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Liban - Décryptage

Spéculations sur la signature d’un « accord-cadre » entre l’Iran et la communauté internationale

Le monde retient son souffle en attendant la date fatidique du 24 novembre pour connaître le sort des négociations entre l'Iran et la communauté internationale et, à travers elle, les États-Unis. Depuis plus de trente ans, l'Occident mène en effet la guerre au régime iranien issu de la révolution islamique, et cette guerre s'est intensifiée avec la volonté déclarée de l'Iran de se doter d'un programme nucléaire « pacifique ». Mais les développements qui se sont produits au cours de ces trente dernières années ont abouti à une situation devenue inextricable qui pousse aussi bien l'Iran que les États-Unis à rechercher impérativement un accord. Une source diplomatique occidentale à Beyrouth estime ainsi qu'en dépit du fossé encore profond entre l'Iran et l'Occident et en dépit de l'opposition féroce de certains pays régionaux, comme Israël et l'Arabie saoudite, le plus probable est que les négociations aboutissent à la conclusion d'un accord-cadre, qui ouvre la voie à des négociations plus ciblées qui pourraient reprendre au printemps 2015.


Selon cette source diplomatique, l'Iran et les États-Unis ont besoin de signer un accord, car la non-signature signifierait un retour au conflit, ce qu'aucune des deux parties ne peut supporter à l'heure actuelle. L'Iran a besoin de cet accord pour des raisons économiques évidentes, puisqu'il devrait forcément entraîner un allégement des sanctions qui lui sont imposées. Certes, ce pays a réussi à trouver d'autres marchés en signant des accords commerciaux et énergétiques avec la plupart des pays du Brics, et en particulier la Chine et la Russie, mais aussi avec la Turquie. Mais la crise économique y reste profonde et pressante. De plus, toujours selon le diplomate occidental, l'état de santé du guide suprême de la révolution islamique ne serait pas très satisfaisant, en dépit des déclarations contraires de la presse qui l'ont montré, après l'intervention chirurgicale qu'il a subie, en train de gravir une montagne et de vaquer à ses occupations ordinaires. Ce qui voudrait dire que pour cette raison aussi, le temps presse...


De son côté, le président américain, qui a jusqu'à janvier avant l'entrée en fonctions du nouveau Sénat et du nouveau Parlement, a besoin d'une victoire diplomatique importante pour redorer le blason de son administration et préparer le terrain à son parti pour la prochaine élection présidentielle. Un accord avec l'Iran serait donc non seulement le bienvenu, mais aussi presque une nécessité, d'autant que l'opposition à un tel accord n'est pas vraiment entre républicains et démocrates, puisqu'il y a des républicains qui y sont favorables et des démocrates qui y sont opposés. En même temps, la coopération entre les États-Unis et l'Iran a commencé à porter ses fruits en Irak et à donner un aperçu de ce que pourrait être la suite si l'accord se confirmait, alors que les États-Unis ont besoin de concentrer leurs efforts sur la région du Pacifique. En Irak, ce sont les États-Unis et l'Iran qui se partagent les cartes, alors que l'Arabie saoudite, qui avait crié victoire après l'éviction de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, s'est retrouvée sans marge de manœuvre et sans influence puisque même l'opposition sunnite qu'elle avait aidée et nourrie est devenue autonome et menaçante en se transformant en Daech. Aujourd'hui, les États-Unis mènent la coalition contre Daech, tout en entraînant et en encadrant l'armée irakienne, et l'Iran aide et arme les Kurdes, les tribus qui combattent Daech et les nouvelles recrues essentiellement chiites de l'armée irakienne.


L'Arabie saoudite est donc pratiquement encerclée soit par les groupes pro-iraniens, soit par Daech et ses semblables, maintenant que le calife Ibrahim, alias Abou Bakr al-Baghdadi, a annoncé son intention d'étendre son émirat au royaume wahhabite et à Bahreïn. En même temps, le Yémen n'est plus sa « province heureuse », puisque le pouvoir y est partagé entre les houthis proches de l'Iran et el-Qaëda, alors que ses alliés sont les plus faibles. Enfin, les pays du Golfe qu'elle dirige pratiquement ne sont pas favorables à un conflit ouvert avec l'Iran. Seule l'Égypte reste l'alliée de l'Arabie, mais elle est, elle aussi, plongée dans sa guerre contre le terrorisme takfiriste et prône un dialogue avec le régime syrien pour mobiliser toutes les forces en mesure de lutter contre ce terrorisme...


De son côté, Israël, qui, par la voix de son Premier ministre, ne cesse de dire que l'Iran représente une menace existentielle pour lui, ne peut plus convaincre grand monde. Surtout qu'il est aux prises avec une nouvelle intifada palestinienne en Cisjordanie et à Jérusalem, menée par des organisations laïques comme le FPLP. D'ailleurs, la presse américaine a rappelé récemment à Netanyahu que lors de la guerre entre l'Irak et l'Iran, son pays aidait les Iraniens contre les Irakiens. La révolution islamique avait déjà eu lieu, et à l'époque, il ne parlait pas de « menace existentielle »...Toute cette argumentation permet à la source diplomatique occidentale d'être convaincue que la signature d'un accord entre la communauté internationale et l'Iran est probable, même si cet accord restera incomplet...

 

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commentaires (8)

Un accord avec l’Iran dans les conditions actuelles, avec le peu de concessions des mollahs doublés du caractère irrationnel et mystique de leur modèle décisionnel serait comparable aux accords de Munich signés dans l’euphorie par Chamberlain avec l’illusion d’éviter une guerre. Avec la recherche du néant et cette quête permanente du sacrifice et du martyr la bombe serait plus porteuse d’incitation que de dissuasion pour l’Etat Islamique d’Iran. Cette Volonté d’éviter l’adversité, le rapport de force et la recherche d’un compromis floue et fragile avec un partenaire qui vous dupe perpétuellement isole profondément Obama au sein de sont propre camp. Son attentisme en Iraq et En Syrie est à l’origine de l’émergence de Daech qui a surgit par la force du Vide et en réaction aux atrocités pratiqués par les clans Assad et Maliki. La volonté d’associer l’Iran a sa lutte contre L’ EI ne trouve écho dans aucune des chambres et laisse dubitatifs ses propres conseiller qui perdent le liens de confiance avec ses alliés traditionnels Arabie Saoudite Jordanie Egypte Israël Europe Canada … Mais Robert Menendez, sénateur démocrate président de la commission des Affaires étrangères, son homologue républicain Mark Kirk et Mitch McConnell futur chef de la majorité sénatoriale ne laisseront pas signer un accord évitant le démantèlement complet du programme nucléaire iranien . Ils ne permettront pas de créer un monde tellement plus dangereux que celui d’hier.

ANDRE HALLAK

22 h 12, le 19 novembre 2014

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Commentaires (8)

  • Un accord avec l’Iran dans les conditions actuelles, avec le peu de concessions des mollahs doublés du caractère irrationnel et mystique de leur modèle décisionnel serait comparable aux accords de Munich signés dans l’euphorie par Chamberlain avec l’illusion d’éviter une guerre. Avec la recherche du néant et cette quête permanente du sacrifice et du martyr la bombe serait plus porteuse d’incitation que de dissuasion pour l’Etat Islamique d’Iran. Cette Volonté d’éviter l’adversité, le rapport de force et la recherche d’un compromis floue et fragile avec un partenaire qui vous dupe perpétuellement isole profondément Obama au sein de sont propre camp. Son attentisme en Iraq et En Syrie est à l’origine de l’émergence de Daech qui a surgit par la force du Vide et en réaction aux atrocités pratiqués par les clans Assad et Maliki. La volonté d’associer l’Iran a sa lutte contre L’ EI ne trouve écho dans aucune des chambres et laisse dubitatifs ses propres conseiller qui perdent le liens de confiance avec ses alliés traditionnels Arabie Saoudite Jordanie Egypte Israël Europe Canada … Mais Robert Menendez, sénateur démocrate président de la commission des Affaires étrangères, son homologue républicain Mark Kirk et Mitch McConnell futur chef de la majorité sénatoriale ne laisseront pas signer un accord évitant le démantèlement complet du programme nucléaire iranien . Ils ne permettront pas de créer un monde tellement plus dangereux que celui d’hier.

    ANDRE HALLAK

    22 h 12, le 19 novembre 2014

  • Un Iran nucléaire serait un danger pour le moyen orient et sans doute bien au-delà. L’Iran a depuis longtemps banni la démocratie et tyrannisé sa jeunesse. Téhéran est la ville ayant le plus fort taux d’héroïnomanes au monde (la dose d’héroïne est moins cher que le pain) .Cette situation toléré par le régime permet d’engourdir toute velléité de contestation . Pour échapper à la prison les homosexuels sont contraints au changement de sexe . Les filles ayant fugué plusieurs fois sont contraintes à la prostitution. Les mollahs deviennent alors leurs proxénète et déguisent cette pratique en mariage temporaire de quelques heures . C’est le plus fort taux de peine de mort par habitant. C’est également le seul pays qui pratique la peine de mort pour enfants de moins de 16 ans (atefa saleh). Avec ses gardiens de la révolution le régime dispose d’une police politique ; organe de répression omniprésent effectuant homicides, racket et arbitrant par la terreur le jeu politique . Le Hezb est la transposition du régime iranien au Liban avec les même pratiques. La bombe iranienne sanctuariserait pour longtemps le régime et servirait de tremplin pour exporter sa doctrine.

    ANDRE HALLAK

    22 h 10, le 19 novembre 2014

  • Je vous en veux Scarlett , oui , je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites l'Iran etrangle par les sanctions etc.... vous me donnez l'impression de reprendre ce que les journaux "perroquets" nous disent sans trop analyser les faits . Comment des sanctions de 35 ans peuvent elles avoir etrangle un pays qui ne cesse de progresser sur tous les plans ? je n'irai pas plus loin dans mon grief , de toute facon il n'y a rien de plus a vous dire dans ce sens . Mais vous faites bien de nous dire que les binsaoudies guides par la grosse binsaoudie est en voie d'explosion en plein vol , elle recule partout autour de nous , meme chez ses oisillons qui n'y croient plus et entre nous ses propres allies occicons qui realisent qu'il vaut mieux avoir un ennemi intelligent qu'un allie bête et mechant . Pour Israel , hahaha ! ils ont aide l'Iran dans le passé , oui c'est peut etre vrai , alors pourquoi ils ne veulent plus les aider ?? Parce que cette aide n'etait pas recu comme celle d'un patron a un esclave , mais dans l'interet de 2 etats , et c'est ca que les accords de ce moment tentent d'etablir . La est toute la difference entre " les 2 faces d'une meme medaille " soit dit en passant . Scarlett et Lea Saleme , 2 pures merveilles du journalisme libanais .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 35, le 19 novembre 2014

  • Super bonne analyse tres objective et intelligente...

    Michele Aoun

    11 h 29, le 19 novembre 2014

  • Toujours selon les aveux du Président Jacques Chirac....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 08, le 19 novembre 2014

  • UNE BONNE ANALYSE, TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD, SI ELLE NE PÉCHAIT PAS PAR EXCÈS DE MANQUE D'APPRÉCIATION OBJECTIVE... EN CERTAINS POINTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 32, le 19 novembre 2014

  • Si le régime de ces mollâhs ne tombe pas, Äsraël le vitrifiera nucléairement parlant !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 12, le 19 novembre 2014

  • Que dire sinon... Merci Madame Scarlett. No comment possible ou necessaire! De l'Eau de roche incontaminée.

    Ali Farhat

    01 h 38, le 19 novembre 2014

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