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À La Une - Éclairage

L’armée et la couverture internationale

L’explosion de Bir el-Abed a certes pris le pas hier sur toute autre actualité, mais la campagne du courant du Futur contre l’armée libanaise, qui a atteint son apogée au cours du week-end, reste un des principaux thèmes de débat politique. Des sources diplomatiques européennes s’étonnent de ce dénigrement systématique de l’armée qui reste, face à la paralysie des institutions publiques, la seule garante de l’unité et de la souveraineté libanaises. Ces sources rappellent que la communauté internationale a maintes fois exprimé son attachement à la stabilité du Liban, surtout dans une période aussi délicate et alors que le feu syrien menace les pays voisins.

 

Malgré cela, la classe politique se comporte comme si elle souhaitait une contagion syrienne, en utilisant un langage politique incitateur à la discorde, en paralysant les institutions, d’abord le gouvernement puis maintenant le Parlement et désormais en s’en prenant à l’armée. Pourtant, plus de onze diplomates occidentaux se sont rendus chez des responsables militaires après les incidents de Abra pour exprimer leur soutien à l’armée et leur attachement à la stabilité. En même temps, aussi bien le chef d’état-major de l’armée britannique qui se trouvait au Liban récemment, que le chef d’état-major interarmes américain, le général Dempsey, ont exprimé leur appui à l’armée et leur intention de lui augmenter leurs aides, dans un message clair aux différentes parties politiques locales. Les sources diplomatiques occidentales rappellent que pour la communauté internationale, il reste indispensable de préserver la stabilité au Liban pour ne pas créer un autre foyer de tension qui détournerait l’attention générale de la Syrie. Déjà, les événements en Égypte ont supplanté le dossier syrien et cette communauté n’a donc pas besoin d’un nouveau conflit brûlant à traiter. Mais les Libanais doivent aussi faire leur part du travail pour préserver cette stabilité. D’autant qu’aucun pays régional ou international n’a pour l’instant la possibilité de s’occuper du dossier libanais.


Les sources diplomatiques précitées s’étonnent des déclarations des responsables du courant du Futur contre l’armée, après l’opération contre le cheikh salafiste Ahmad el-Assir. Ceux-ci se comportent comme si l’armée n’avait pas été agressée et cherchent indirectement à transformer le dignitaire sunnite en victime, ainsi que l’ensemble de la ville de Saïda. Même si ce comportement est une manœuvre politique pour reprendre l’initiative et tenter de récupérer les partisans du cheikh el-Assir et de resserrer les rangs sunnites autour de l’idée d’un ciblage contre cette communauté, les sources diplomatiques estiment qu’il s’agit d’une tactique dangereuse et risquée dans une période aussi sensible et alors que le spectre de la discorde entre sunnites et chiites plane sur l’ensemble des pays de la région.


À cet égard, des sources sécuritaires révèlent que l’armée a ouvert une enquête au sujet des tirs contre la villa de Bahia Hariri à Majdelyoun et l’examen minutieux des lieux a montré qu’il y avait en fait les traces de deux balles sur un des murs extérieurs, qui ont pu être tirées par erreur dans le feu des combats. Rien en tout cas qui justifie le tollé provoqué autour de cet incident, ni les déclarations incendiaires qui ont comparé ces tirs à l’attentat contre Rafic Hariri le 14 février 2005. De même les allégations d’attaque et de pillage de Youssef Nakib, un proche de Mme Hariri et de Fouad Siniora, se sont avérées inexactes. Enfin, le fait de présenter la communauté sunnite du Liban comme étant une cible pour l’armée n’est pas convaincant non plus, estiment encore ces sources, d’autant que le détail des arrestations par l’armée dans les rangs des partisans d’Ahmad el-Assir montrent qu’il y a 43 Libanais, 58 Syriens, 13 Palestiniens, 2 Soudanais et 5 Bangladais.


La thèse du courant du Futur selon laquelle le « phénomène el-Assir » serait une réaction au comportement du Hezbollah, lequel d’ailleurs aurait entraîné le cheikh dans un piège, ne tient pas, estiment les sources sécuritaires, qui rappellent l’ambiguïté dans la position des ténors du courant du Futur à l’égard des groupes salafistes et intégristes depuis la bataille de Nahr el-Bared jusqu’à aujourd’hui, en relevant au passage la déclaration de Mme Hariri dans laquelle elle a affirmé : « Vous nous avez sortis du pouvoir (dans une allusion à la démission des ministres chiites du gouvernement de Saad Hariri) et voyez maintenant à qui vous avez affaire... »

 

À ce sujet, les mêmes sources précisent qu’il existe un dossier détaillé sur les liens entre les groupes intégristes et le courant du Futur et le double jeu de ce courant. Mais, pour l’instant, il n’est pas question de le dévoiler au grand public, pour ne pas ouvrir la voie à une nouvelle campagne de victimisation des sunnites. Mais cela ne signifie pas, affirment ces sources, que l’armée va céder aux provocations, ni s’incliner devant la campagne de dénigrement, ayant pour principal souci de préserver la stabilité du pays. Et, dans cette mission, elle dispose d’une couverture internationale.

 

 

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