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À La Une - Repère

Massacre de Cana, colonisation, accords d'Oslo... Shimon Peres en quelques points

L'ancien Premier ministre et président israélien décédé dans la nuit de mardi à mercredi, a été le fer de lance des négociations avec les Palestiniens qui ont valu, à cet ancien faucon, le Nobel de la paix.

Un extrait de la une de L'Orient-Le Jour au lendemain du massacre de Cana, le 18 avril 1996.

Shimon Peres, ancien Premier ministre et président israélien décédé dans la nuit de mardi à mercredi, a été le fer de lance des négociations avec les Palestiniens qui ont valu, à cet ancien faucon, le Nobel de la paix.

 

Peres et le massacre de Cana, au Liban-Sud


Shimon Peres était Premier ministre en 1996 quand fut commis le massacre de Cana, au Liban-Sud. Le 18 avril, à 13h55, dans le cadre de l'opération israélienne baptisée "Les Raisins de la colère" (du 11 au 27 avril 1996), une demi-douzaine d'obus tirés par l'artillerie israélienne s'écrasent, à Cana, contre un poste des Nations unies abritant des réfugiés. Plus de 100 civils, dont des femmes et des enfants, sont tués. Des dizaines d'autres sont horriblement mutilés. Israël tirera aussi sur une ambulance de la Défense civile en route pour Cana.

Timour Goksel, porte-parole de la Finul, racontera aux journaliste du Monde, après le massacre, que les combattants du Hezbollah, "postés à 300 mètres du QG fidjien", avaient "tiré deux salves de roquettes Katioucha sur le nord d'Israël, quelques instants avant le bombardement israélien de Cana". "Nous avons demandé à plusieurs reprises aux Israéliens de faire cesser ces tirs sur le QG fidjien en leur disant que nous avions des victimes civiles, mais en vain. Les Israéliens connaissent parfaitement l'emplacement du QG du contingent fidjien, vaste et visible, et savaient parfaitement qu'il abritait des civils", avait ajouté M. Goksel.

Réunis à Moscou dans le cadre d'un sommet du G7, les leaders des grandes puissances disent leur indignation après le carnage.

Une mission d'enquête onusienne, menée après le massacre, a conclu, dans un rapport publié en mai 1996, qu'il "était peu probable que le bombardement du poste onusien (à Cana) soit le résultat d'une erreur technique et/ou procédurale grossière". Le rapport avait été qualifié, par Israël d'"imprécis" et de "partial".

Dans un autre rapport, daté de septembre 1997, l'ONG Human RIghts Watch a indiqué, après avoir mené une enquête sur l'opération "Raisins de la colère", que "l'absence de prise de précautions avant l'attaque ainsi que les méthodes d'attaque choisies par l'armée israélienne font qu'Israël a violé la loi internationale sur l'humanitaire. Israël n'a pas rempli ses obligations qui consistent à ne pas mettre en danger des civils lors de la conduite d'opérations militaires". HRW rappelle que l'attaque s'est poursuivie alors même que la Finul avait alerté Israël que c'est un poste onusien qui était bombardé. "Enfin, les déclarations d'Israël selon lesquelles il n'avait pas connaissance de la présence de centaines de civils dans le poste onusien de Cana ne sont pas crédibles", précise HRW. "La décision, prise par ceux qui ont planifié l'attaque, d'opter pour un mélange d'obus d'artillerie hautement explosifs, dont des bombes anti-personnelles, destinés à faire un maximum de dommages, violent les principes clés du droit humanitaire international", note encore HRW.

HRW avait également accusé le Hezbollah d'avoir violé les règles de la guerre, en visant des concentrations de civils en Israël, et en tirant ses roquettes à partir de zones proches de foyers de civils au Liban-Sud.

 

Voir le reportage de France 2 sur le massacre

 

 

Lors de l'opération "Raisins de la colère", peut-on lire dans un rapport de l'ONG Human Rights Watch daté de septembre 1997, les pilotes israéliens ont mené 600 raids et les unités d'artillerie ont tiré quelque 2500 obus en territoire libanais. 154 civils ont été tués au Liban, et 351 blessés. Le Hezbollah, pour sa part, a tiré 639 roquette katiousha en territoire israélien. Trois Israéliennes ont été sérieusement blessés.

 

Remarque : Après son élection à la tête d'un gouvernement d'union nationale en 1984, Shimon Peres promouvait un retrait total des troupes israéliennes du Liban. Finalement, les soldats israéliens se retireront de Beyrouth, pour se replier au Liban-Sud. Les soldats israéliens ne quitteront cette zone qu'en mai 2000.

 

 

L'un des artisans des accords d'Oslo

Peres était l'un des grands artisans des accords historiques d'Oslo (1993 et 1995) entre Israël et l'Organisation de libération de la Palestine. Ces accords ont jeté les bases de l'autonomie palestinienne et étaient censés conduire à un traité de paix.
Ministre des Affaires étrangères de son grand rival travailliste Yitzhak Rabin, il était chargé des négociations. Les accords ont valu le Nobel de la paix à Peres, Rabin ainsi qu'au leader palestinien Yasser Arafat en 1994.
La solution à deux Etats, israélien et palestinien, coexistant en paix "est la seule voie possible pour mettre fin au terrorisme, à la violence et à la haine", disait-il en février malgré le dépérissement des accords.
M. Peres a aussi été impliqué dans l'effort de paix avec l'Egypte et la Jordanie, les deux seuls pays arabes avec lesquels Israël a signé un traité de paix.

 

Un faucon qui passe à la négociation

"Ce n'est pas moi qui ai changé. Je crois que la situation a changé. Tant que l'existence d'Israël était menacée, j'étais ce que vous appelleriez un faucon (...) Dès que j'ai senti que les Arabes étaient ouverts à la négociation, j'ai dit que c'était ce que nous préférions aussi", disait-il au magazine Time en février.

 

Une figure prééminente de la scène politique israélienne

En Israël, son aura de dernier survivant de la génération des pères fondateurs israéliens et son omniprésence pendant des décennies l'avaient imposé comme une figure prééminente.
Deux fois Premier ministre entre 1984 et 1986 puis en 1995-96, président de 2007 à 2014, ministre de la Défense, des Affaires étrangères, des Finances, etc. compagnon de route de David Ben Gourion, Rabin et Ariel Sharon, il s'était érigé en autorité respectée, même s'il avait souvent été contesté dans ses innombrables postes, au gouvernement ou dans l'opposition.
Dans les années 50, à la direction générale du ministère de la Défense, il avait participé à l'approvisionnement d'Israël en armes modernes, notamment par la France avec laquelle il jouait les intermédiaires privilégiés.
Il a pris part à la préparation de l'expédition de Suez lancée en 1956 par Israël, la France et le Royaume-Uni après la nationalisation du canal de Suez.

 

Peres et la colonisation


Alors ministre de la Défense, M. Peres avait cautionné dans les années 70 en Cisjordanie occupée les premières colonies, ces implantations considérées comme illégales par l'ONU qui ont proliféré depuis et sont largement considérées comme un obstacle à la paix. M. Peres avait ainsi déclaré que les colonies étaient "les racines et les yeux d'Israël".

Avec le temps, M. Peres avait eu des déclarations différentes sur la colonisation.

En 2012, le président Peres avait dénoncé les dangers d'une colonisation à tout-va sur l'avenir d'Israël. Le président, opposé à l'option d'un Etat binational, avait déclaré en juillet 2012, que les "implantations dans des zones à forte densité arabe pourraient provoquer un changement démographique dont nous ferions bien de tenir compte". "Sans une majorité juive, il est douteux qu'un État juif puisse rester juif", avait-il aussi averti à un moment où il craignait une accélération de la colonisation en Cisjordanie.

 

En mars 2013, lors d'une tournée européenne, M. Peres, alors toujours président, avait néanmoins rejeté les critiques de l'UE sur la colonisation israélienne. Alors que président du Conseil européen Herman Van Rompuy rappelait l'opposition de l'UE à l'expansion illégale de la colonisation, Shimon Peres avait répondu que ce n’était pas la colonisation israélienne mais le "terrorisme" qui entravait le chemin vers la paix.

 

 

Le père du programme nucléaire israélien

A la direction générale de la Défense, M. Peres a jeté les fondations du programme nucléaire israélien et oeuvré à la construction du réacteur de Dimona, avec la France comme fournisseur majeur.
Il se créditait d'avoir instauré à l'époque la politique, toujours en vigueur, d'ambiguïté de la part d'Israël sur le fait qu'il aurait ou non l'arme nucléaire.
Peres a justifié la construction de Dimona par la pénurie de ressources énergétiques en Israël, mais a aussi invoqué les vertus de dissuasion du réacteur.
"Je n'ai aucun doute sur le fait que Dimona a conféré à Israël une dimension de dissuasion. Pour moi, Dimona a constitué le premier pas vers Oslo", disait-il en 2014.

 

Le protégé de Ben Gourion

Né en 1923 au sein d'une famille aisée dans ce qui était alors la Pologne et aujourd'hui le Bélarus, M. Peres a émigré en 1934 vers la Palestine sous mandat britannique.
Très tôt engagé en politique au kibboutz, il avait rejoint en 1947 la Haganah, la devancière de l'armée israélienne et avait été pris sous son aile par David Ben Gourion, qui proclama l'Etat d'Israël.
Elu au Parlement en 1959, il y a servi quasiment sans discontinuer jusqu'à son accession à la présidence en 2007.

 

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ET LES PRIX NOBEL TCHARCHAHOU...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 04, le 28 septembre 2016

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Commentaires (3)

  • ET LES PRIX NOBEL TCHARCHAHOU...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 04, le 28 septembre 2016

  • Tout le monde sait que pour Israël, la maxime: "Œil pour œil, dent pour dent" est dépassée. Pour un œil, les deux et pour une dent, la mâchoire entière.Par conséquent, à Cana comme en 2006, le Hezbollah, en provoquant Israël, savait parfaitement ce que serait la riposte et est donc aussi coupable.

    Yves Prevost

    15 h 57, le 28 septembre 2016

  • GREAT !!!! SUPER ARTICLE , JE NE CROYAIS PAS L'OLJ CAPABLE DE PUBLIER CE REMINDER . MERCI ...

    FRIK-A-FRAK

    14 h 31, le 28 septembre 2016

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