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Culture - Jeune talent

Le Libanais d'Angoulême...

Son homonyme est l'indéboulonnable champion de rallye libanais. Mais lui, c'est plutôt sur le papier et avec des crayons de couleur qu'il trace son sillon. Rojer Feghali, 28 ans, expose à Angoulême* jusqu'au 2 février.

Rojer Feghali, un quotdien en bulles.

Il dessine, dessine... Depuis qu'il est tout petit. Sur les cahiers d'école, et même (surtout ?) durant les cours. Il faut dire que les crayons de couleurs exerçaient sur lui une véritable attraction et le poussaient à créer des lignes et des formes dont il ne voyait pas trop sur quoi elles allaient aboutir.

Il suffit parfois d'un petit coup de pouce du destin pour révéler un talent. Celui de Rojer revient à son enfance. « J'étais en classe de 11e, pendant un cours de dessin. Il fallait raconteur une histoire, en diviser les séquences dans plusieurs cases. Je me rappelle très bien, c'était l'histoire d'un jardinier qui prenait soin des plantes de son potager ». Mais voilà, aucune des petites têtes brunes ne savait s'y prendre pour faire circuler l'histoire dans des carrés. Sauf le petit Rojer, évidemment.

Voyant son dessin parfaitement exécuté, la maîtresse exulte, félicite le futur dessinateur et affiche l'oeuvre devant tout la classe. « Je pense que cet encouragement inattendu m'a donné envie de perfectionner l'art de manier les crayons ».  Inutile de préciser qu'il attendait dès lors avec une grande impatience ses cours de dessin.

Plus tard, ses études académiques l'ont mené en architecture d'intérieur. « Je ne m'y plaisais pas trop, dit-il, surtout que la plus gros du travail était fait sur ordinateur ». Le virtuel, merci, circulez. Le dessinateur préfère le réel, le jeu des volumes et des compositions manuelles.

Son diplôme d'architecte en poche, il se dirige vers des études en art graphique et en communication visuelle, un cursus que l'Université libanaise proposait pour la première fois en 2007. « J'ai fait le concours et j'étais le 5e sur la liste, mais là aussi, il fallait plus manier une souris d'ordinateur qu'une palette ou des pinceaux. » Tout en suivant son mastère, il enseigne la peinture et des matières relatives à la décoration d'intérieur et le graphisme dans des lycées et des instituts privés dans les banlieues de Beyrouth.

Inséparable de son carnet de croquis, qu'il noircit en faisant le trajet entre Aley (son village) et Beyrouth, où lorsque ses élèves sont occupés à faire des devoirs. « Je profitais du temps perdu pour faire des petites BD et des illustrations dont l'inspiration vient de mon quotidien et des situations un peu bizarres que je rencontre. »

À présent, Rojer Feghali est étudiant en master deuxième année de BD à l'école européenne supérieure de l'image d'Angoulême (EESI), « premier Libanais dans l'histoire de l'école, selon la direction ». C'est dans cette ville « tout en bulles » qu'il tient une exposition, en parallèle au mythique festival de BD.

Elle comprend des « BD muettes dessinées sur papier avec de l'encre de Chine appliquée directement et corrigée avec de l'acrylique blanc, raconte-t-il. » Quelques-unes comportent du collage et même des couleurs chaudes, 3 planches de bandes dessinées sous le nom « le village » sur lesquelles le collage intervient d'une façon intensive, et une dernière série de dessins format A5 issus de mon petit carnet.

Parmi les figures récurrentes dans son oeuvre : le cheikh, « ce personnage du village et notamment du mien, Aley ; les moustaches, qui représentent le boulanger, le marchand, le Libanais monsieur tout- le-monde ; les objets du quotidien comme le café, le tapis oriental... ».

Feghali privilégie la technique mixte pour sa souplesse, sa spontanéité et sa plasticité. En plus, c'est idéal pour ceux qui aiment l'art recyclé, où tout est bon pour construire une oeuvre. « Feutre, acrylique, crayons de couleur et collage sur un papier dont le verso est mon planning du mois. Le recto est toujours ma planche de dessin, des croquis qui représentent en général des dessins narratifs ou même des BD muettes. »

Ses sujets de prédilection s'inspirent d'un quotidien teinté d'humour et de fantastique, tout en saisissant le plus authentiquement possible une vérité sociale. « Sur ma table à dessin je commence à dessiner d'une façon arbitraire et le dessin évolue de lui-même. » On espère qu'il sera de même pour sa carrière.

*À la galerie Espaces libres, 9 rue Fanfrelin, ancien

 

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