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À La Une - Moyen-Orient

Une ville-clé en Syrie assiégée par le groupe Etat islamique

Près de 70 000 civils kurdes trouvent refuge en Turquie.

Devant l'intensité des violences et les craintes des exactions des jihadistes, les civils kurdes fuient Kobané, ville syrienne, le 20 septembre 2014. REUTERS/Stringer

Les jihadistes de l'Etat islamique (EI, ex-Daech) assiégeaient dimanche une ville-clé kurde syrienne à la frontière turque, après avoir pris une soixantaine de villages à la suite d'une offensive fulgurante qui a poussé à la fuite des dizaines de milliers de Kurdes syriens vers la Turquie.

La prise d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), troisième agglomération kurde de Syrie, est cruciale pour l'EI car elle lui permettrait de contrôler une large portion de la frontière syro-turque sans discontinuité.


Fort de quelque 35 000 hommes recrutés dans plusieurs pays, notamment occidentaux, ce groupe ultra-radical sunnite continue de s'emparer de régions en Syrie comme en Irak, malgré l'annonce par les Etats-Unis de leur intention de le détruire avec l'aide d'une large coalition internationale.

Selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, Kobané est "totalement assiégée" par les jihadistes qui ont pris plus de 60 villages dans les environs depuis le lancement de leur nouvelle offensive pour reprendre la ville. Ils "ont encore progressé et se trouvent à certains endroits à une dizaine de km seulement" de Kobané.

 

(Repère : Coalition internationale contre l'EI : Qui va faire quoi?)

 

Les combats font rage entre les jihadistes, munis d'armes lourdes et de chars, et les combattants kurdes qui défendent Kobané avec l'aide de leurs frères d'armes venus de Turquie. Ces affrontements ont fait au moins 39 morts côté jihadiste et 27 côté kurde en plus d'au moins 11 civils exécutés par l'EI depuis mardi. "La grande majorité des jihadistes tués sont des non-Syriens, dont des Tchétchènes et des ressortissants du Golfe", selon M. Abdel Rahmane.


Devant l'intensité des violences et les craintes des exactions des jihadistes, les civils kurdes de la ville et de ses environs, qui comptaient quelque 450 000 habitants avant les violences, continuaient de fuir vers la Turquie, d'après l'OSDH.


Depuis vendredi, quelque 70.000 civils kurdes ont trouvé refuge dans ce pays, selon le Haut-commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) qui évoque l'arrivée possible de "centaines de milliers" de personnes supplémentaires, alors que l'opposition syrienne en exil a mis en garde contre un "nettoyage ethnique".

 

(Lire aussi : En Syrie aujourd’hui, comme au Liban hier, la guerre des autres...) 

 

Maisons détruites, décapitations
Selon un photographe de l'AFP, des cohortes de milliers de personnes contraintes à la fuite, dont un grand nombre de femmes, d'enfants et de vieillards chargés de sacs et de valises, se sont pressées toute la journée de samedi aux alentours du poste-frontière de Mursitpinar (sud de la Turquie).


Les soldats ont ouvert les barbelés séparant les deux pays en plusieurs points pour faciliter le passage de ces réfugiés venant de Kobané, notamment près de la localité turque de Suruc (sud-est). "L'EI est venu dans notre village et a menacé tout le monde. Ils l'ont bombardé et ont détruit les maisons. Ils ont décapité ceux qui sont restés", raconte un réfugié, Mohammed Issa, qui a fui avec sa famille.


M. Abdel Rahmane a affirmé dimanche que le sort de 800 habitants de villages pris par l'EI "restait inconnu", après avoir fait état de plus d'une dizaine d'exécutions de civils par les jihadistes.

 

(Lire aussi : Le Pentagone élabore une stratégie méticuleuse contre l'EI en Syrie)

 

En lançant l'assaut sur Kobané, l'EI veut s'assurer une liberté de mouvement dans l'important tronçon qu'il contrôle à la frontière turc et renforcer son emprise dans le nord syrien où il occupe de vastes régions, de même que de larges pans de territoires en Irak voisin.


L'EI a été accusé de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité par l'Onu dans le nord de l'Irak, après y avoir pris plusieurs localités poussant à la fuite des centaines de milliers d'Irakiens, principalement des membres de minorités.

 

Toujours pas d'action américaine en Syrie
Dans sa stratégie antijihadistes annoncée début septembre, le président américain Barack Obama, dont le pays mène des frappes contre les positions de l'EI en Irak depuis le 8 août, a affirmé qu'il était prêt à faire de même en Syrie, mais aucune action militaire n'a encore été entreprise dans ce pays.


Le président américain, qui a exclu des troupes au sol en Irak comme en Syrie, veut aussi entraîner et mieux équiper les rebelles modérés syriens pour qu'ils puissent faire face à l'EI. Les frappes américaines, qui se sont poursuivies samedi au sud-est et à l'ouest de Bagdad, ont aidé les forces irakiennes à freiner la progression jihadiste dans le nord et à reprendre certains secteurs.


Outre les exactions dans les régions qu'il contrôle, ce sont les vidéos diffusées par l'EI et montrant l'exécution de deux journalistes américains et d'un humanitaire britannique qui ont révulsé le monde et l'ont poussé à agir. Seule note positive dans ce contexte macabre, 46 Turcs enlevés à Mossoul (nord) aux premiers jours de l'offensive de l'EI en Irak, ont été libérés et sont arrivés samedi en Turquie, pays voisin de l'Irak.

 

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