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À La Une - Le point

L’autre mésentente cordiale

Comme si la crise économique ne suffisait pas et avec elle la croissance zéro, les scandales politiques qui ont accéléré la descente aux abysses de la popularité de François Hollande, la guérilla menée par des seconds couteaux de la majorité (on songe au trio Montebourg-Duflot-Hamon), le duel à fleurets à peine mouchetés Ayrault-Bartolone en prévision d’un hypothétique remplacement à la tête du gouvernement, le blues des adhérents du parti. Voilà maintenant que le clairon du Parti socialiste français sonne la charge. Au fait contre quoi ? Le chômage? La perte du triple AAA ? La crainte d’une catastrophe que d’aucuns donnent pour imminente ? Confrontée à tous ces maux, et à bien d’autres encore, la nouvelle majorité croit avoir découvert la parade : un dételage du tandem de tête qui mène l’Europe depuis la rencontre historique de Gaulle-Adenauer du 14 septembre 1958.


On n’en est pas encore aux noms d’oiseaux mais la charge n’en est pas moins d’une violence qui a laissé pantois plus d’un. Dans un texte de 21 pages appelé à être validé (après quelques retouches purement cosmétiques) aujourd’hui mardi par son bureau national avant la convention prévue le 16 juin, le PS s’en prend à « l’intransigeance égoïste » d’une Merkel ne songeant qu’« à la balance commerciale enregistrée par Berlin et à son avenir électoral », qualifiée de « chancelière de l’austérité » et d’incarnation de l’Europe de droite.


Ainsi il aura suffi d’à peine un mois pour que la « tension amicale » évoquée fin mars par le président français se transforme en « confrontation », ainsi que l’affirme Claude Bartolone. Et les multiples appels au calme d’un Fabius, d’un Moscovici pour ne citer que deux poids lourds du gouvernement, sans parler des deux tweets – l’un en français, l’autre en allemand – de Jean-Marc Ayrault, n’ont pas permis de faire baisser la tension tant est grande la méfiance qui prévaut désormais dans les rapports entre les deux pays.


Outre que les retombées du document de travail socialiste révèlent au grand jour les désarrois d’une formation dont on voit les membres s’égratigner allégrement sans avoir l’air d’y toucher, en attendant de s’étriper. Il est clair désormais que la gauche française peine à trouver et une parade aux problèmes qui se posent et le ton adéquat face à une Allemagne qui affiche une insolente santé et qui se paie le luxe – quand Harlem Désir, Jean-Christophe Cambadélis, Guillaume Bachelay et consorts n’en finissent pas d’exhaler leur rancœur – de refuser le duel tout en feignant de snober ceux qui la critiquent, rappelant que « ce qui compte pour nous, ce ne sont pas les partis mais la coopération directe avec le chef de l’État, le chef du gouvernement, les ministres ». Un député de la CDU préfère recourir à la litote lorsqu’il reconnaît que « les relations entre les dirigeants de nos deux pays mériteraient d’être bien meilleures ».


Pendant que la gauche de la gauche modérée, jugeant sans doute le moment propice, donne de la voix. Marie-Noëlle Lienemann, Jérôme Guedj et Emmanuel Maurel s’en prennent à « l’égoïsme dangereux » de la chancelière et réclament d’engager le fer avec les libéraux, les conservateurs et Mme Merkel, certains voient déjà poindre à l’horizon l’avènement d’une vague rose qui balaiera tout sur son passage. Mais n’est-ce pas aller un peu vite en besogne quand rien ne semble encore joué ? Que le courant passe mal au sein du couple malgré lui, on le constate ces jours-ci, et un peu plus que par le passé. Mais de là à parier, comme certains le font déjà à Paris, sur une défaite électorale de la nouvelle dame de fer...


Toute cette agitation, prétendent certains, cache des calculs purement partisans visant à maintenir, grâce à ce tir nourri contre la ligne défendue par Berlin, la cohésion d’un PS qui menace à tout instant de recommencer à s’entre-déchirer, comme en 2005, sur l’Europe. Il y a aussi, tout aussi grave, le fait que les socialistes français reconnaissent volontiers jouer la carte de leurs lointains cousins, en Allemagne ou ailleurs. Or toutes les enquêtes d’opinion donnent une avance, encore que réduite par rapport au scrutin passé, à la coalition des unions chrétiennes CDU-CSU lors des législatives de septembre prochain qui désigneront les 598 nouveaux membres de la Bundestag. En tout état de cause, dit-on, et quels que soient les résultats de la consultation, les changements qui interviendront dans la politique allemande seront minimes. « Nous ne paierons pas plus d’impôts pour rembourser les dettes de nos voisins », déclare, cinglant, un haut responsable allemand cité par Le Figaro.


Le mois dernier, cette véritable bible de la City qu’est le Financial Times jugeait que dans le renflouement de Chypre, la Finlande avait joué un plus grand rôle que la France. Méchanceté gratuite, tout le monde ou presque en convient.

 

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