L'armée syrienne appuyée par le Hezbollah a pris le contrôle de la totalité de la ville de Yabroud, dernier bastion rebelle dans les montagnes de Qalamoun, à 75 km au nord de Damas, dimanche à l'issue d'une bataille de 48 heures, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous avons pris le contrôle total de la ville à 10 heures ce matin", a affirmé à l'AFP un officier, alors que dans la rue de nombreux soldats et supplétifs de l'armée gouvernementale se reposaient assis sur les trottoirs, la mine fatiguée. "Ce fut la bataille la plus difficile que nous ayons menée car les rebelles se trouvaient dans la montagne qui entoure la ville et dans les immeubles de Yabroud. Il a fallu d'abord s'occuper des collines puis samedi nous sommes entrés par l'est de la ville jusqu'au centre sportif, et aujourd'hui nous avons fini le travail", a-t-il précisé.
Sur la chaussée se trouvent de nombreux câbles d'électricité coupés et certains immeubles portent les traces des violents combats.
La prise de ce dernier bastion rebelle près de la frontière libanaise permettra de bloquer toute infiltration rebelle vers le Liban, en particulier vers la ville sunnite de Ersal (dans la Békaa) qui soutient la rébellion.
"Nos braves forces armées contrôlent entièrement la ville de Yabroud, dans la province de Damas, et fouillent la ville pour en retirer les engins explosifs posés par les terroristes", a annoncé la télévision d'Etat, en référence aux rebelles. Elle a affirmé que l'armée pourchassait les combattants entre le village de Flita en Syrie et la ville libanaise de Ersal.
L'armée va maintenant fermer complètement les routes qui permettaient l'acheminement des renforts à l'opposition à travers la frontière libanaise, a indiqué une source de sécurité à Damas.
"Un coup fatal pour les terroristes"
"L'armée syrienne a rétabli la sécurité et la stabilité dans Yabroud et ses environs, après avoir anéanti un grand nombre de terroristes", a de son côté indiqué l'armée dans un communiqué lu à la télévision. "Ce nouvel exploit qui complète les succès remportés par l'armée dans la région du Qalamoun (..) sécurise les régions frontalières avec le Liban et coupe les routes de renforts" pour les rebelles, affirme le communiqué. "Il renforce également la sécurité de la route internationale entre le sud et le centre" du pays, selon le texte. "Anéantir le terrorisme à Qalamoun est un coup fatal pour les terroristes", ajoute-t-il en assurant vouloir pourchasser les terroristes pour (...) rétablir la sécurité sur chaque pouce de notre patrie".
Pour le Hezbollah, cette prise est cruciale car selon le mouvement chiite armé, c'est de Yabroud que sont venues les voitures piégées utilisées dans les attentats meurtriers qui ont secoué ses bastions au Liban ces derniers mois.
Des sources de l'opposition ont indiqué que les civils et les militants avaient fui la ville en direction de la frontière libanaise dans la nuit, avant la chute de Yabroud. Une source de sécurité a dans ce contexte affirmé dimanche à la chaîne LBC qu'un grand nombre de combattants syriens ont fui dans la nuit vers les jurd de Ersal. Ces informations ont néanmoins été démenties par la municipalité de la ville. Au moins quatre tués et une vingtaine de blessés ont en outre été transportés dimanche de Yabroud à un hôpital de Ersal, toujours selon les médias libanais.
L'aviation syrienne a parallèlement mené au moins quatre raids sur les jurd de Ersal, visant les combattants de l'opposition. Ces raids ont fait au moins un tué et plusieurs blessés, selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).
Appel à armer les rebelles
La perte de Yabroud est un coup dur pour la rébellion, gangrenée par les groupes jihadistes, alors que le régime est passé ces derniers mois à l'offensive.
"Yabroud est à moins de 10 km de l'autoroute Damas-Homs, elle représente une menace pour la sécurité de cet axe", expliquait récemment le géographe Fabrice Balanche, expert de la Syrie. De plus, les rebelles lançaient depuis cette ville "des offensives sur les localités" pro-régime et menaçaient même Damas par le nord, ajoutait-il. "En reprenant Yabroud, l'armée se prépare à fermer complètement la frontière libanaise, la base de Ersal n'aura plus de raison d'être, ce qui soulagera le Hezbollah", déclarait-il. Selon lui, le régime "pourra ainsi se concentrer sur la défense au sud de Damas, régulièrement menacé par des offensives" rebelles.
Samedi, trois ans jour pour jour après le début de la révolte en Syrie, le chef de l'opposition Ahmad Jarba a appelé la communauté internationale à "donner les moyens" aux rebelles "de se battre contre Assad et contre les jihadistes qu'il a tout fait pour attirer", en référence aux armes que ne cesse de réclamer l'opposition aux Occidentaux.
Le conflit en Syrie est né d'une contestation populaire pacifique lancée le 15 mars 2011, qui s'est militarisée face à l'impitoyable répression, jusqu'à devenir une guerre totale. Trois ans de violences ont coûté la vie à plus de 146.000 personnes selon une ONG syrienne, ont contraint selon l'ONU plus de neuf millions de personnes à fuir leur foyer et ont détruit le pays, plongé dans une crise humanitaire majeure dans laquelle les enfants sont en première ligne.
Brahimi en Iran
Les organisations humanitaires ont réclamé l'application d'une résolution votée en février par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui appelle les parties en conflit à autoriser un accès de l'aide humanitaire à tout le pays.
Fort notamment de ses derniers succès sur le terrain, le président Bachar el-Assad, dont la famille tient le pouvoir depuis plus de 40 ans, n'est aucunement prêt à lâcher le pouvoir. Le Parlement a voté jeudi une loi ouvrant la voie à sa réélection, en excluant de facto de la prochaine présidentielle l'opposition en exil qui exige principalement un départ du président. M. Assad, dont le deuxième septennat expire le 17 juillet, n'a pas encore officiellement annoncé son intention de briguer un troisième mandat mais il a affirmé en janvier à l'AFP qu'il y avait de "fortes chances" qu'il le fasse.
L'organisation de cette présidentielle en plein conflit a été dénoncée par le médiateur international Lakhdar Brahimi, pour qui elle torpille les négociations de paix entre régime et opposition,aujourd'hui suspendues après deux sessions infructueuses à Genève. M. Brahimi, critiqué par Damas pour ses déclarations, est attendu dimanche en Iran, l'un des rares alliés du régime Assad, pour un entretien avec le président Hassan Rohani.
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commentaires (10)
L'OURS AYANT AVALÉ UN TRÈS GROS "OS" LES CHOSES RISQUENT DE BIFURQUER À MOYENNE ÉCHÉANCE... ET... RIRA BIEN QUI RIRA LE DERNIER... QUI QU'IL SOIT CE DERNIER... LE RÉGIME OU LE PEUPLE SYRIEN ! C'EST LA RÈGLE DU JEU...
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 13, le 17 mars 2014