Un appareil de mesure des émissions polluantes est utilisé pour tester une Volkswagen Golf diesel en Allemagne. Patrick Pleul/DPA/AFP
Une commission d'enquête parlementaire a entamé, jeudi dernier, ses travaux pour déterminer les responsabilités du gouvernement allemand dans le scandale des émissions polluantes, déclenché par la manipulation par Volkswagen de ses moteurs diesel. Créé à l'initiative de l'opposition (Verts et Linke), mais composé aussi de députés de la coalition au pouvoir entre conservateurs (CDU-CSU) et sociaux-démocrates (SPD), cet organe examinera les agissements – depuis 2007 – du gouvernement allemand face aux dépassements par les constructeurs automobiles du seuil autorisé d'émissions polluantes.
La commission d'enquête est composée de huit membres. Elle devra boucler son rapport avant les prochaines législatives en 2017. Les auditions de témoins et d'experts ne devraient commencer qu'à la rentrée parlementaire, en septembre. « Nous voulons savoir pourquoi le gouvernement a fermé les yeux aussi longtemps alors qu'il existait de nombreux indices que les voitures ne respectaient pas les seuils autorisés sur la route », a expliqué Herbert Behrens (Linke, extrême gauche), son président. « Ce sont des questions importantes qui concernent des millions de gens », a-t-il souligné. Le chef de file des Verts au Bundestag, Oliver Krischer, cité par l'agence allemande DPA, a dénoncé une « défaillance organisée de l'État, ayant rendu possibles la fraude et la tricherie d'un secteur entier ».
Le scandale a éclaté en septembre dernier, lorsque le géant européen de l'automobile Volkswagen a reconnu avoir manipulé un logiciel installé sur 11 millions de véhicules diesel pour pouvoir faire passer ces derniers, lors de contrôles, pour moins polluants qu'ils ne l'étaient en réalité. Depuis, le Dieselgate a fait tache d'huile dans l'industrie automobile mondiale et mis au jour une pratique répandue chez certains constructeurs, qui permet au système de filtration des émissions polluantes d'être systématiquement désactivé quand la température extérieure descend sous un certain seuil. Le ministère allemand des Transports a déjà mené une enquête sur les émissions des véhicules diesel, qui a mis au jour en avril des irrégularités concernant 16 marques automobiles, allemandes et étrangères.
Parallèlement, la justice espagnole a annoncé, vendredi dernier, la mise en examen à Madrid du constructeur automobile allemand Volkswagen, pour escroquerie et atteinte à l'environnement, dans le cadre du Dieselgate. Un juge de l'Audience nationale, spécialisée dans les grandes affaires économiques en Espagne, a signé l'ordonnance de mise en examen le 30 juin, mais elle n'a été rendue publique que vendredi dernier. La justice espagnole a « adressé une commission rogatoire à l'Allemagne », en faisant valoir que « c'est à l'entreprise basée en Allemagne d'assumer la responsabilité pénale en tant que personnalité juridique », selon un communiqué de l'Audience nationale.
Le groupe allemand fait face à une cascade de poursuites et d'enquêtes judiciaires dans le monde pour ce scandale. Fin juin, Volkswagen a ainsi accepté de verser environ 15 milliards de dollars aux États-Unis, notamment pour indemniser les propriétaires de voitures truquées. Cet accord doit encore être soumis à l'approbation de la justice américaine fin juillet.
(Source : AFP)