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Liban - La situation

Hariri repart aujourd’hui à l’assaut pour réparer les dégâts de Joumblatt

Si le typhon Joumblatt est passé, l'heure est à l'évaluation des dégâts politiques. Et il y en a. Le chef du Parti socialiste progressiste a en effet fait vaciller l'ensemble d'un échafaudage politique resté quasiment intouché depuis quatre ans. Qui plus est, Walid Joumblatt l'a fait au moment où le Premier ministre désigné, Saad Hariri, pensait être enfin parvenu au bout de ses peines pour trouver une formule ministérielle plus ou moins satisfaisante pour l'ensemble des composantes politiques du pays.
Voici donc l'heure venue pour Saad Hariri, de retour aguerri de son séjour français, de reprendre ses contacts pour parer à tous les pièges qui lui sont tendus et mener à bien sa mission de formation du cabinet. C'est dans ce sens qu'il s'est entretenu hier par téléphone avec le président de la République, Michel Sleiman, et avec l'ancien président Amine Gemayel, et qu'il a reçu le Premier ministre sortant Fouad Siniora, le vice-président de la Chambre, Farid Makari, et le ministre sortant des Finances, Mohammad Chatah. M. Hariri a également reçu un appel téléphonique du président français, Nicolas Sarkozy, qui lui a de nouveau exprimé son « soutien plein et entier » pour ses efforts visant à former un cabinet, ainsi que « l'appui constant de la France en faveur de l'unité, de la souveraineté et de l'indépendance du Liban ».
Cependant, le Premier ministre désigné a fait deux gestes significatifs qu'il convient de remettre dans le contexte global des événements et des discours de ces derniers jours. Il a ainsi reçu le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, et l'ancien député Samir Frangié, dans ce qui est de toute évidence une volonté de manifester un soutien indéfectible à l'instance fédératrice que constitue le secrétariat général du 14 Mars. D'autant que la volonté syrienne de démanteler le 14 Mars et d'en isoler - par autant d'ouvertures et de « dialogues bilatéraux » - les pôles est désormais flagrante, ce qui explique les attaques répétées contre le secrétariat général, qui représente la plate-forme de rencontre entre les composantes du 14 Mars. Ce qui explique aussi l'attaque ciblée initiée dans la presse, depuis peu, contre Samir Geagea, littéralement diabolisé par Damas, parce qu'insusceptible de se laisser bercer (ou berner ?) par le chant des sirènes syrien. L'Ulysse de Meerab a mis depuis longtemps de la cire dans ses oreilles s'agissant des mélopées damascènes, et Wi'am Wahhab n'est définitivement rien d'une Pénélope, ni même d'une Circé ou de Calypso ...
Le deuxième geste important de Saad Hariri, hier, est d'avoir accordé audience au ministre sortant des Transports et des Travaux publics, Ghazi Aridi, en tant qu'émissaire de Walid Joumblatt. Un premier contact « consistant » entre MM. Hariri et Joumblatt depuis le tonitruant communiqué du Courant du futur en réponse aux déclarations du chef du PSP au Beau Rivage. Cette rencontre devrait considérablement hâter, selon des sources autorisées, une rencontre (aujourd'hui) entre les deux hommes, qui sera l'occasion de mettre les choses au clair.
Cependant, au-delà des formalités, le Premier ministre désigné doit désormais traiter avec une réalité : Walid Joumblatt ne fait plus partie du 14 Mars. Ce qui compromet en principe la formule des 15 +5 +10, transformée, dans la pratique, en 12 + 3 + 5 + 10, puisque les ministres joumblattistes ne sauraient être comptabilisés dans les rangs du 14 Mars. Cependant, Saad Hariri, au vu de l'insistance de toutes les parties - y compris de Damas et du Hezbollah, qui manifestent depuis peu leur volonté d'accélérer la formation du cabinet, en vertu de leurs propres intérêts stratégiques (des dangers qui pointent à l'horizon ?) - passerait outre cette complication. Il se dirigerait vers le maintien de cette formule, considérant que les représentants de Walid Joumblatt font partie de sa propre part au sein du cabinet, et non, stricto sensu, de celle du 14 Mars.
Une fois réglée la question du désordre créé par Walid Joumblatt - et après avoir résolu le problème de la composante druze du 8 Mars, le ministre sortant Talal Arslane, qui s'est rendu hier soir chez le chef du PSP à Clemenceau après avoir de nouveau tancé ses partenaires de l'opposition qui tentent de l'écarter de la formule ministérielle - il resterait un seul écheveau à dénouer pour Saad Hariri, selon des sources bien informées : le cas Aoun. Le chef du Courant patriotique libre continuerait, selon ses sources, de mettre des bâtons dans les roues du Premier ministre désigné dans le seul but de lui arracher le retour de son gendre, le ministre sortant Gebrane Bassil. Lequel estime avoir enregistré un bilan positif aux Télécoms et considère qu'il mérite amplement de rempiler. Or, selon des sources proches de la majorité, même le cas Bassil serait traité dans les prochaines heures pour faciliter la formation du cabinet, soit par la réintégration de ce dernier dans l'équipe gouvernementale, soit dans l'intégration, à sa place, de l'autre gendre du chef du CPL, Roy Hachem. L'affaire ne devrait plus constituer un obstacle à la formation du cabinet, d'autant que, encore une fois, Damas semble manifester tout récemment une volonté toute particulière de voir le processus de formation du cabinet s'accélérer. C'est peut-être même la teneur du message - en amont de la prochaine rencontre Aoun-Joumblatt toujours démentie par les milieux de Clemenceau - transmis hier par notre Hermès local aux ailerons syriens, Wi'am Wahhab, au locataire de Rabieh. 
Si le typhon Joumblatt est passé, l'heure est à l'évaluation des dégâts politiques. Et il y en a. Le chef du Parti socialiste progressiste a en effet fait vaciller l'ensemble d'un échafaudage politique resté quasiment intouché depuis quatre ans. Qui plus est, Walid Joumblatt l'a fait au moment où le Premier ministre...

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