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Makhmalbaf en Israël : « Je vous aime, mais s’il vous plaît n’attaquez pas l’Iran »

Le cri du cœur du cinéaste iranien exilé...

Né à Téhéran il y a 56 ans, Mohsen Makhmalbaf a mené une vie digne d’un scénario. Stéphane de Sakutin/AFP

Le réalisateur iranien exilé Mohsen Makhmalbaf ose publiquement se rendre en Israël, non seulement pour y présenter un film tourné sur place, mais aussi pour presser les Israéliens de renoncer à l’idée d’attaquer l’Iran.
« Je vous aime, mais s’il vous plaît n’attaquez pas l’Iran, ce n’est pas la solution, cela ne ferait qu’aggraver la situation », a lancé le metteur en scène lors d’une conférence de presse pour la présentation de son dernier film The Gardener, au Festival annuel du film de Jérusalem. Contraint à l’exil et menacé de mort, Mohsen Makhmalbaf prône un dialogue « culturel » entre l’Iran et Israël, à couteaux tirés, qui interdisent à leurs ressortissants respectifs de se rendre dans l’autre pays. Selon lui, rien ne sert de lancer des menaces d’attaques contre les installations nucléaires iraniennes comme le font régulièrement les dirigeants israéliens. « Mieux vaut aider les forces démocratiques iraniennes », plaide-t-il en soulignant que la force ne règle rien. « Après plus de 60 ans, vous (Israéliens) n’avez toujours pas trouvé de solution avec les Palestiniens car les politiciens des deux côtés sont immatures, ils n’ont pas compris que la racine du conflit se trouvait dans la culture et la religion. »


Son film, tourné sous forme d’un docu-fiction à Haïfa dans les célèbres jardins du Centre mondial des bah’aï, une religion syncrétique fondée il y a 170 ans en Iran, où ses membres sont persécutés, illustre cette vision du monde. L’œuvre tourne autour d’un jardinier originaire de Papouasie, et d’autres membres de la communauté bah’aï, mais aussi d’un dialogue entre un père et son fils athée discutant de religion. « Je ne suis pas religieux, mais il est impossible de ne pas tenir compte du facteur religieux, de son énergie et de n’avoir qu’une vision purement laïque des problèmes », explique le réalisateur. « J’ai choisi les bah’aï car ils ont une approche tolérante et non violente qui pourrait servir d’exemple aux autres religions établies. »

... comme un agent du Mossad
Mohsen Makhmalbaf ressasse ce message dans toute sa filmographie qui s’entremêle à sa vie de militant des droits de l’homme, puis de dissident. Auteur d’une vingtaine de films « qui constituent autant de miroirs que je tends aux Iraniens », le metteur en scène a mené une vie digne d’un scénario. Né à Téhéran il y a 56 ans, il a participé activement aux manifestations contre le chah d’Iran, ce qui a lui valu d’être arrêté à 17 ans et de passer quatre ans et demi en prison. Après la révolution de 1979, il a pu se consacrer au cinéma. Mais son approche et ses multiples tentatives de déjouer la censure ont déplu aux autorités. Mohsen Makhmalbaf a dû s’exiler en Afghanistan, puis au Tadjikistan, où il a continué à tourner. Il s’est ensuite installé pendant quatre ans à Paris. « À plusieurs reprises les autorités iraniennes ont envoyé des tueurs à mes trousses. J’ai échappé de peu à un attentat à la grenade en Afghanistan. À Paris, je vivais 24 heures sur 24 avec des gardes du corps », raconte-t-il. « Tous mes films et mes 30 livres sont interdits en Iran. Lorsque mon nom figure sur le générique d’un film comme scénariste, la censure s’empresse de l’effacer », dit-il. Ses films sont malgré tout diffusés en Iran grâce au marché noir des DVD, aux chaînes de télévision satellitaires ou sur Youtube.


« Après ma visite en Israël, je vais sans doute avoir droit à une campagne me présentant comme un agent du Mossad ou de la CIA », services de renseignements israélien et américain, prévoit-il, un petit sourire aux lèvres. Il n’en reste pas moins serein et optimiste. À présent installé près de Londres, Mohsen Makhmalbaf mise sur la jeunesse iranienne. Pour le cinéaste, qui avait soutenu le réformateur Mir Hossein Moussavi, lors de la réélection contestée du président conservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, l’élection en juin de Hassan Rohani, le plus modéré des candidats autorisés à se présenter, constitue un « progrès, même limité ».

 

 

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