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Culture - Musique

Un bol d’air frais à Beit-Méry pour « Le Barbier de Séville » de Rossini

Un opéra-bouffe des plus joués au monde. Celui de Rossini où batifolent un comte énamouré, une jeune fille en fleur, un figaro rusé comme un renard, une camériste amusante et un vieux barbon, tuteur méfiant et tyrannique. « Le Barbier de Séville »*, par-delà ses entourloupes, coiffe pour deux soirs au Bustan.

Une excellente distribution et un bon casting convaincants pour une production totalement locale. Photo Marwan Assaf

Branle-bas de combat sur les planches de l'auditorium Émile Boustani. Avec un public qui piaffe d'impatience. Et des musiciens, des chanteurs et des comparses qui ont hâte que le rideau se lève. Au menu, ce célèbre Barbier de Séville de Rossini, entre Paisello et Mozart, avec un texte de Beaumarchais, dense en allusions sociales chargées de pointes, qui vient à juste titre faire un tour du côté du pays du Cèdre où l'état du citoyen est moins qu'enviable...


Dans une production parfaitement locale, il y a les efforts conjugués des nerfs de cet événement culturel belcantiste : le Conservatoire national supérieur de musique, l'Université antonine, l'Institut culturel italien et le Festival al-Bustan. La mise en scène et la dramaturgie sont signées Marco Spada et la direction musicale est assurée par le révérend père Toufic Maatouk.


Pas d'orchestre, mais un piano (derrière les touches Salvatori Scinaldi) pour accompagner chœur et solistes.
Ouverture (à quatre mains!) en tonalités joyeuses et volubiles, avec des «crescendi» successifs pour une enfilade de notes pimpantes et mouvementées. Une ouverture employée un peu à toutes les sauces. On l'écoute ici avec un plaisir extrême dans sa version inhabituelle, pour annoncer marivaudages, arlequinades, bouffonneries, mascarades et coups de théâtre. Tout un art pour s'entretenir des précautions inutiles... Et où, bien entendu, l'amour, «qui n'a honte de rien», triomphe.


La scène s'ouvre sur un décor nu. Et pas de costumes d'époque tralala, mais des habits modernes, un peu excentriques, simples et efficaces, signés Luisella Pintus.
D'emblée qu'on liquide la trame de l'histoire aux secrets aujourd'hui usés jusqu'à la corde. Bartholo ne badine pas avec les convenances. Tuteur grincheux, il a l'œil sur son aguichante pupille Rosine. Il prend garde du prédateur-séducteur comte Almaviva. Pour forcer le destin, ce dernier a un compère complice: l'habile et inventif Figaro.
De coups de ciseaux en tricheries diverses, de stratagèmes extravagants en billets doux faussés et contrefaçonnés, les amoureux finissent par arracher un contrat de mariage. Et le cœur a raison de toutes les déraisons.


Sur ce schéma charmant, burlesque et un peu délirant serpente la musique fluide et volatile de Rossini. Deux cavatines magnifiques. Celles de Rosine (angélisme de soprane avec ce «voce poco fa...») et de Figaro (suprême de baryton avec «Largo al factotum») et on n'oublie pas l'air de Basilio «la calumnia e une venticello»... Mené tambour battant, ce barbier a de l'entrain, de la légèreté, du rythme et de la vivacité. Lestée des accessoires de scène et du fatras des costumes, l'entreprise s'est concentrée sur le travail de la voix.


Dans une excellente distribution et un bon casting, tous les protagonistes sont absolument convaincants. En tête du peloton, le pétillant Figaro, délicieusement campé par Omar Camata, au meilleur de sa forme avec une corpulence «falstaffienne», un visage poupin et une gestuelle d'une étonnante agilité. Rosine, incarnée par Cynthia Samaha Melki, est une pupille de rêve: silhouette gracieuse et voix séraphique avec juste ce qu'il faut de coquetterie un peu timide et compassée... À ses pieds, un comte (Béchara Moufarrej) un peu perdu, mais néanmoins ténor prometteur. Une soubrette piquante de drôlerie à qui Mira Akiki prête mimiques et voix futée. Deux basses remarquables, Bartolo (interprété avec finesse par Antonino Mistretta) et surtout Basilio, admirablement sous la coupe caverneuse de la voix de Carlo Malinverno.
En se dégageant de toute fioriture visuelle, sans jamais négliger l'essentiel, ce travail d'une jeunesse plus que louable dans sa tentative de réussir un atelier lyrique libanais est absolument réconfortant dans l'état d'un pays qui a en ce moment la tête et la voix ailleurs... Un pari enfin bien parti et en voie d'être gagné...

*« Le Barbier de Séville » de Rossini se donne aussi au Bustan aujourd'hui, jeudi 15 mai.

Branle-bas de combat sur les planches de l'auditorium Émile Boustani. Avec un public qui piaffe d'impatience. Et des musiciens, des chanteurs et des comparses qui ont hâte que le rideau se lève. Au menu, ce célèbre Barbier de Séville de Rossini, entre Paisello et Mozart, avec un texte de Beaumarchais, dense en allusions sociales chargées de pointes, qui vient à juste titre faire un tour...

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