Rechercher
Rechercher

Culture - Festival d’Avignon

La saga des frères Karamazov jusqu’au petit matin

Le jeune metteur en scène Jean Bellorini monte en 5h30 Karamazov d'après Dostoïevski, « à la fois enquête policière et méditation » sur le bien et le mal, dans la Carrière de Boulbon, lieu mythique des grandes sagas au festival d'Avignon.
Une vaste arène surplombée par une falaise de calcaire sous le ciel et les étoiles à 15 km d'Avignon : c'est dans cette ancienne carrière que Peter Brook avait monté son Mahâbhârata en neuf heures en 1985. Il faut une narration épique, grandiose pour ternir en haleine le public dans ce cadre écrasant. Lundi soir, Karamazov n'a pas complètement convaincu. L'enquête policière autour de la mort du père « nul, débauché et bon à rien » et des quatre frères, Dimitri le jouisseur, Ivan l'intellectuel, Alexeï le pur et le fils illégitime Smerdiakov est noyée dans la réflexion métaphysique.
Dostoïevski, dont la foi « faisait des montagnes russes », selon Bellorini, s'interroge à l'infini à travers ses personnages sur le bien et le mal, la nécessité et l'impossibilité de Dieu. « Le diable et le bon Dieu luttent ensemble avec pour champ de bataille le cœur des gens », dit-on dans la pièce.
Les longs monologues où les personnages débattent à l'infini du péché, de la rédemption, de la morale, de l'injustice et de l'ordre du monde ont aujourd'hui du mal à passer la rampe.
Dans Karamazov, « il n'y a ni justice morale, ni justice divine, ni justice citoyenne, c'est un grand chaos », dit Jean Bellorini. Le spectacle s'ouvre sur un magnifique chant russe en sourdine, qui introduit d'emblée une notion de sacré.

« Tempête sous un crâne»
Sur le plateau, une vaste datcha abrite les musiciens et le salon du père débauché. Mais l'essentiel de l'histoire se déroule devant la maison, dans de petites cages de verre et des minidécors (deux murs de papier peint, une chaise) qui glissent sur des rails.
Les personnages montent souvent sur le toit de la datcha et lancent leurs imprécations face aux étoiles. « On est face à la falaise et pour moi, les personnages se sentent écrasés et tout petits face au monde », explique encore le metteur en scène.
« On a travaillé dans des espaces tout petits, où les personnages se débattent. On sent que la nature est plus forte et qu'on ne peut rien contre les étoiles. Il y a cette dimension sacrée qui est extraordinaire dans la carrière. »
À 35 ans, le jeune directeur du Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis vient pour la première fois au festival d'Avignon. Amoureux de littérature, défenseur d'un théâtre artisanal et de troupe, dans la filiation d'Ariane Mnouchkine, Jean Bellorini aime raconter des histoires profondément humaines, comme Les Misérables d'Hugo, dont il avait fait le magnifique Tempête sous un crâne en 2010. Le titre pourrait parfaitement s'appliquer pour Karamazov, note-t-il.
« Je choisis toujours les textes parce qu'il y a des correspondances avec les acteurs de la troupe. C'est déterminant, c'est un travail extrêmement collectif, très musical, de l'artisanat avec une machinerie assez simple », décrit-il. Certains comédiens sont aussi des musiciens éprouvés comme François Deblock, qui assure à la fois le rôle majeur d'Alexeï et... la batterie.
« J'y crois beaucoup : le texte au centre et la troupe fédératrice, l'épopée. C'est pour ça que la longueur est belle, parce que c'est épique. »
(Source : AFP)

Le jeune metteur en scène Jean Bellorini monte en 5h30 Karamazov d'après Dostoïevski, « à la fois enquête policière et méditation » sur le bien et le mal, dans la Carrière de Boulbon, lieu mythique des grandes sagas au festival d'Avignon.Une vaste arène surplombée par une falaise de calcaire sous le ciel et les étoiles à 15 km d'Avignon : c'est dans cette ancienne carrière que...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut