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À La Une - Portrait

Carlos Slim, le magnat libano-mexicain qui n’a jamais peur d’investir

À 73 ans, Carlos Slim n’a qu’un seul mot d’ordre : investir. En atteste sa dernière OPA hostile pour prendre le contrôle du groupe néerlandais de télécoms KPN.

Carlos Slim avait été élu l’homme le plus riche du monde par le magazine « Forbes », avec une fortune estimée à 73 milliards de dollars.

Le magnat mexicain d’origine libanaise Carlos Slim, l’homme le plus riche du monde, affirme « n’avoir jamais peur d’investir » et le confirme encore en se lançant à l’assaut d’un grand nom du téléphone européen, après avoir bâti un empire en Amérique latine.


Son groupe de télécommunications America Movil, qui domine le marché latino-américain des télécommunications, a lancé vendredi une OPA hostile pour prendre le contrôle du néerlandais KPN, après s’être offert 25 % de Telekom Austria. Dans les détails, Le groupe mexicain de télécommunications America Movil a entrepris de prendre le contrôle de KPN via une offre publique d’achat qui valorise le néerlandais 10,2 milliards d’euros, mais ne dispose pas pour l’heure du soutien de sa direction.


Contrôlé par le milliardaire mexicain Carlos Slim et actionnaire principal de KPN depuis une OPA hostile partielle réussie à l’été 2012, America Movil a par ailleurs assuré ne pas encore avoir arrêté sa décision sur la vente prévue de la filiale allemande de KPN, E-Plus, décidée par le groupe néerlandais.
America Movil, qui détient déjà 29,77 % des actions de l’opérateur historique des télécoms néerlandaises, propose 2,4 euros par action. KPN est ainsi valorisé 10,2 milliards d’euros pour la totalité du capital, a indiqué America Movil dans un communiqué.


Le prix offert par action est supérieur de 35,4 % au cours moyen de l’action KPN ces 30 derniers jours, selon America Movil. Le titre KPN avait clôturé à 2 euros jeudi soir à la Bourse d’Amsterdam et s’envolait vendredi de 16,50 % à 2,33 euros vers 11h00 (09h00 GMT).
Le conseil de direction de KPN a immédiatement réagi, assurant avoir « pris note » de l’annonce du groupe mexicain et indiquant qu’il allait « réfléchir soigneusement » à l’offre, tout en « explorant toutes les options stratégiques ouvertes à KPN ».
« Plus d’un an après son investissement initial dans KPN, l’objectif d’America Movil est d’acquérir une part majoritaire dans KPN afin de faciliter une plus grande coopération opérationnelle et la coordination entre les deux sociétés », a indiqué America Movil dans son communiqué.
Le groupe a précisé vouloir « exploiter tous les secteurs en vue de partenariats potentiels » et accroître les « synergies pour les deux sociétés ».
America Movil a indiqué s’attendre à ce que l’offre publique d’achat se concrétise en septembre, une fois approuvée par l’Autorité néerlandaise des marchés financiers.
Le groupe mexicain a précisé que l’offre ne sera définitive que si un nombre de titres lui garantissant l’exercice de plus de 50 % des droits de vote en assemblée générale est apporté à l’OPA.


America Movil n’en est pas à ses premières escarmouches avec le groupe néerlandais : il avait porté sa participation dans KPN à près de 30 % à l’été 2012 à la suite d’une OPA hostile.
Le groupe mexicain avait par la suite, en février 2013, signé un accord selon lequel il s’engageait notamment à ne pas augmenter sa participation et à soutenir une émission d’actions préférentielles de 4 milliards d’euros, destinées à alléger la dette de KPN. En échange de cet engagement, il avait reçu deux sièges dans le conseil d’administration du groupe.
Mais America Movil a mis fin à cet accord quelques jours à peine après l’annonce, le 23 juillet, de la vente par KPN de sa filiale allemande de téléphonie mobile E-Plus à l’espagnol Telefonica pour 5 milliards d’euros en numéraire ainsi qu’une participation de 17,6 % dans Telefonica Deutschland.


Principal actionnaire de KPN, America Movil a dit ne pas encore avoir arrêté sa position sur la vente prévue d’E-Plus, déjà décidée par KPN mais qui doit recevoir l’aval des actionnaires lors d’une assemblée générale extraordinaire prévue, selon KPN, dans « les prochaines semaines ».
Telefonica a pour sa part indiqué vendredi maintenir son offre sur E-Plus et considérer cette dernière « comme définitive ». « L’annonce (de l’OPA, NDLR) rend une situation chaotique encore plus chaotique », a soutenu la banque Jefferies dans une note publiée dans la matinée, se référant au futur d’E-Plus.
Selon Jefferies, de nombreuses incertitudes planent, dont les vues des autorités régulatrices sur la transaction impliquant E-Plus et, surtout, les intentions d’America Movil quant à E-Plus.
L’analyste de la banque ABN Amro Marc Hesselink, cité par l’agence Dow Jones Newswires, estime de son côté que l’OPA est une des seules options qui s’offre à America Movil suite à l’annonce de la vente d’E-Plus. Selon lui, la valeur stratégique de KPN disparaîtrait si E-Plus devait être vendue.
Or, selon Jefferies, KPN va essayer de faire approuver la transaction par les actionnaires avant l’éventuelle prise de contrôle par America Movil. Une offre rivale pour reprendre KPN semble en outre « improbable » pour la plupart des analystes, qui ne l’excluent toutefois pas complètement.


Une OPA réussie renforcerait encore la position d’America Movil en Europe : le groupe mexicain, qui domine le marché latino-américain, possède également quelque 25 % des parts de Telekom Austria, dont l’actionnaire principal reste toutefois l’État autrichien (28 %).

 


Première fortune mondiale
À 73 ans, le corpulent milliardaire d’origine libanaise a été classé ces quatre dernières années première fortune mondiale par le magazine Forbes, avec 73 milliards de dollars, devant l’ex-patron de Microsoft Bill Gates. Il a toutefois vu sa fortune érodée en mai avec la chute de la capitalisation d’America Movil sous l’effet des réformes impulsées par le président mexicain Enrique Peña Nieto afin d’ouvrir davantage l’économie du pays, ce qui pourrait lui faire perdre sa couronne.


America Movil occupe en effet une position quasi monopolistique au Mexique alors que sa filiale de téléphonie fixe Telmex contrôle 80 % du marché et Telcel, près de 70 % de celui des communications mobiles.
L’empire du magnat à la réputation de bon père de famille austère s’étend cependant bien au-delà des télécoms. Il est également le propriétaire du conglomérat Carso qui inclut des centres commerciaux, des entreprises de construction, des mines, l’exploitation pétrolière, entre autres secteurs.
Il a expliqué que sa méthode était d’investir sans relâche, sans s’arrêter à la vague de violence liée aux narcotrafiquants qui secoue son pays, ou aux crises économiques. « Celui qui n’investit pas, pour des raisons diverses, par peur, par prudence ou pour tout autre motif, celui-là va reculer », disait-il en 2011 en présentant ses projets d’investissements.


Fils d’un immigrant libanais arrivé seul au Mexique au début du XXe siècle à l’âge de 14 ans, l’entrepreneur, si l’on en croit ses biographes, a commencé sa carrière en vendant des friandises et des boissons à l’âge de dix ans.
Après des études d’ingénieur, il se fait connaître en rachetant des compagnies en faillite alors que le Mexique connaît au début des années 1980 une grave crise économique, pour les relever.
Carlos Slim bâtira sa fortune dans les années 90, en gagnant l’appel d’offres de la privatisation de Telefonos de Mexico (Telmex), pratiquement en faillite, et en en faisant l’entreprise la plus importante et solide du pays.
Il acquit ensuite une position dominante dans la téléphonie mobile en créant Telcel.
En 1997, il subit une opération à cœur ouvert et abandonne la présidence exécutive de ses sociétés à ses fils et associés, mais affirme ne pas avoir l’intention de prendre sa retraite et multiplie les acquisitions, étendant son empire en Amérique latine et du Nord.


Carlos Slim a ouvert l’an dernier un nouveau front contre la position dominante des deux principales chaînes de télévision du Mexique, Televisa et TV Azteca, alors qu’il aimerait se lancer sur ce marché.
Dans le reste du continent, où America Movil a plus de 263 millions de clients mobile et quelque 30 millions de lignes fixes, il a obtenu l’autorisation de se lancer dans le « triple-play » qui combine les accès à la téléphonie, à Internet et à la télévision.


Le milliardaire discret, qui fuit les journalistes, a pris en 2008 une participation dans le New York Times et est devenu l’une des principales sources de financement du journal.
Cette année, il a également pris une participation dans Shazam, la start-up britannique qui fait un tabac auprès des jeunes, et vise l’acquisition de l’opérateur mobile américain Start Wireless.
Fanatique de base-ball, le magnat est affublé d’une réputation de pingrerie mais passe pour un homme simple qui aime rester en famille.


Il a eu six enfants de son épouse Soumaya Gemayel, nièce d’Amine Gemayel, ancien président du Liban.
Carlos Slim consacre une partie de son argent à l’art, et a inauguré en 2011, à Mexico, le musée Soumaya, du nom de son épouse décédée en 1999, qui comprend un fond de 60 000 œuvres, dont l’ensemble le plus important de sculptures d’Auguste Rodin hors de France.

 

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