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Culture - Installation

Zeina Abirached, une vie sur la pointe... du crayon

Zeina Abirached a posé ses valises à l’Institut français* et les a déballées pour en sortir des cartes postales, des souvenirs, des affiches, des brochures de revues ou des planches inédites. Un parcours baptisé « Paris n’est pas une île déserte » et qui se lit en images jusqu’au 6 décembre.

Le trait graphique ainsi que le noir et blanc, labels de Zeina Abirached.

Ce n’est pas une simple exposition et, certainement pas, un accrochage qu’on parcourt durant quelques instants. «Paris n’est pas une île déserte» est une invitation à partager des mots et des images avec cette auteure, célèbre pour ses ouvrages illustrés sur son enfance au Liban pendant la guerre civile et notamment avec «Beyrouth Catharsis» (2006) où elle a imposé son trait graphique sur fond noir et blanc tout en yin et en yang.
«Quand j’ai quitté Beyrouth, dit-elle, il m’a semblé que le contenu de ma valise ne suffirait jamais à meubler Paris. Alors j’ai emporté des images, cartes postales d’un monde qui, me semblait-il, risquait de disparaître si j’arrêtais de le regarder...»

La valise... de papiers
À travers une très belle scénographie – qu’elle a elle-même réalisée –, Zeina Abirached tente de redessiner les contours de son île, devenue «de moins en moins déserte». Des photos de rues, et surtout d’atmosphères, sont suspendues devant des pans de mur de couleurs différentes qui mettent en évidence le noir et blanc, son label. Ici, tout témoigne des étapes de vie qui se tissent et se lisent. Comme si on pénétrait les couloirs du temps et qu’on remontait les aiguilles d’une montre.
De ses premiers flirts avec la langue française, présentés avec beaucoup d’humour sur des planches inédites (tirage numérique), aux nombreux ouvrages écrits et illustrés, l’artiste voyage dans les mots, les images et, par la suite, les couleurs. Ainsi c’est une explosion de teintes qu’on peut découvrir sur les affiches du Festival de jazz à Porquerolles, ou du Festival d’Aix-en-Provence, ces dernières ayant été placardées tout au long du Cours Mirabeau. La jeune illustratrice n’est plus cette adolescente qui racontait les bombes sur son quartier ou les réunions familiales durant la guerre. Elle est devenue, tout comme sa BD, une hirondelle qui, au fil des allers-retours saisonniers, emporte sur ses ailes son identité. Sa langue véhicule, serpente, se traduit en anglais, italien, espagnol, suédois, turc ou allemand.
Zeina Abirached a ouvert sa boîte à surprises. Son crayon a dessiné les circonvolutions d’une âme joyeuse et rieuse. Ses illustrations en couverture de deux romans de Khaled Hosseini (2012) ou pour le livre du «Chevalier Zifar» (tirages numérotés et signés, collages manuels), l’adaptation de son ouvrage Le Mouton en film animé dont son frère a signé la musique, mais aussi des collaborations avec de grands journaux (tel le dessin de presse pour le NY Times en 2013), des expositions comme celle au Musée national de l’émigration à Paris, ou récemment ses travaux effectués pour Marseille Provence où, dit-elle, «c’est la première fois que je deviens illustratrice archiviste pour la France», autant de travaux qui traduisent sa boulimie pour le dessin et l’expression juste. «Je réfléchis en images, dit-elle dès qu’on lui pose la question, et ma pensée est toujours fusionnelle avec le symbole.»
Après avoir suivi le parcours haut en couleur d’Abirached, une flèche nous indique une chambrette où est projeté un documentaire réalisé par Métropolis (Arte). On rentre directement dans l’intimité de l’illustratrice et sur la pointe de son crayon qui se taille, se lime, s’affûte et crée. On en ressort avec une autre petite «pointe», cette fois d’amertume. Ayant fait les globe-trotters, les récits de Zeina Abirached, bien que nouvellement introduits au programme scolaire grâce aux éditions Hatem, n’ont pourtant pas encore été traduits dans la langue maternelle, l’arabe. Ce serait dommage que l’adage «Nul n’est prophète en son pays» s’applique au parcours fabuleux de Zeina Abirached.

*Institut français de Beyrouth, ouvert tous les jours jusqu’à 20 heures et les samedis jusqu’à 13 heures.

Ce n’est pas une simple exposition et, certainement pas, un accrochage qu’on parcourt durant quelques instants. «Paris n’est pas une île déserte» est une invitation à partager des mots et des images avec cette auteure, célèbre pour ses ouvrages illustrés sur son enfance au Liban pendant la guerre civile et notamment avec...

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