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Liban - Éducation

Prix Nobel de la paix, Malala poursuit son combat... dans la Békaa

La jeune militante Malala Yousafzai était hier au Liban où elle a offert, par le biais de sa fondation et de l'ONG Kayani, éducation et formation professionnelle à plus de 200 Syriennes âgées de 14 à 18 ans. Elle en a profité pour accuser la communauté internationale d'abandonner à leur sort les centaines de milliers de réfugiés syriens.

La jeune militante Malala Yousafzai prononçant son discours. Photos Nabil Ismaïl pour Kayani

La Prix Nobel de la paix Malala Yousafzai a inauguré hier dans la Békaa la première école financée par sa fondation. La jeune Pakistanaise, qui fêtait hier également son 18e anniversaire, a choisi de passer ce 12 juillet, institué Journée de Malala (Malala Day), avec des jeunes réfugiées syriennes. L'événement se voulait naturellement un plaidoyer en faveur de l'éducation des filles, de toutes les filles.
« Je suis heureuse de célébrer mon dix-huitième anniversaire avec des filles courageuses. Mon histoire ressemble à la vôtre. Les talibans ont détruit 400 écoles au Pakistan, et, comme vous, j'ai été obligée de fuir la violence et de me réfugier loin de mon pays », a déclaré Malala, avec cette voix qui reflète tout à la fois un énorme pouvoir, mais aussi de la vulnérabilité et de la jeunesse. « Le conflit en Syrie est une véritable tragédie, la pire crise de réfugiés dans le monde depuis des décennies », a ajouté Malala, relatant sa rencontre avec les réfugiés en Jordanie, « des enfants, qui ont perdu parents et amis, qui ont marché pieds nus dans le désert, longtemps sans boire et sans manger et qui vivent aujourd'hui dans des conditions précaires et souffrent de détresse psychologique (...). Mais je vous conjure, je vous presse d'être courageuses, de rêver à un avenir meilleur. Prenez vos livres et vos stylos. Ce sont vos armes les plus puissantes pour assurer votre avenir et votre autonomie », leur a-t-elle dit, relevant que ce courage et cette ardeur à poursuivre des études dans des conditions difficiles « inspirent des gens dans le monde entier. Il est de notre devoir de les soutenir », a-t-elle martelé.

 

(Pour mémoire : Le Nobel n'a pas éteint les haines contre Malala )

 

Des livres et pas des armes
Farouche défenseur de l'éducation des filles, Malala Yousafzai s'était fait connaître à 11 ans en écrivant un blog sur le site de la BBC où elle dénonçait les exactions des talibans à Swat, dans le nord-ouest du Pakistan. En 2011, elle échappe miraculeusement à une tentative d'assassinat par des extrémistes alors qu'elle rentrait de l'école. Cette attaque (une balle en pleine tête à bout portant) avait choqué le monde entier. La jeune Pakistanaise reste aujourd'hui sous la menace d'un attentat. « Si nous en avons l'opportunité, nous essaierons de la tuer », avait fait savoir le porte-parole du mouvement Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), dans une interview accordée à la chaîne américaine ABC News.
Mais les menaces qui pèsent toujours contre Malala Yousafzai n'ont pas réussi à la réduire au silence. La jeune fille, dont le coin de la bouche demeure légèrement paralysé, ne renonce pas à son combat. Elle affirme avec une maturité surprenante que « la plume est plus forte que l'épée » et accuse les dirigeants mondiaux de rester passifs et simples spectateurs, face à la souffrance de millions de civils syriens dont la vie a été bouleversée par quatre années de guerre. Ou encore : « Au lieu d'envoyer des soldats, des balles ou des armes, répondez à l'appel humanitaire des organisations onusiennes qui n'ont reçu jusqu'à présent qu'un milliard de dollars alors que le budget espéré est de 4,5 milliards », a-t-elle lancé avant d'appeler à ériger l'éducation en priorité absolue. « Un enfant, un enseignant, un stylo et un livre peuvent changer le monde. (...) Nous voulons des femmes indépendantes qui ont les mêmes droits que les hommes. C'est une condition préalable au développement pacifique du monde que les droits des enfants et des jeunes soient respectés. C'est leur droit le plus élémentaire », a imploré la jeune fille, assurant qu'elle se battra jusqu'au bout pour rappeler au monde le drame des Syriens.

 

(Pour mémoire : Malala dédie son Nobel de la paix à « tous les enfants sans voix »)

 

La Fondation Malala et l'ONG Kayani
La plus jeune lauréate en 114 ans d'histoire du Nobel et la 16e femme récompensée avait dédié son prix « aux enfants sans voix » et avait fait un don de 50 000 dollars à ceux de Gaza pour qu'ils puissent retourner à l'école. Sa Fondation Malala Yousafzai a aussi retenu le projet de l'ONG Kayani pour financer dans la Békaa la construction et l'équipement d'une école de formation pour les jeunes filles syriennes de 14 à 18 ans où l'anglais, l'informatique et la couture seront enseignés. Fondée par Nora Joumblatt, Kayani a été créée suite à l'exposition-vente aux enchères Syri-Arts Beirut (2013), au profit des enfants syriens victimes de la guerre civile, réfugiés au Liban. Il faut rappeler que Syri-Arts avait bénéficié d'un afflux de dons sans précédent, et l'immense chaîne de solidarité avait généré de grosses recettes et permis à Kayani de se lancer dans la construction d'établissements scolaires, en développant un projet pilote avec l'Université américaine de Beyrouth (AUB), Save the Children et le ministère des Affaires sociales.
Aujourd'hui, 1 350 élèves répartis entre classes élémentaires et complémentaires bénéficient des cours dispensés dans quatre écoles, à Bar Élias et Anjar. Et pas sous des tentes, mais entre des vrais murs. « Des toilettes sèches et un système de distribution d'eau sont aussi mis en place, afin que les élèves puissent avoir une bonne hygiène durant leur temps scolaire. Nous leur fournissons également deux costumes scolaires, des chaussures, et tout le matériel nécessaire à l'apprentissage. Et, bonus appréciable pour des enfants qui n'ont pas forcément accès à une alimentation régulière, un snack et un déjeuner sont offerts à tous », souligne Nora Joumblatt. Le programme éducatif est préparé par l'ONG libanaise Ana Aqra'.
Le nom de Malala, choisi pour l'école, concentre la symbolique du combat qui résume toutes les batailles actuelles : le combat contre l'ignorance.
Signalons que la jeune militante a été reçue, accompagnée de son père et de Mme Joumblatt, par le Premier ministre Tammam Salam.

 

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