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À La Une - Liban

Maha Rifaï, journaliste, insultée et humiliée à un barrage du Hezb

Après Hussein Chamas, qui a été arrêté à la fin de la semaine dernière pendant plus de deux heures par des miliciens du Hezbollah à un barrage dans la banlieue sud, c’était au tour de Maha Rifaï, journaliste, d’être victime le week-end dernier des débordements des éléments armés du parti chiite pro-iranien.


Samedi, la journaliste a été arrêtée à un barrage dressé par le Hezbollah à Chiyah. « Les miliciens préposés au check-point se sont mis à fouiller la voiture puis ont pris mes papiers, raconte-t-elle à la chaîne du Futur. Dix minutes plus tard, ne m’ayant toujours pas rendu les papiers, je leur ai demandé les raisons pour lesquelles ils les gardaient et j’ai demandé que des agents des forces de sécurité du gouvernement soient dépêchés sur les lieux. Un des miliciens a alors répondu : “Nous sommes l’État, monte dans la voiture, espèce d’animale”, et il s’est mis à m’insulter. »
Mais Maha Rifaï n’a pas cédé, réitérant sa demande. Le milicien en question a alors levé un bâton émettant des charges électriques, mais la journaliste l’a poussé. « Puis est arrivé un agent des services de renseignements (SR) de l’armée, poursuit-elle. Il a dit qu’il n’était pas la personne concernée et a demandé qu’un autre membre des SR soit dépêché sur les lieux. Lorsque ce dernier est arrivé, un milicien du Hezbollah a dit : “Cesse d’être excitée et monte dans la voiture. Ne dites-vous pas que nous sommes des voyous ? Fiche-nous la paix et monte dans la voiture.” Les hommes du Hezbollah se sont alors mis à jeter sur la voiture les barreaux de fer du barrage de sécurité tout en déversant un flot d’insultes. »


Lorsque Maha Rifaï a menacé de raconter aux médias ce qui s’est passé, l’un des membres des SR lui a rendu ses papiers. Un milicien hezbollahi est alors intervenu et lui a dit : « Ne pense pas que cette voiture peut entrer dans la banlieue. »
« Lorsque j’ai demandé la présence d’un représentant de l’État, ils ont pensé qu’il s’agissait d’une provocation parce qu’il y a la République de la banlieue, déclare Maha Rifaï. J’ai essayé de déposer une plainte, mais je ne peux le faire que dans le poste de gendarmerie de Haret Hreik. On m’a toutefois menacée au cas où je m’y rendrais. »
Et la journaliste d’affirmer : « Je suis déterminée à dénoncer les actes qui portent atteinte aux droits du citoyen de la part d’un civil qui se permet de le faire parce qu’il a des armes et une couverture politique. »

 


Journalistes contre la violence
L’ONG Journalistes contre la violence a dénoncé l’arrestation de journalistes par des miliciens du Hezbollah, estimant que le parti de Dieu « a dépassé toutes les lignes rouges ». Dans un communiqué, Journalistes contre la violence a constaté que le Hezbollah ne tient pas compte du prestige de l’État ni de l’immunité des journalistes, comme s’il s’était « spécialisé dans l’art de limiter les libertés des journalistes dans un pays qui aspire à la liberté ».
Journalistes contre la violence a en outre noté qu’en agissant de la sorte, « le Hezbollah passe de la logique du mini-État du fait accompli à celle de l’État de fait dans toute sa splendeur, en humiliant le peuple libanais à ses barrages sous le prétexte de protéger ses régions ». « Tout le Liban est victime des attentats, mais aucune région n’a eu recours aux mesures arbitraires prises par le Hezb dans la banlieue et les alentours », ajoute l’ONG.
Et Journalistes contre la violence d’appeler les médias à « rejeter la logique du Hezbollah qui vise à opprimer les libertés » et l’État à « assumer ses responsabilités en préservant les libertés et en garantissant le travail et les déplacements des journalistes et des Libanais sur l’ensemble du territoire libanais ».

 

 

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