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Nasrallah : En cas d’accord entre l’Iran et l’Occident, notre faction sera plus forte

À la veille de la commémoration de Achoura, aujourd’hui, Hassan Nasrallah a tenu à participer en personne à un rassemblement organisé dans la banlieue sud, son objectif étant manifestement de mobiliser et de rassurer ses partisans, dans un contexte marqué par les risques sécuritaires accrus et par les retombées d’un éventuel accord entre l’Iran et les puissances occidentales sur le dossier nucléaire.

Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a pris soin d’être présent en personne à un rassemblement organisé hier soir dans la banlieue sud, à la veille de la commémoration de Achoura, aujourd’hui jeudi. Il a tenu en effet à haranguer ses partisans en s’adressant directement à eux et non pas, comme à l’accoutumée, par vidéoconférence.

 

À l’évidence, et comme il ressort de ses propos, l’objectif de cette démarche inaccoutumée était double : d’abord, inciter les chiites à participer en masse aujourd’hui aux rituels de Achoura, malgré tous les dangers et en dépit de tous les risques d’ordre sécuritaire qui pourraient survenir ; et, ensuite, rassurer les partisans du Hezbollah quant aux retombées d’un éventuel accord entre Téhéran et les puissances occidentales sur le dossier nucléaire iranien, en affirmant que si un tel accord se concrétise réellement, le camp du Hezbollah en sortira « plus fort et plus puissant ».

 

Pour rassurer davantage son public sur ce plan, sayyed Nasrallah a jugé bon de souligner sans ambages que les deux seuls alliés du Hezbollah, en l’occurrence l’Iran et la Syrie, ne l’ont jamais abandonné ou trahi par le passé, contrairement à l’autre camp « qui a été à plusieurs reprises abandonné par ses alliés ».

 

À n’en point douter, le meeting d’hier soir est intervenu dans un contexte particulièrement délicat et complexe pour l’Iran et le Hezbollah, à la lumière de l’accélération des négociations entre Téhéran et les puissances occidentales. Sayyed Nasrallah a effectué par voie de conséquence un survol rapide des développements en cours à l’échelle régionale, reprenant à cette occasion ses attaques virulentes contre l’Arabie saoudite et « certains pays arabes », les accusant d’être de collusion avec Israël pour tenter de torpiller une entente entre la République islamique et les puissances occidentales.

 

« Israël est satisfait de ce qui se passe dans le monde arabe car cela lui permet de consolider sa situation dans cette région du fait de son alliance avec certains pays arabes, a déclaré d’emblée le leader du Hezbollah. Mais dans le même temps, Israël est inquiet de l’avenir car nul ne peut présager l’avenir. Israël cherche à pousser la région vers la guerre et ne désire nullement aboutir à la paix. Au cours des derniers mois, Israël a mobilisé toute son influence pour pousser les États-Unis à lancer une agression contre la Syrie, mais il a échoué. Actuellement, à l’heure où des négociations ont lieu entre l’Iran et le groupe qu’on appelle 5+1, et à l’heure où un accord est discuté, Israël
manifeste sa colère car il désire la guerre. Or les États-Unis ne sont plus en mesure de mener une guerre pour des raisons politiques, économiques et sociales. Le projet d’Israël dans la région est la guerre, le démembrement et la partition de la région. »


(Pour mémoire : Nucléaire iranien : une France offensive, au risque de l'isolement ?)

« Certains pays arabes se tiennent aux côtés d’Israël dans ses projets de guerre, a affirmé sayyed Nasrallah. Ces pays s’opposent fermement à toute entente entre l’Iran et le monde. Or quel est le substitut à cette entente ? Je demande aux peuples saoudien, du Koweït, de Bahreïn, quel est le substitut à une entente entre l’Iran et le monde ? Le substitut est la guerre. Il est déplorable que Netanyahu soit devenu le porte-parole de certains pays arabes. Il est déplorable que certains ministres israéliens aient indiqué que des pays arabes ont transmis à Israël des messages, lui demandant de ne pas céder au sujet du dossier nucléaire iranien. Une démarche similaire avait été entreprise lors de la guerre de juillet 2006. Tous les peuples arabes doivent savoir qui cherche la guerre et la destruction dans la région, et qui cherche, au contraire, des solutions qui préservent les intérêts des peuples de la région. Ces peuples doivent savoir que ceux qui œuvrent en vue de la guerre aboutiront à un échec. »


Et de poursuivre : « Le Liban a toujours été menacé par Israël. Il y a d’abord la question de l’espionnage (à la frontière sud). D’aucuns ont souligné que cela n’est pas nouveau. C’est vrai, mais il y a eu de graves développements sur ce plan et le problème a pris une grande ampleur. Le Liban est confronté à des échéances, dont la sauvegarde de ses intérêts dans la zone d’exclusion économique et l’exploitation de ses richesses pétrolières et gazières. Faire face à ces échéances nécessite une solidarité nationale. Il faut trouver une formule qui nous permettrait de faire face à ces échéances. Il faut déterminer comment, même à l’ombre des divisions internes, il serait possible d’aboutir à une solidarité pour faire face à ces défis. L’État est concerné par une action pour faire face à l’espionnage israélien et sur ce plan, la résistance est disposée à apporter toute aide. Nous demandons à l’État de prendre en main ce dossier, et lorsque nous verrons que l’État n’est pas en mesure de faire face à ce problème, la résistance agira alors en conséquence. Nous ne voulons pas parler à ce propos du vaste réseau d’espionnage américain qui se trouve à Awkar. Quant à notre réseau de téléphone fixe, il est dirigé contre Israël et il n’est nullement dirigé vers l’intérieur pour nous aider à contrôler le pays. Qui a dit d’ailleurs que nous voulons contrôler le pays ? »

La déclaration de Kerry
Et sayyed Nasrallah d’ajouter : « En ce qui concerne la situation interne, je voudrais me baser sur la déclaration de John Kerry qu’il a faite en Arabie saoudite. Il a dit que nous ne permettrons pas au Hezbollah de décider de l’avenir du Liban. Que John Kerry ou Obama disent cela, pour nous, cela n’a aucune importance car nous avons déjà entendu de tels propos. Évidemment, ils ne veulent pas parler du Hezbollah en tant que tel mais de ce qu’il représente. Pour eux, les États-Unis ont le droit de décider de l’avenir du Liban, mais ce que le Hezbollah représente n’a pas le droit de définir l’avenir du Liban. Ce qu’a dit Kerry n’est pas nouveau. Depuis de nombreuses années, les États-Unis veulent décider de l’avenir du Liban, mais les résistants, et le Hezbollah fait partie de cette résistance, ont mis en échec ces tentatives. En 2000, ils avaient certains desseins, mais Dieu et les partisans de Dieu en ont décidé autrement. Condoleezza Rice avait parlé d’un nouveau Moyen-Orient, mais les résistants en ont décidé autrement. La résistance a fait échec à la carte que les Américains ont voulu tracer pour le Liban et la région. »
« Nous ne voulons pas éliminer l’autre camp au Liban, a également déclaré le chef du Hezbollah. Des surenchères fusent ici et là, certes, mais nous ne voulons éliminer personne. Il existe au Liban deux camps, et il n’y a d’autre alternative que le dialogue pour définir l’avenir. La meilleure formule du gouvernement est celle basée sur l’équation 9-9-6. Pourquoi la formation du gouvernement est retardée ? Franchement, parce que l’Arabie saoudite a demandé au 14 Mars de ne pas s’engager sur la voie de la formation du gouvernement car la situation changera en Syrie. Nous avons souligné à ce propos que la situation en Syrie est très complexe et qu’il faut donc dissocier la situation du Liban de la crise en Syrie. Les développements sur le terrain montrent d’ailleurs que la situation évolue dans le sens contraire à ce qu’ils souhaitent. S’ils désirent attendre dans l’espoir d’enregistrer une victoire en Syrie, je leur dis alors qu’ils ne gagneront en aucune façon sur le terrain syrien. »

(Pour mémoire : Riyad et Washington minimisent leurs différends)

Les négociations sur le nucléaire
« Maintenant, et depuis quelques jours, ils disent que des négociations sont en cours sur le dossier nucléaire et ils soulignent que s’il y a accord, le problème du Hezbollah sera alors réglé, a ajouté sayyed Nasrallah. Ils s’imaginent que s’il y a accord, l’Iran demandera au Hezbollah de se départir de ses responsabilités nationales et de livrer le pays à l’autre camp. Celui qui connaît l’Iran devrait savoir qu’il s’agit là de balivernes. S’il n’y a pas d’accord, la région se dirigera vers la guerre et les autres devraient alors être plus inquiets que nous. S’il y a accord, notre faction sera dans ce cas plus forte et plus puissante. Nous avons confiance dans nos alliés. Nous avons deux alliés, l’Iran et la Syrie. Est-ce que nos alliés nous ont jamais trahis ou nous ont laissé tomber un jour ? Nous avons confiance dans cette alliance. Quant à vous, combien de fois vos alliés vous ont laissé tomber et vous ont déçus ? Ne perdez pas donc votre temps, et n’attendez ni l’évolution en Syrie ni le dossier nucléaire, car cela serait une perte de temps. Les Libanais devraient prendre la situation en main et ne pas miser sur des changements extérieurs. » En conclusion, sayyed Nasrallah a souligné que la commémoration de Achoura ne devrait être un défi à l’égard d’aucune faction. « Mais demain (aujourd’hui), la situation sera différente, a-t-il indiqué. Rien, ni les attentats, ni les voitures piégées, ni l’effusion de sang n’empêcheront la commémoration. Les années précédentes, que ce soit en Irak, en Afghanistan ou au Bahreïn, le danger n’a pas empêché la commémoration ».

 


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Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a pris soin d’être présent en personne à un rassemblement organisé hier soir dans la banlieue sud, à la veille de la commémoration de Achoura, aujourd’hui jeudi. Il a tenu en effet à haranguer ses partisans en s’adressant directement à eux et non pas, comme à l’accoutumée, par vidéoconférence.
 
À l’évidence,...

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