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Liban - La situation

Dégradation sécuritaire sur fond d’immobilisme politique

Le président de la République, Michel Sleiman, et le Premier ministre désigné, Tammam Salam, ont convenu à Baabda hier de relancer après le Fitr le processus de formation du cabinet pour contrecarrer les risques sécuritaires et le vide généralisé... Photo Dalati et Nohra

On continue de le crier sur tous les toits : la dégradation de la situation sécuritaire et les échéances économiques et politiques, dont les élections présidentielles, ne permettent plus de tergiversation sur la formation du gouvernement.
Un constat bien réaliste qui fait certes l’unanimité parmi les protagonistes libanais mais qui ne les incite pas pour autant à passer outre leurs divisions, aussi profondes qu’au premier jour, notamment autour de la forme et des caractéristiques de ce gouvernement.


Pourtant, tous le reconnaissent d’une même voix : les menaces de plus en plus pesantes au plan de la sécurité n’épargneront plus personne. À en croire les menaces à peines voilées d’Ahmad el-Assir, qui a ressurgi hier pour la seconde fois via les médias, la haine et la rancune ne se déversent plus dans une seule direction : le chef du Hezbollah, celui du CPL et du courant du Futur ont eu droit, pêle-mêle, au même traitement de la part du cheikh islamiste.
Autre exemple en date, bien plus inquiétant cette fois-ci : la charge explosive qui se concoctait à Daraya et qui ne devait être qu’une illustration d’une série d’attentats planifiés ciblant très vraisemblablement des personnalités politiques et des emplacements stratégiques, si l’on en croit les premières révélations de l’enquête.


Ce qui se préparait à l’Iqlim el-Kharroub, dévoilé suite à un hasard malheureux pour les terroristes mais heureux pour les Libanais, ne serait que la tête d’un iceberg dont les manifestations sont d’autant plus à craindre que les rapports diplomatiques sécuritaires ne sont guère rassurants. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’inquiétude dont a fait part l’ambassadrice des États-Unis, notamment devant le chef de l’armée à qui elle faisait ses adieux. Elle fait écho à l’appréhension répercutée également dans les milieux européens où l’on répète à l’envi l’impératif de la distanciation de la crise syrienne à défaut de contagion grave.


Parallèlement, la série noire des rapts et contre-rapts, qu’elle soit motivée par des objectifs politiques, de vendetta personnelle, ou pécuniaires, ne semble pas près de s’arrêter, la pratique étant devenue une véritable pathologie qui se propage à l’ombre de la déliquescence ambiante.


On oublie dans ce cycle de folie meurtrière l’inlassable guerre de gangs à Tripoli qui se réveille de temps à autre, pour cracher son venin périodique. En soirée, le bilan était pour une fois timide : six personnes ont été blessées par les francs-tireurs. L’armée aurait été également prise pour cible en soirée par un groupuscule armé.


Bref, autant de raisons auxquelles il faut ajouter l’insolvabilité de l’État, acculé à se contorsionner pour payer ses fonctionnaires, se débattant face à une stagnation économique, une quasi-paralysie de ses institutions et le recul de plusieurs secteurs vitaux du pays. À quelques mois de là, c’est l’échéance présidentielle qui pointe à l’horizon et qui risque de placer la première magistrature, cette fois-ci, devant le danger du vide ultime.
Un bilan qui risque de devenir apocalyptique et que seule la formation imminente d’un gouvernement pourrait inverser, ou du moins atténuer, insistent les observateurs.


Or, les pronostics sur la naissance prochaine de ce dernier ne sont guère optimistes si l’on en croit les sources qui suivent de près ce dossier. De part et d’autre, les protagonistes campent sur leurs positions respectives : le Hezbollah insiste sur une représentation reflétant le « poids réel » des parties en présence, comprendre le poids de son camp politique plus précisément. S’abstenant de le déclarer ouvertement, il sous-entend la maîtrise du tiers de blocage. Le Premier ministre et le chef de l’État persistent et signent : la formule des trois « 8 », à condition qu’il n’y ait pas de personnalités provocatrices dans la formation.

 

(Pour mémoire : Deux mots d’ordre chez le Hezbollah : un gouvernement d’union nationale et la poursuite de la résistance)


Selon une source proche de Baabda, le chef de l’État est déterminé à laisser la porte grande ouverte devant le camp du 8 Mars, mais sur la base des critères convenus. Michel Sleiman espère que le parti chiite notamment l’entendra de cette oreille d’autant qu’il reste convaincu que sa présence dans le gouvernement est nécessaire. L’issue, précise la source, est que le Hezbollah et ses alliés « avancent d’un cran », en avalisant l’équation des trois 8 et en renonçant au droit de blocage.


Quant à la possibilité d’un gouvernement neutre, « ce serait la dernière carte à jouer », commente la source. Et pour cause : cette formule risque de buter au Parlement qui refuserait d’accorder sa confiance à un tel gouvernement. Ce dernier se transformerait alors,selon la source du palais, en un gouvernement démissionnaire chargé d’expédier les affaires courantes, mais pas pour très longtemps probablement, puisque les consultations parlementaires devraient démarrer sitôt après et pourraient rapidement déboucher sur un nouveau gouvernement en cas de majorité confortée. « On n’aura rien fait », constate la source.


Dans certains milieux, l’on continue de croire à l’imminence d’un gouvernement dont les contours pourraient se préciser après les fêtes, surtout que Tammam Salam s’était donné comme date butoir la fin du jeûne du ramadan pour former son gouvernement.
Walid Joumblatt, quant à lui, a clairement signifié hier que les tentatives de former un gouvernement d’unité nationale se sont révélées vaines, annonçant une nouvelle position que son bloc adopterait et qui hâterait la formation du gouvernement.
Il semblerait donc qu’on est toujours dans le flou total.

 

 

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"Les milieux européens répètent à l'envi l'impératif de la distanciation de la crise syrienne à défaut de contagion grave". Autrement dit, les milieux européens -ceux du ciel et de la terre sussi- conseillent avec insistance aux Libanais de ne pas s'impliquer dans la guerre syrienne, sinon cette guerre va se transporter chez eux, les exploser et les crever. Mais que peuvent faire les pauvres Libanais ? Il ne leur manque plus que d'aller tous les jours, en queues interminables, baiser les pieds du Guide suprême du Liban et le supplier de retirer de Syrie les combattants du Hezbollah qu'il envoie à la mort pour sauver le Dieu Bachar. Mais "la ilaha illa Bachar", comme disent ses chabbihas et égorgent ceux qui refusent de le dire. Allaho Akbar !

Halim Abou Chacra

09 h 51, le 06 août 2013

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Commentaires (1)

  • "Les milieux européens répètent à l'envi l'impératif de la distanciation de la crise syrienne à défaut de contagion grave". Autrement dit, les milieux européens -ceux du ciel et de la terre sussi- conseillent avec insistance aux Libanais de ne pas s'impliquer dans la guerre syrienne, sinon cette guerre va se transporter chez eux, les exploser et les crever. Mais que peuvent faire les pauvres Libanais ? Il ne leur manque plus que d'aller tous les jours, en queues interminables, baiser les pieds du Guide suprême du Liban et le supplier de retirer de Syrie les combattants du Hezbollah qu'il envoie à la mort pour sauver le Dieu Bachar. Mais "la ilaha illa Bachar", comme disent ses chabbihas et égorgent ceux qui refusent de le dire. Allaho Akbar !

    Halim Abou Chacra

    09 h 51, le 06 août 2013

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