Le député Nawaf Moussaoui s'est fait hier l'avocat du Courant patriotique libre (CPL), dénonçant l'entreprise « d'occultation et de marginalisation », et « la répression » menée contre ce parti en Conseil des ministres par le courant du Futur. Il a également dénoncé la répression des manifestants au centre-ville, estimant que d'autres « fauteurs de troubles », lors des manifestations qui avaient suivi le renversement du cabinet Hariri début 2011, n'avaient pas subi le même traitement.
« À l'heure où nous assumons des responsabilités très importantes au niveau de la confrontation avec l'ennemi sioniste et takfiriste, nous ne sommes pas avares vis-à-vis de nos responsabilités, pour ce qui est d'alléger autant que possible le fardeau des crises qui pèsent sur les gens – et ce même si nous restons attachés à la formule libanaise, fondée sur le pluralisme, le partenariat et l'équilibre », a indiqué hier M. Moussaoui, au cours d'une cérémonie funèbre à Wadi Jilo (caza de Tyr).
« Nous n'hésiterons pas à aider nos partenaires à défendre leurs droits légitimes au partenariat intégral au sein de la décision gouvernementale. Nous n'hésiterons pas à défendre les droits des gens à exprimer leur opinion d'une manière libre et sans aucune oppression », a-t-il poursuivi.
« De 2005 à 2015, le Liban connaît des manifestations et des rassemblements. Les forces de sécurité œuvraient de manière responsable avec ces manifestations. Pourquoi ce style a-t-il changé ? Pourquoi les ordres ont-ils été donnés aux forces de sécurité d'agir avec les manifestants d'une manière violente et répressive, ce qui ne ressemble ni à la culture ni à la politique au Liban ? » s'est-il interrogé.
« Certains prétendent que la raison de l'oppression dont le pouvoir politique assume la responsabilité est le vandalisme pratiqué par les manifestants. Avons-nous oublié " le jour de la colère ", lorsque des pneus ont été brûlés, des gens agressés dans leurs voitures et des routes coupées ? Nous n'avons vu à aucun moment des forces de sécurité attaquer les bloqueurs de routes, les arrêter et les frapper », a noté Nawaf Moussaoui.
« Pourquoi, face à certains cas de protestations et de vandalisme, les forces de sécurité agissent avec souplesse, mais réagissent au contraire férocement face aux manifestants ? Qui a donné l'ordre de réprimer, sous le prétexte des " infiltrés " ou des " actes de vandalisme " ? » a-t-il indiqué.
Et le député du Hezbollah de poursuivre, concernant la situation au sein du cabinet : « Cette répression politico-sécuritaire s'accompagne d'une répression politique, à travers une décision claire d'éloigner le représentant essentiel des chrétiens au sein du gouvernement de son rôle au niveau de la prise de décision en Conseil des ministres. »
« Ce qui est surprenant, c'est que cela n'était pas d'usage il y a de longs mois. Lorsque l'idée de se passer de certaines signatures liées à des ministres relevant d'un président dont le mandat était achevé a été soulevée, ils ont refusé, alors que le chef du plus grand bloc chrétien à la Chambre et le premier représentant des chrétiens au gouvernement peut être occulté et expulsé de la prise de décision. Que se passe-t-il ? Qui a recours à l'escalade ? L'escalade, c'est passer de l'action consensuelle au cabinet à une volonté de briser, de marginaliser et d'affaiblir... » a-t-il ajouté.
« Je suis pour que le CPL soit un partenaire intégral au gouvernement, sans plus, comme tous les autres. Si les ministres du Futur n'avaient pas participé à la séance, avaient boycotté le Conseil des ministres et n'avaient pas signé les décrets, certains auraient certainement protesté contre l'absence de consensualisme de ces décrets, et la séance du Conseil des ministres aurait été considérée comme non consensuelle », a-t-il noté.
Et le député du Hezbollah de souligner : « Il y a toujours des tabous auxquels il ne faut pas toucher, sauf quand cela arrive avec le CPL. On le maltraite. Le CPL n'a pas fermé la voie au dialogue. Il y a un dossier qui aurait dû être discuté avec le CPL, et voilà qu'un ministre a été le soir à son ministère et a signé le décret. Qui a donc fermé la voie au dialogue ? »
« Ce que réclame le CPL est légitime et juste. L'éloignement du CPL de la décision gouvernementale est une atteinte au consensualisme du cabinet. Ce qui émane de ce cabinet manque de consensualisme du point de vue de sa légitimité. Partant, nous encourageons les initiatives qui peuvent assurer une solution garantissant le partenariat et l'équilibre sur base du consensus. D'où l'initiative Berry d'appeler le président du Conseil à retarder la date de la convocation du Conseil des ministres, le temps de parvenir éventuellement à des solutions », a-t-il encore dit.
« Nous souhaitons que cette initiative soit couronnée de succès sur base de la réalisation du partenariat dans la prise de décision et de l'entente consensuelle, et non du diktat, comme le fait le courant du Futur », a conclu M. Moussaoui.
Liban
Nawaf Moussaoui dénonce une « répression » sécuritaire contre les manifestants et politique contre le CPL
OLJ / le 29 août 2015 à 00h00
commentaires (7)
Il ne manquait plus que la fange milicienne pour critiquer la fange sécuritaire !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
07 h 19, le 30 août 2015