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À La Une - Irak

L'ayatollah Sistani appelle à chasser les insurgés sunnites d'Irak

Le leader chiite prône la formation d'un "gouvernement efficace" qui "évite les erreurs du passé".

Un enfant, membre de la communauté chiite irakienne vivant en Iran, manifeste à Téhéran le 20 juin 2014, contre l'offensive des jihadistes sunnites en Irak. En arrière plan, une photo de l'ayatollah Sistani qui a appelé à chasser les jihadistes sunnites d'Irak. AFP /ATTA KENARE

Le principal chef religieux chiite d'Irak, le très influent grand ayatollah Ali Al-Sistani, a appelé vendredi à chasser rapidement les insurgés sunnites du pays, au moment où les Etats-Unis accentuent la pression sur le Premier ministre Nouri al-Maliki pour surmonter les divisions confessionnelles. Après avoir appelé la semaine dernière les citoyens irakiens de toutes confessions à prendre les armes contre l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech), l'ayatollah Sistani a insisté: si Daech n'est pas "combattu et chassé d'Irak, tout le monde le regrettera demain, quand les regrets n'auront plus de sens".


Son porte-parole a ajouté que le dignitaire avait aussi appelé à la formation "d'un gouvernement efficace" qui "évite les erreurs du passé". Il s'agit d'une critique implicite contre M. Maliki, un chiite dont le bloc politique est arrivé en tête des législatives d'avril et qui ne parvient pas à former un nouveau cabinet tant les divisions sont profondes.


Au pouvoir depuis 2006, M. Maliki est accusé d'avoir mené une politique confessionnelle qui a marginalisé la minorité sunnite, aliéné aussi ses partenaires kurdes et chiites, et préparé le terrain à l'offensive jihadiste.
Il est honni par les insurgés qui ont, avec des attentats quasi-quotidiens, ensanglanté le pays depuis plus d'un an.

 

(Lire aussi : Les jihadistes à la tête d'une coalition hétéroclite en Irak)

 

'Avec ou sans Maliki'
Pour le président Barack Obama, les actions futures de M. Maliki pourraient déterminer le sort du pays, alors que l'idée d'un départ du Premier ministre est de plus en plus évoquée à Washington.
Après l'engagement américain en Irak (2003-2011) qui a renversé le président sunnite Saddam Hussein et coûté la vie en huit ans à 4.500 soldats, M. Obama a affirmé jeudi qu'il ne saurait y avoir de solution militaire.
M. Maliki "et les autres dirigeants irakiens sont face à un test", a prévenu le président américain en les appelant à "surmonter la méfiance, les profondes divisions confessionnelles" et l'opportunisme politique.

La France a été plus loin en souhaitant que l'irak se dote d'un gouvernement d'union "avec ou sans" M. Maliki.

 

(Lire aussi: L’Irak est-il en train de payer les erreurs de Maliki ?)


Malgré les critiques contre M. Maliki, M. Obama a affirmé qu'il aiderait "les Irakiens dans leur combat contre les terroristes" qui menacent aussi "les intérêts américains".
Il a souligné que son pays était prêt à "une action militaire ciblée et précise si et quand la situation sur le terrain l'exige". Les Etats-Unis ont renforcé leurs vols de surveillance de l'Irak, y compris à l'aide de drones et de chasseurs F-18 décollant d'un porte-avions croisant dans le Golfe.
M. Obama a également promis d'envoyer des conseillers militaires pour aider l'armée irakienne à faire face à la vaste offensive lancée le 9 juin par des insurgés menés par les jihadistes de Daech. Les quelque 300 conseillers militaires annoncés auront pour mission d'"entraîner et soutenir" les forces irakiennes et pourraient servir à coordonner des frappes aériennes. Leur déploiement doit intervenir "très bientôt", selon un responsable.

Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, est en outre attendu ce week-end au Moyen-Orient et en Europe pour des consultations sur la crise irakienne et devrait selon des sources parlementaires américaines se rendre aussi en Irak.

 

Dans ce contexte, M. Obama a mis en garde l'Iran chiite, voisin de l'irak lui-même à majorité chiite, contre "une intervention militaire seulement au nom des chiites".
En retour, l'Iran a accusé M. Obama de manquer de "volonté" pour combattre le "terrorisme".

 

(Lire aussi : Face aux offensives jihadistes en Irak, la nécessité d'une coopération internationale accrue)

 

- Plus d'un million de déplacés -

Depuis le 9 juin, l'EIIL a pris la deuxième ville d'Irak, Mossoul, une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord). Il s'est emparé en outre d'une ancienne usine de production d'armes chimiques à al-Mouthanna, au nord de Bagdad.

Vendredi, les insurgés sunnites consolidaient leur contrôle sur les larges pans de territoires pris dans quatre provinces du nord et de l'est du pays, et tentaient de se frayer un chemin en direction de Bagdad, l'un de leurs objectifs selon un chef du groupe.
Après la débandade des premiers jours, les forces armées tentent désormais d'enrayer leur avancée. Mais des combats nocturnes à Al-Qaïm (ouest), à la frontière syrienne, ont fait 34 morts parmi les soldats, selon des responsables.

 

(Eclairage : L'armée irakienne minée par une corruption endémique)


Cette avancée de Daech, qui ambitionne de créer un Etat islamique après avoir pris des secteurs frontaliers en Syrie, a fait plus d'un million de déplacés.
Les agences humanitaires de l'ONU ont indiqué augmenter leur aide pour ces déplacés mais l'insécurité croissante complique leur tâche. Une réunion à huis clos avec les pays donateurs est prévue vendredi à Genève.
Selon l'ONU, environ la moitié de ces déplacés l'ont été par les combats dans la région occidentale d'Al-Anbar, où l'EIIL occupe plusieurs zones depuis janvier.
Et dans le nord du pays, une quarantaine de travailleurs indiens et quelque 80 Turcs sont toujours retenus en otages.

 

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