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Une Europe branchée

La diplomatie, indique le dictionnaire, c’est aussi l’art d’user d’habileté et de tact dans les relations avec les tiers. À cette discipline, les ministres européens des AE se sont surpassés, lors de leur réunion lundi à Bruxelles. Et pour expliquer les tenants et aboutissants de la politique de l’UE, la chef de la Délégation européenne à Beyrouth, Angelina Eichhorst, s’est montrée parfaitement à la hauteur.

 

Alors, le Hezbollah figure-t-il vraiment désormais sur la liste européenne des organisations terroristes ? Oui et non, ce qui équivaut à un beau yaani (couci-couça) en notre parler libanais. Car seule se trouve incriminée la branche militaire d’un parti qui en réalité est bien davantage une milice qu’un parti, même si ses représentants siègent au Parlement comme au gouvernement. Et si on a bien compris Mme Eichhorst, cette mesure vise un appareil militaire bien précis, mais pas nécessairement (et certes pas explicitement, liste de noms à l’appui) les individus qui en font partie. En base de quoi, les pays de l’Union européenne maintiendront normalement le contact avec la branche politique d’un parti généreusement présumée innocente des méfaits commis par sa réplique militaire, tout comme ils continueront de soutenir l’État libanais.

 

Mais pourquoi tant de finasseries, d’ambiguïté, sinon d’hypocrisie ? Pourquoi se lancer dans une telle entreprise et, surtout, pourquoi faire les choses à moitié? Parce que d’un côté l’Europe se devait de réagir, en groupe, à des atteintes portées à la souveraineté de deux de ses États membres, la Bulgarie et l’île de Chypre, où un attentat anti-israélien à la bombe et un projet d’attentat portaient, d’irréfutable manière, l’empreinte du Hezbollah. L’implication du parti de Dieu dans les combats de Syrie n’a pu d’ailleurs que forcer la décision adoptée lundi. D’un autre côté cependant, le Vieux Continent répugne apparemment à une rupture totale qui risquerait de se traduire par de nouvelles équipées terroristes sur son aire géographique ou alors par des agressions contre les contingents européens de la Force intérimaire des Nations unies stationnée au Liban-Sud.


Car le terrorisme, ce n’est pas seulement l’emploi de la violence à des fins politiques. À elle seule, la menace de recourir à la terreur peut produire le résultat recherché, comme cela s’est vu et continue de se voir au Liban même, où l’intimidation armée suffit amplement pour faire et défaire les gouvernements, mettre en panne la démocratie et miner l’économie nationale.


Malgré le tragique de la situation, elles prêteraient plutôt à sourire, ces subtilités politico-botaniques à propos des branches politique et militaire d’une formation aussi sérieusement structurée et disciplinée que le Hezbollah. Toutes deux relèvent rigoureusement, indissociablement, de l’arbre le plus singulier de toute la flore locale, puisque ses racines remontent jusqu’en Iran.

 

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

La diplomatie, indique le dictionnaire, c’est aussi l’art d’user d’habileté et de tact dans les relations avec les tiers. À cette discipline, les ministres européens des AE se sont surpassés, lors de leur réunion lundi à Bruxelles. Et pour expliquer les tenants et aboutissants de la politique de l’UE, la chef de la Délégation européenne à Beyrouth, Angelina Eichhorst, s’est...