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À La Une - Témoignages

De retour au pays, des migrants éthiopiens racontent leur calvaire en Arabie Saoudite

"La police m'a demandé de l'argent, mais à l'époque je n'en avais pas, alors la police m'a battu"

Des travailleurs migrants avant leur départ de Riyad, le 14 novembre 2013. AFP/FAYEZ NURELDINE

Quand Abdallah Awele a quitté l'Ethiopie pour l'Arabie Saoudite l'an dernier, il pensait trouver un bon travail et gagner assez d'argent pour subvenir aux besoins de sa famille restée au pays.

A la place, le jeune homme de 21 ans a été battu, volé et emprisonné pour séjour illégal en Arabie Saoudite.

 

"Je voulais un bon salaire et une bonne vie, c'est pour ça que j'ai passé la frontière", raconte-t-il, tout juste rentré à Addis Abeba. "Quand je suis arrivé en Arabie Saoudite, j'ai (d'abord) réussi, je mettais beaucoup d'argent de côté. Maintenant, je suis revenu à la maison et je ne retournerai pas là-bas".

 

Abdallah Awele est un des 23.000 Ethiopiens - au moins - qui vivaient en Arabie Saoudite illégalement, sous le coup d'une mesure d'expulsion de Ryad et que le gouvernement éthiopien a commencé à rapatrier.

Au début du mois, trois de ces Ethiopiens ont été tués dans des affrontements avec la police, alors qu'après un sursis de sept mois, les autorités saoudiennes commençaient à préparer les travailleurs illégaux au retour.

 

"Quand j'ai été emmené à la police, j'avais 3.500 riyals (700 euros), j'ai finalement été conduit en prison, j'ai perdu mes bagages et tout mon argent a été pris par la police", raconte le jeune homme.

"La police a même pris mes chaussures", poursuit-il en quittant, pieds nus, l'aéroport d'Addis avec une trentaine d'autres Ethiopiens, rentrés comme lui vendredi.

 

Abdallah Awele gardait des animaux en Arabie Saoudite et dit avoir été emprisonné six mois. Le jeune homme, qui montre des cicatrices dans le bas de sa nuque, affirme que la police le battait et qu'il a manqué de nourriture et de soins en prison.


(Lire aussi : Arabie : Plus de 200.000 travailleurs étrangers expulsés depuis début 2013)

Le poids du chômage

Face au manque d'opportunités en Ethiopie, de nombreux Ethiopiens, surtout des femmes, ont choisi d'émigrer au Moyen-Orient ces dernières années pour y trouver du travail.

Selon l'Organisation internationale du Travail (OIT), beaucoup d'entre eux, mal payés, sont victimes de sévices physiques et psychologiques et de discrimination.

A tel point qu'Addis Abeba vient elle-même d'interdire aux Ethiopiens de partir chercher des emplois à domicile au Moyen-Orient.

 

Lui aussi de retour vendredi, Abdurahman Kamal dit également avoir été battu avant d'être emprisonné 10 jours. Son employeur lui avait coupé les vivres et lui avait retiré le soutien indispensable à l'obtention de son visa avant de le remettre aux autorités.

 

"La police m'a demandé de l'argent, mais à l'époque je n'avais pas d'argent, alors la police m'a battu", raconte le jeune homme, 21 ans également, qui travaillait comme chauffeur.

Après trois années passés en Arabie saoudite, il est soulagé d'être rentré. "Je vais retrouver ma famille", confie-t-il. Il n'a sur le dos qu'un T-Shirt déchiré qui laisse entrevoir des cicatrices.

 

Avec une population de 91 millions d'habitants, l'Ethiopie est le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique après le Nigeria, mais figure parmi les 15 derniers pays du monde en matière de développement humain.

Le taux de chômage - 27% chez les femmes, 13% chez les hommes, selon l'OIT - est l'une des principales causes de l'expatriation des jeunes.

 

Ahmed Abduljebar, 25 ans, est un autre de ces jeunes qui rêvaient d'une vie meilleure. Il a d'abord gagné le Yémen, où il travaillait comme serveur. Puis il a été arrêté en traversant sans visa la frontière saoudienne.

Et comme les autres, il dit avoir été volé et battu avant d'être mis trois mois derrière les barreaux. Ahmed Abduljebar en veut aussi aux autorités éthiopiennes qui, dit-il, n'ont pas réagi suffisamment rapidement pour faire libérer leurs ressortissants.

"L'ambassade éthiopienne (...) ne protège pas les Ethiopiens, déplore-t-il. Si vous êtes en prison, personne ne se soucie de vous et il ne viennent pas vous chercher rapidement".

Il vit mal le fait de savoir des milliers d'Ethiopiens toujours emprisonnés en Arabie saoudite.

Même s'il sait que dans son pays ses perspectives sont limitées, il assure que jamais il ne "retournera" là-bas.

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Commentaire
Un printemps saoudien ?

Quand Abdallah Awele a quitté l'Ethiopie pour l'Arabie Saoudite l'an dernier, il pensait trouver un bon travail et gagner assez d'argent pour subvenir aux besoins de sa famille restée au pays.
A la place, le jeune homme de 21 ans a été battu, volé et emprisonné pour séjour illégal en Arabie Saoudite.
 
"Je voulais un bon salaire et une bonne vie, c'est pour ça que j'ai passé la...

commentaires (3)

ce sont les mêmes qui a l'époque des erythréennes avaient trahi leur drapeau par solidarité islamique....on espère pour eux qu'ils ont bien compris la leçon!

GEDEON Christian

18 h 11, le 16 novembre 2013

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Commentaires (3)

  • ce sont les mêmes qui a l'époque des erythréennes avaient trahi leur drapeau par solidarité islamique....on espère pour eux qu'ils ont bien compris la leçon!

    GEDEON Christian

    18 h 11, le 16 novembre 2013

  • Comment osent ils parler du donneur de lecons democratiques du desert, ces ingrats ! allez 100 coups de fouets chacun ! domestiques indignes .

    Jaber Kamel

    14 h 06, le 16 novembre 2013

  • C'est déguelasse ...! en plus s'il avez immigré avec sa femme...elle n'aurait même pas eut le droit de le conduire chez la police religieuse....pour interrogatoire....!

    M.V.

    11 h 37, le 16 novembre 2013

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