois de mars. Mais à ce moment-là, l’émissaire américain n’avait pas présenté un document écrit, se contentant d’évoquer oralement un plan en 14 points. Les négociations avaient alors buté sur un point précis, le refus du Hezbollah de tout arrangement avant la fin de la guerre à Gaza.

Cette fois-ci, les discussions entre les responsables libanais et le ministre français ont tenu compte de cette position du Hezbollah et toutes les propositions commencent par l’idée qu’il faudrait s’entendre sur une solution qui serait prête à être appliquée dès que la trêve aura été adoptée à Gaza. Il s’agirait donc en quelque sorte de gagner du temps pour mettre en place la solution dès que le moment propice viendra. D’ailleurs, les responsables libanais ont eu le sentiment que le dernier plan proposé par les Égyptiens au Hamas avait plus de chances que les précédents d’être accepté. Le climat général est donc cette fois moins pessimiste que lors des négociations précédentes, et la réponse du Hamas devrait être remise aux médiateurs dans les prochains jours.

Toutefois, en dépit de ces indices positifs, le Hezbollah ne semble pas convaincu que l’on se dirige vers une solution réelle, sous le titre de l’application stricte et totale de la résolution onusienne 1701. Les sources proches de la formation estiment que l’approche actuelle, même si elle se veut positive et tient compte de ses propres appréhensions, pourrait renfermer un piège. Les mêmes sources se demandent ainsi pourquoi on parle à Gaza d’une trêve alors que dans le dossier libanais, il est question d’une solution durable. Le Hezbollah a pourtant déclaré à plusieurs reprises que si une trêve est conclue à Gaza, elle sera respectée par le Liban, mais s’il y a une reprise des combats à Gaza, le front de soutien au sud du Liban se réchauffera aussi. Pourquoi, dans ce cas, pousser vers une solution durable sur le front du sud du Liban alors qu’à Gaza, il n’est pas encore question de conclure un cessez-le-feu durable ?

À partir de cette question, les sources proches du Hezbollah reviennent à l’idée que le principal souci des Israéliens et de ceux qui les appuient, c’est justement de détruire le principe de « l’unité des fronts » qui constitue pratiquement le ciment de ce qu’on appelle « l’axe de la résistance », ayant pour pilier l’Iran. Toujours selon ces sources, il ne s’agit pas là d’un slogan ou d’une idée théorique, mais bien d’une réalité qui permet à cet axe de faire front avec de plus grands moyens et une plus grande efficacité. Dans l’optique du Hezbollah, c’est une meilleure façon de défendre Gaza, mais aussi le Liban, le Golan, le Yémen, l’Irak et d’autres lieux qui peuvent faire l’objet d’attaques de la part d’Israël et de ses alliés. Depuis l’ouverture du front de soutien à Gaza au sud du Liban, le 8 octobre, les Israéliens et tous ceux qui cherchent à les protéger n’ont cessé d’utiliser tous les moyens disponibles pour pousser le Hezbollah à faire marche arrière, rappellent les sources proches du parti. Ils ont utilisé les menaces directes, et, depuis bientôt 7 mois, des avertissements arrivent régulièrement au Liban sur l’intention d’Israël d’élargir la confrontation avec le Liban. Ils ont aussi poussé tous ceux qui se disent les « amis du Liban » à utiliser leur influence dans ce pays pour convaincre le Hezbollah de fermer le front du Sud. Toutes ces tentatives ont jusqu’à présent été vouées à l’échec, affirment les milieux du Hezb. Toujours selon ses sources, la dernière formule utilisée est donc de dire qu’il faut profiter de la trêve en préparation à Gaza pour adopter et exécuter une solution durable au sud du Liban à travers l’application totale de la 1701. Comme cela, le Liban sera tenu d’appliquer cette solution, même si la trêve de Gaza n’aboutit pas à un cessez-le-feu durable, refusé jusqu’à présent par les Israéliens. Pour cette raison, le Hezbollah préfère ne pas se prononcer ni sur les propositions de Hochstein ni sur le document français avant l’adoption d’une solution durable pour le conflit à Gaza.

Pour le Hezbollah, l’équation est claire : une trêve à Gaza entraîne une trêve au sud du Liban, pas plus. C’est ce qu’il appelle « le lien stratégique » entre les fronts de Gaza et ceux de « l’axe de la résistance ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, avait fait le travail préliminaire, et le document préparé par la France a suivi. En principe, ce document devrait être plus acceptable pour le Hezbollah que toutes les propositions précédentes puisqu’il n’évoque pas le retrait des forces de l’unité al-Radwane de la zone frontalière, se contentant de...
commentaires (4)

Excellente analyse .

nabil samir

23 h 33, le 06 mai 2024

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Excellente analyse .

    nabil samir

    23 h 33, le 06 mai 2024

  • Lu et approuvé, quoique nous soyons encore loin du compte et ce n’est pas demain la veille que prendra fin la guerre israélo-palestinienne.

    Hitti arlette

    20 h 32, le 01 mai 2024

  • ILSAIT QUE LE TOCSIN SONNE POUR LUI. IL CRAINT LE SON DU GLAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 06, le 01 mai 2024

  • La dernier acte du "chaos contrôlé" est mis en branle et ni l'Iran ni personne n'y peut rien. Une nouvelle carte de la région avait été tracé après le 11/09 (ref. Journal Koweïtien Al siyassa) et tout ceux qui s'y opposeront sera détruit. La Libye, l'Irak et la Syrie c'est fait alors que l'Iran crève la faim et subit révoltes après révoltes.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    11 h 20, le 01 mai 2024

Retour en haut