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Liban - Entretien

« Que veut donc Nabih Berry ? » Yassine Jaber apporte des éléments de réponse

Le député, membre du bloc du Développement et de la Libération, explique à « L'OLJ » les raisons du dernier « coup de gueule » du chef du Parlement.

Yassine Jaber : Michel Aoun n’a pas usé de diplomatie.

On avait cru que les ponts allaient être définitivement coupés entre le candidat à la présidence Michel Aoun et le chef du Parlement Nabih Berry. On le savait déjà : les deux hommes sont, depuis un moment, à couteaux tirés, et la guerre verbale à laquelle ils se livrent se fait par procuration, via les médias, par le biais d'échanges qui sont loin d'être tendres.

Les propos filtrés à la presse mardi dernier par le locataire de Aïn el-Tiné – qui avait déclaré que c'est « l'ensemble des protagonistes qui ont sinon objecté, du moins exprimé des réserves » au sujet de l'élection du chef du bloc du Changement et de la Réforme – auraient pu être la goutte qui fait déborder le vase.
C'est, au contraire, sur un ton pesé et calme que le leader chrétien s'est adressé au public, le même soir, sur la chaîne du Courant patriotique libre (CPL), dans ce qui est apparu comme étant un discours « acceptable », du moins pour M. Berry.

C'est en tout cas ce qu'affirme Yassine Jaber, ancien ministre et député proche du président de la Chambre, qui se dit « satisfait », ainsi que les membres de son bloc, de la prestation de M. Aoun, et plus précisément de sa position concernant le respect des accords de Taëf et le principe d'un gouvernement d'union nationale.
Dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour, le député explique pourquoi les choses en sont arrivées à ce stade dans la relation entre les deux hommes.

Selon M. Jaber, « la phrase qui résume le mieux la position de M. Berry à l'égard de M. Aoun est la suivante : "Celui qui entrave le plus l'élection de Michel Aoun, c'est Michel Aoun lui-même." »

 

(Lire aussi : À Bkerké, le premier pas vers une légitimation dangereuse du package-deal ?)

 

Un dénigrement perpétuel de la Chambre
Que reproche exactement Nabih Berry au leader du CPL ?
« L'ensemble du bilan que l'on peut faire de son attitude et ses prises de position », rétorque le député. « M. Aoun, dit-il, ne cesse de remettre en cause la légitimité du Parlement. Récemment, il a été jusqu'à dénigrer l'Assemblée devant des personnalités politiques internationales et des diplomates », confie M. Jaber.
L'attitude de M. Aoun est devenue de la « provocation pure et simple, souvent couplée à des tentatives d'humiliation de l'autre », dit-il.

Évoquant le blocage à tous les plans, du fonctionnement du Parlement jusqu'au dialogue, en passant par le Conseil des ministres, blocage qu'il impute aux aounistes, M. Jaber se demande si Michel Aoun, candidat à la présidence, a fait preuve de « sagesse » en boycottant les séances du dialogue, pour finir par saboter tout le processus « en renversant la table, comme l'a fait Gebran Bassil lors de la dernière réunion ».
En tant que candidat qui brigue la première magistrature, il est plutôt censé s'atteler « à convaincre ses électeurs, au moins deux tiers des députés en tout cas, à tenter de gagner leur confiance et non à en faire ses ennemis », insiste le député.

En tant que chef de l'État en devenir, il devrait plutôt se positionner en arbitre. « Il est censé être au-dessus des parties en présence », dit-il.
Et de poursuivre : « Lorsque Michel Aoun ou les figures de proue de sa formation s'expriment seulement au nom d'une seule communauté en vue d'en défendre les intérêts, cela suscite nécessairement une gêne chez les autres », allusion notamment au boycott par les aounistes des réunions du Conseil des ministres sous le prétexte du non-respect du pacte national et des droits des chrétiens inhérents à ce pacte.
M. Jaber insiste sur le fait que le problème entre MM. Berry et Aoun n'est aucunement un problème personnel, mais porte plutôt sur une question de principe. Il estime à ce propos qu'en période de campagne, un candidat doit faire preuve d'ouverture et non de rigidité. « Pire encore, M. Aoun a cherché à humilier les autres », souligne-t-il.

 

(Lire aussi : L'optimisme présidentiel et ses bémols)

 

Retour à une « accalmie »
Mais tout n'est pas perdu, croit savoir M. Jaber, car depuis l'intervention télévisée sur un « ton modéré » du leader chrétien et la participation d'une partie de ses ministres à la réunion gouvernementale, les relations semblent être marquées par un retour à une « accalmie ».
Le communiqué publié par l'assemblée des évêques maronites, réunis à Bkerké, applaudi par la majorité des parties, dont M. Berry lui-même, est venu conforter ce début d'apaisement, « qui est appelé à se poursuivre », dit-il.

Certes, une visite chez le chef de l'Assemblée – mais pas seulement (puisque M. Aoun devrait en principe effectuer une ouverture envers l'ensemble des blocs) – serait considérée comme la bienvenue. « L'initiative lui revient », affirme M. Jaber.

Interrogé sur le célèbre package-deal revu et corrigé par M. Berry, qui avait placé pour condition préalable à l'élection présidentielle « une entente autour de la loi électorale et des portefeuilles ministériels », le député répond du tac au tac : « C'est à Saad Hariri et à Michel Aoun qu'il faut poser cette question, puisqu'ils se sont déjà entendus sur des préconditions à Paris il y a de cela plusieurs mois. »
Plus précisément, explique le député, c'est Nader Hariri, le conseiller de Saad Hariri, et le chef du CPL, Gebran Bassil, qui se sont entendus, dans la capitale française, sur la répartition des portefeuilles. « L'accord conclu il y a près de 3 mois porte non seulement sur la répartition des portefeuilles, mais également sur les hauts postes administratifs », affirme Yassine Jaber.
C'est ainsi, dit-il, que M. Berry se trouve accusé « à tort » de lorgner le ministère de l'Énergie qui, selon l'accord convenu à Paris, « devait en principe revenir à M. Bassil et non à un ministre proche du mouvement Amal, comme rapporté par certaines sources ».

 

(Lire aussi : Pour le Hezbollah, les dispositions de Taëf impliquent une gestion collective de la chose publique)

 

La clé est chez Hariri
Que devient donc l'échéance présidentielle dans cet imbroglio ?
« La clé est dans le camp de Saad Hariri qui a pris l'initiative d'envisager l'option Aoun. Il lui reste à annoncer publiquement son choix », dit-il, reconnaissant toutefois les multiples contestations au sein de son propre camp.

Pour les milieux de M. Berry, le principe est on ne peut plus clair : l'élection d'un chef de l'État devrait préluder à la régulation de l'ensemble des institutions, démarche devenue d'autant plus urgente que « l'État libanais est en décomposition ». Une situation des plus dangereuses, croit savoir M. Jaber, qui évoque une crise à visage multiple : la lutte contre le terrorisme, le poids des réfugiés et la crise économique et monétaire de plus en plus inquiétante.

 

Lire aussi 

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On avait cru que les ponts allaient être définitivement coupés entre le candidat à la présidence Michel Aoun et le chef du Parlement Nabih Berry. On le savait déjà : les deux hommes sont, depuis un moment, à couteaux tirés, et la guerre verbale à laquelle ils se livrent se fait par procuration, via les médias, par le biais d'échanges qui sont loin d'être tendres.
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commentaires (5)

« Que veut donc Nabih Berry ? » Yassine Jaber apporte des éléments de réponse LA REPONSE REESTE ELEMENTAIRE CHER YASSINE JABERT : NABIH BERRY VEUT LA PRESIDENCE DU CONSEIL A VIE ET DES TAS DE POSTES A TOUS SES HOMMES LIGES DANS LES MULTIPLES ADMINISTRATIONS ET CONSEILS D'ADMINISTRATION DE L'ETAT LE RESTE IL S'EN FOUT CARREMENT

Henrik Yowakim

14 h 58, le 08 octobre 2016

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Commentaires (5)

  • « Que veut donc Nabih Berry ? » Yassine Jaber apporte des éléments de réponse LA REPONSE REESTE ELEMENTAIRE CHER YASSINE JABERT : NABIH BERRY VEUT LA PRESIDENCE DU CONSEIL A VIE ET DES TAS DE POSTES A TOUS SES HOMMES LIGES DANS LES MULTIPLES ADMINISTRATIONS ET CONSEILS D'ADMINISTRATION DE L'ETAT LE RESTE IL S'EN FOUT CARREMENT

    Henrik Yowakim

    14 h 58, le 08 octobre 2016

  • Si tout ce tintamarre du souk des légumes qui dure depuis deux ans et demi, pour enfin installer à Baabda un vieillard de 83 ans, Pétain avait 84 ans en 1940, permettez-moi de vous dire "Oumou ta nhanni" (Levons-nous pour les félicitations). Il reste encore de l'argent dans les caisses de l'Etat.

    Un Libanais

    12 h 08, le 08 octobre 2016

  • « Que veut donc Nabih Berry ? » C'est simple : les Finances et l'Energie

    AR

    11 h 28, le 08 octobre 2016

  • Il est de nabatiyeh il s'appelle Jaber comme moi sans dire plus à son sujet, je reste convaincu que la raison est du côté du phare Aoun. Le marquis de saad a tort de faire de la dilettante et devrait déclarer haut et fort et à intelligible voix que ça ne pourra être que lui. Pour le bien du Liban et des libanais.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 01, le 08 octobre 2016

  • LORSQU,ON EST PARAVENT ON ESSUIE TOUS LES VENTS ET SURTOUT LES VENTS DE CEUX QU,ON ABRITE... ET SERT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 54, le 08 octobre 2016

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