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Économie - Liban - Finance

Les banques adaptent leur offre de crédits aux besoins des PME

Alors que les petites entreprises peinent de plus en plus à faire tourner leur boutique avec leur fonds propres, des banques diversifient leur gamme de prêts.

Les PME représentent plus de 90 % des entreprises au Liban et emploient plus d’un salarié sur 10. Mohammad Azakir/Reuters

Les PME libanaises – soit les entreprises employant moins de 100 personnes et au chiffre d'affaires inférieur à 25 milliards de livres (16,6 millions de dollars), selon le ministère de l'Économie et du Commerce – ont souvent préféré puiser dans leurs fonds propres pour se financer, notamment à cause des conditions strictes d'accès au crédit imposées par le secteur bancaire. Mais ce mode de financement devient plus compliqué en période de crise.

Souvent présentées comme un moteur de l'économie libanaise, les PME représentent « 90 % des entreprises au Liban » et emploient « environ 82 % des employés du privé dans tous les secteurs d'activité », comme l'a rappelé hier le directeur général de Bank Audi au Liban, Marc Audi. Il s'exprimait dans le cadre d'une conférence de presse organisée au siège de la banque à Beyrouth pour annoncer le lancement d'une ligne de services bancaires spécialement dédiés aux PME et conçue en coopération avec la Société financière internationale (SFI, groupe Banque mondiale). « Cette collaboration nous a permis de mieux cerner les problématiques relatives au fonctionnement des PME », expose à L'Orient-Le Jour Hassan Sabbah, qui dirige le département chargé des PME à Bank Audi. Les nouveaux services instaurent notamment de nouveaux canaux de communication entre l'entrepreneur et la banque.

 

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Offre adaptée à la crise
S'il n'existe toujours pas de statistiques centralisées permettant d'isoler la part des crédits des PME sur le total de ceux accordés au secteur privé, l'évolution des prêts Kafalat – la société semi-publique qui soutient le crédit aux PME dans un nombre limité de secteurs –, permet de se faire une idée sur l'ampleur de la crise pour cette catégorie de sociétés. Entre 2010 et 2015, le nombre de ces prêts accordés a baissé de 52 % à 677, pour une valeur qui a chuté de 170,5 millions à 93,3 millions de dollars (-43 %).

Face à cette tendance, les banques cherchent à adapter leurs offres de services aux besoins des PME. Byblos Bank propose par exemple plusieurs crédits pour financer des opérations non couvertes par les prêts Kafalat, qui ne garantissent que certains prêts destinés à financer des activités dans un nombre limité de secteurs. De son côté, la BLF propose à ses clients propriétaires de PME un « kit financier » qui leur fournit un support pédagogique pour orienter le développement de leur entreprise et d'adapter leur financement en fonction de celui-ci.

« Les conditions d'accès au crédit pour les PME sont bien plus favorables qu'elles ne l'étaient il y a 5 ans, même s'il reste du chemin à faire », note l'économiste à la Banque mondiale Wissam Haraké. Bank Audi a de son côté choisi « de simplifier – dans la mesure du possible – l'accès aux prêts destinés à financer les investissements des PME ou encore leurs fonds de roulement », indique encore M. Sabbah. « Le RDCL avait justement demandé il y a quelques mois au gouverneur de la BDL, Riad Salamé, de subventionner ce type de prêt », se souvient pour sa part le président du Rassemblement des chefs d'entreprise libanais (RDCL), Fouad Zmokhol. « Cela est d'autant plus souhaitable que le ralentissement de la croissance depuis le début du conflit syrien en 2011 a poussé de nombreux propriétaires de PME à s'endetter au point d'avoir épuisé toutes leurs garanties pour honorer leurs créanciers ou financer leur développement », poursuit-il.

 

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Pas désespéré
Pour autant, les banques ne jugent pas la situation désespérée. « Malgré les difficultés, les PME continuent de résister et de s'adapter », estime Élie Abou Khalil, le directeur du département des produits de détail à Byblos Bank. Il met notamment en avant « la croissance libanaise, qui reste positive » – elle est prévue à 1,8 % pour 2016 par la Banque mondiale – et « des prêts Kafalat en hausse de 17,1 % à fin juillet en valeur (à 58,5 millions de dollars) par rapport à la même période un an plus tôt ».

Autre signe encourageant, selon lui, la croissance « de 10 % environ de la valeur des prêts aux PME hors Kafalat accordés par Byblos Bank », qui estime avoir environ 15 % des PME libanaises dans sa clientèle. « En tout et pour tout, les PME ont absorbé 11 % des 5,2 milliards de crédits octroyés par la banque en 2015 », constate encore M. Abou Khalil. Même enthousiasme du côté de la BLF, dont le directeur général adjoint en charge des PME et des professionnels, Élie Aoun, signale que les parts de son établissement « sur le marché du crédit aux PME ont augmenté d'environ 17 % depuis 2010 pour atteindre 6,55 % à fin juin ».

L'enthousiasme des banques est aussi appuyé par la Banque du Liban (BDL), dans sa stratégie de soutien au crédit dans le secteur privé. La BDL a ainsi mis 1 milliard de dollars à la disposition des banques en 2016, que ces dernières doivent réinvestir en octroyant des crédits à taux préférentiel, notamment pour les PME. Un engouement qui ne semble par ailleurs pas peser négativement sur le niveau des créances douteuses détenues par le secteur bancaire. « Seuls 2 % des prêts octroyés par les banques Alpha (les 14 banques du Liban dont les dépôts excèdent 2 milliards de dollars) ont débouché sur des défauts de paiement en 2015 », souligne M. Aoun.

Ces initiatives coïncident enfin avec le souhait de SFI, qui cherche à accélérer « le développement des PME au Liban ainsi que dans la zone Mena » afin de leur permettre de créer des emplois, comme l'a rappelé dans son discours Mouayed Makhlouf, le directeur régional de cette organisation.

 

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