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À La Une - Égypte

À Abou Moussallam, on est « fier » du lynchage de 4 chiites

Le Premier ministre Qandil a condamné un « crime haineux ».

Un des Égyptiens chiites qui a été mortellement attaqué a été traîné dans les rues du village d’Abou Moussallam...Photo AFP

Des habitants d’un village proche du Caire où quatre chiites ont été lynchés par une foule hostile affichaient hier leur « fierté » après cette attaque, la première de ce type alors qu’une rhétorique antichiite se généralise dans le pays.
Selon des témoins et des responsables de la sécurité, des centaines d’habitants d’Abou Moussallam, un village du gouvernorat de Guizeh au sud du Caire, ont cerné dimanche la maison d’un musulman chiite après avoir appris qu’un responsable religieux chiite, Hassan Shehata, s’y trouvait. La foule de plusieurs centaines de personnes a tenté d’incendier la maison située dans une ruelle en lançant des cocktails Molotov. Les gens scandaient « Allah Akbar » et « Les chiites sont des infidèles » puis sont entrés en force dans la maison pour en sortir les chiites et les frapper. Quatre personnes ont été tuées, dont Hassan Shehata et son frère, et plusieurs autres blessées.


Le Premier ministre égyptien Hicham Qandil a condamné un « crime haineux » qui est « incompatible avec les principes et les enseignements de notre religion tolérante ».


À Abou Moussallam, où les habitants qualifient les chiites d’« infidèles », la scène a été filmée avec des téléphones et les images ont circulé abondamment, des habitants expliquant aux journalistes combien ils étaient « fiers » de ce qui s’était passé. « Nous sommes contents de ce qui s’est passé. Ça aurait dû arriver depuis longtemps », a ainsi indiqué Mohammad Ismaïl, recueillant l’approbation autour de lui. Selon un habitant s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, les gens étaient « furieux contre Shehata car il a récemment convaincu plusieurs habitants de se convertir au chiisme ».


Environ une vingtaine de familles chiites vivent à Abou Moussallam. Les chiites représentent moins de 1 % de la population égyptienne, dans sa très grande majorité de confession sunnite. Les sunnites sont traditionnellement opposés aux chiites, selon lesquels de nombreux compagnons du prophète Mohammad vénérés par les sunnites étaient corrompus et ont usurpé le pouvoir au détriment du successeur légitime de Mohammad, son cousin Ali.
M. Shehata était une figure importante de la petite communauté chiite égyptienne. Il a été emprisonné à plusieurs reprises sous le régime de l’ex-président Hosni Moubarak pour insulte à la religion, selon des habitants. « Shehata assistait à une cérémonie religieuse dans la maison », a indiqué, en larmes, un habitant chiite Diaa Moharram. Selon Yasser Yehya, un charpentier, quand les gens ont découvert que Shehata s’y trouvait, ils ont demandé aux propriétaires de leur livrer le religieux mais ils ont refusé. « Ils ont traîné les chiites dehors l’un après l’autre et les ont frappés à mort », a-t-il dit.


Les chiites égyptiens sont régulièrement visés par des discours hostiles dans les médias et de la part de prédicateurs islamistes égyptiens, qui les accusent d’être sous l’influence de l’Iran, où le chiisme est majoritaire. Récemment lors d’une conférence en présence du président Mohammad Morsi, un responsable d’un mouvement salafiste a traité les chiites d’« immondices ».


Bahaa Anwar, un porte-parole de la communauté chiite en Égypte, a fait porter à M. Morsi la responsabilité de cette attaque. « Mohammad Morsi porte l’entière responsabilité de ce qui s’est passé car il y a eu constamment des incitations antichiites dans le village, et personne n’est intervenu malgré nos appels répétés aux autorités », a-t-il indiqué. Selon l’adjoint de la sécurité pour Guizeh, le général Abelazim Nasreddine, la police a tenté dimanche d’intervenir, « mais la foule était trop importante et les rues trop étroites, nous empêchant de la disperser ». Posté avec ses hommes en dehors du village, il a indiqué que la police avait été attaquée avec des bâtons et des couteaux par les habitants, « nous forçant à nous retirer ». Selon lui, la police à pu faire sortir 25 chiites de la maison pendant l’attaque, « ce qui a permis de réduire le nombre de victimes ».

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